[Critique] 13
Titre original : 13
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Gela Babluani
Distribution : Jason Statham, Sam Riley, Mickey Rourke, Curtis Jackson, Ray Winstone, Ben Gazzara, Michael Shannon, Alexander Skarsgard, Emmanuelle Chriqui, Chuck Zito…
Genre : Drame/Thriller/Remake
Date de sortie : 31 juillet 2013 (DTV)
Le Pitch :
En totale banqueroute, un jeune homme se retrouve malgré lui embarqué dans un jeu clandestin basé sur le principe de la roulette russe…
La Critique :
Il arrive parfois qu’un réalisateur dirige le remake de son propre film. Michael Haneke l’a fait avec Funny Games, tout comme Hitchcock avec L’Homme qui en savait trop. Pas vraiment étonnant alors que Gela Babluani ait décidé de céder aux sirènes hollywoodiennes en offrant un lifting à son puissant 13 Tzameti, sorti en 2005, et fortement remarqué dans tous les pays où il fut projeté. Et on peut comprendre la volonté de Babluani d’avoir désiré offrir à son film un autre emballage, plus consensuel mais pour le moins plus contemporain, histoire de tenter de toucher un public plus large.
Manœuvre qui se solda malheureusement par un cuisant échec, vu que 13 n’est quasiment sorti nulle part en salle et qu’il n’atterrit qu’aujourd’hui chez nous, après être resté à prendre la poussière pendant 3 ans dans les tiroirs de son distributeur.
Quoi qu’il en soit, l’histoire de ce remake est à peu près la même que celle de son modèle, à savoir celle d’un type sans le sou qui accepte un peu malgré lui de participer à un jeu dont les règles sont les suivantes : plusieurs types font une ronde en pointant un flingue contenant une balle (puis deux, trois, etc…) sur la nuque de celui qui les suit. À un signal donné, ils pressent la gâchette et ceux qui ont la chance de vivre continuent. On ne peut plus simple et redoutablement vicieux.
Si vous avez vu l’original, vous n’aurez pas la surprise de découvrir le parcours du jeune protagoniste principal, lancé dans cette machinerie implacable, encadrée par une sorte de mafia sans pitié et piloté par le fric. Restera néanmoins la distribution, assez grandiose, et ses acteurs badass tous plus ou moins impliqués. Mickey Rourke est touchant, Michael Shannon toujours bon, même si on a aussi le droit de penser qu’il en fait des caisses, Jason Statham assez discret (alors que la promo française se raccroche désespérément à sa présence) et Sam Riley a tout à fait à sa place dans les frusques d’un gars catapulté dans un endroit où il ne préférait pas être mais qui assume les conséquences de ses actes. Un acteur vraiment excellent quand il s’agit de mettre en exergue des émotions tragiques, en grande partie responsable de la bonne tenue du long-métrage dans son ensemble.
Dans la lignée de Hostel (des gus pleins aux as s’amusent aux dépends de pauvres misérables), 13 dépeint une société régit par l’argent et par la cupidité. Le propos est respectable, mais le traitement, puisqu’il s’agit d’un remake, ne fait pas mouche comme cela pouvait être le cas pour son prédécesseur. Il y a aussi cette patine plus conventionnelle, surtout, là encore, si on compare ce 13, avec le 13 Tzameti qui on le rappelle,était en noir et blanc.
Ressort alors la volonté d’avoir tenté d’élargir l’audience, par le biais d’une réalisation plus conventionnelle et la présence d’acteurs bien connus et appréciésdu grand public.
Au fond, on ne peut pas reprocher à Babluani d’avoir désiré toucher une plus large audience. Son postulat de départ est suffisamment puissant pour porter deux films, sachant que le premier n’a pas non plus bénéficié d’un succès public énorme. Après, il y a tout de même peu de chances que ce nouveau 13 atteignent les sommets, de sa place peu enviable d’inédit vidéo. Resté confidentiel à l’étranger, 13 risque de se retrouver rapidement aux rayons soldes dans les mois à venir. C’est dommage ar le film n’est pas mauvais. Ok, l’uppercut n’est pas là, mais on laisse happer par cette mésaventure et les acteurs font le job avec une motivation contagieuse. Surtout si on considère que malgré les quelques sacrifices liés à des aspect plus commerciaux, Babluani n’a pas lâché le principal. Le dénouement de son remake tient bon et souligne l’aspect social général. Pas consensuel dans le fond, 13 dépeint une société dominée par le dollar. Et là, il touche au vif.
@ Gilles Rolland