[Critique] À L’EST DE L’ENFER
L’Étrange Festival 2013
Rating:
Origine : France
Réalisateur : Matthieu Canaguier
Genre : Documentaire/Musique
Date de sortie : indéterminée
Le Pitch :
Bassiste du groupe d’occult rock Aluk Todolo, Mathieu Canaguier signe avec À l’est de l’Enfer son premier documentaire. C’est dans la ville de Surabaya en Indonésie qu’il a été rencontrer plusieurs groupes de black metal locaux.
La Critique :
Présenté lors de la soirée Death Metal Angola, À l’est de l’enfer est un documentaire de 45 minutes sur une poignée de musiciens de black metal indonésiens. Assez peu connue du grand public, cette scène underground n’est pourtant pas née d’ hier, certains groupes présentés ici ayant plusieurs années d’expérience et d’enregistrements studios.
Les premières questions que l’on est en droit de se poser sont « Pourquoi le black metal, ce style de musique originaire de la Scandinavie se voit autant apprécié en Indonésie et particulièrement dans les zones très urbanisées comme Surabaya ? et Pourquoi le death, le thrash ou le grind n’ont pas tout à fait le même retentissement ? ». Même si j’ai quelques idées à ce sujet, je n’ai pas l’impression que le documentaire m’aie beaucoup aidé à y voir plus clair.
J’admets bien volontiers que 45 minutes c’est un peu court pour traiter efficacement d’un sujet et que les questions que je me posais n’étaient peut-être pas forcément celles auxquelles le réalisateur avait envie de répondre à la base.
Bien que la parole soit donnée à plusieurs artistes, ils expriment pour la plupart leurs idées dans un nuage de métaphores opaques laissant planer les interrogations même une fois les réponses apportées. Qu’en est-il de la relation de ces groupes avec le satanisme (un seul interlocuteur répond de manière évasive) ? Quel est ce fameux lien spirituel dont ils parlent souvent ? Pourquoi le black metal les touche plus que les autres style de musique ? Je n’ai pas l’impression d’avoir eu les réponses à ces questions. Ai-je mal compris et est-ce qu’à la limite, ces questions sont-elles si importantes que cela ?
Car À l’est de l’enfer est un documentaire très visuel et très artistique dans sa forme (il y a un gros travail sur les musiques, la façon de traiter les images et le montage). J’ai presque vécu ces 45 minutes comme un voyage sensoriel et en tout cas beaucoup plus que comme un documentaire didactique classique. En ce ce sens, la forme ne plaira pas à tout le monde, mais on peut saluer le travail qui a été entrepris.
On trouve dans À l’est de l’enfer des scènes particulièrement surréalistes où on voit un festival de musique perdu au beau milieu d’un rue cradingue, un groupe de musique complètement apathique en pleine phase de composition ou encore un atelier d’impression de t-shirt pour le moins artisanal.
Nébuleuse et moite, l’ambiance qui se dégage de ces quelques minutes finie par se perdre dans un halo de fumée opaque en lien complice avec les thématiques lugubres chères au black metal.
Malgré leur coté assez juvéniles, il se dégagent des musiciens de ce documentaire quelque chose de singulier. À certains moments, ils semblent comme écrasés et étouffés par l’environnement qui les entourent et à d’autres, ils semblent comme transportés spirituellement par la saturation qui émane des enceintes. Les norvégiens ont leurs froides forêts, les indonésiens leur jungles de béton suintant l’angoisse d’une proximité étouffante.
« Lorsque j’ai découvert Enslaved, j’ai lu leurs paroles et j’ai vu qu’ils parlaient de Vikings tout le temps. Je me suis promis que si un jour j’avais un groupe, j’y parlerais de ma culture et ce, dans ma propre langue. »
Ces mots sont ceux de l’un des musiciens interrogés dans le documentaire et je trouve qu’ils résument à merveille ce que ces musiciens essayent de dire dans leurs chansons.
@ Pamalach