[CRITIQUE] À L’OUEST, RIEN DE NOUVEAU

CRITIQUES | 8 novembre 2022 | Aucun commentaire
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Titre original : Im Westen nichts Neues

Rating: ★★★★½

Origines : Allemagne/États-Unis

Réalisateur : Edward Berger

Distribution : Felix Kammerer, Albrecht Schuch, Daniel Brühl, Moritz Klaus, Aaron Hilmer, Edin Hasanovic, Devid Striesow…

Genre : Drame/Guerre/Adaptation

Durée : 2h27

Date de sortie : 28 octobre 2022

Le Pitch :

En 1917, le jeune Paul Baümer décide de suivre ses amis et s’engage volontairement dans l’armée allemande. Rapidement, le groupe rejoint le front de l’Ouest, près de La Malmaison. Paul, alors plein d’enthousiasme à l’idée de participer au conflit pour défendre son pays, découvre l’horreur des tranchées. Si l’Allemagne se dirige progressivement vers la capitulation, pour Paul et ses amis, la guerre vient de commencer…

La Critique de À l’Ouest, rien de nouveau :

Adaptation du roman éponyme d’Erich Maria Remarque, une référence dans la catégorie récit de guerre, À l’Ouest, rien de nouveau est signé Edward Berger, un réalisateur allemand qui, ces dernières années, a effectué une percée aux États-Unis en réalisant des épisodes de séries comme The Terror et Your Honor. Un metteur en scène de retour au pays, aux commandes d’un film de guerre comme on en voit peu, déjà considéré (à juste titre) comme une référence du genre…

Dans les tranchées

Si la Seconde Guerre mondiale est devenue un sujet de film extrêmement populaire, avec des œuvres parfois radicalement différentes, tour à tour réalistes et éprouvantes comme Il faut sauver le soldat Ryan ou beaucoup plus légères et comiques comme Mais où est donc passée la Septième Compagnie ?, la Première Guerre mondiale a donné lieu à un nombre de longs métrages moins conséquent. Un conflit qui ces dernières années, revient néanmoins sur le devant de la scène comme avec le remarquable 1917 de Sam Mendes, Au revoir là-haut, d’Albert Dupontel ou encore The King’s Man : Première Mission, de Matthew Vaughn. La Première Guerre mondiale qu’À l’Ouest, rien de nouveau s’attache à raconter de l’intérieur, dans une tonalité forcément grave.

Bienvenue en enfer

Comme le livre, le film joue à fond la carte de l’immersion. Très rapidement, le spectateur est propulsé, après une courte introduction, dans l’enfer des tranchées. Alors que quelques minutes suffisent pour saisir l’enthousiasme et la motivation qui animent Paul, le personnage principal, campé par un Felix Kammerer étonnant de justesse, la transition se fait brutalement. Sans fioriture, le film confronte ces derniers à leurs attentes. La mort est partout alors qu’ils progressent sur le champs de bataille et que peu à peu, les sourires et le désir ardent de participer au conflit laisse place à la peur et au dégoût.

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Dénué des automatismes propres au cinéma américain, sans maniérisme aucun, aussi respectueux de ses personnages que de son sujet, À l’Ouest, rien de nouveau mise donc tout sur l’immersion mais aussi, et c’est important, sur le réalisme. Doté d’un budget que l’on imagine relativement confortable, Edward Berger profite de décors parfaits pour reconstituer les tranchées. Avec un soucis du détail discret mais bien là, le réalisateur remonte le temps et nous plonge sans complaisance au milieu de batailles où les soldats tombent comme des mouches et où la boue et le sang se mélangent dans les cris de souffrance. Très éprouvant, le film ne se limite pourtant pas à ces séquences, par ailleurs parfaitement mises en scène, avec quelques plans séquences saisissants, mais soigne aussi le fond et la forme quand il s’agit de véritablement se focaliser sur les personnages.

Une guerre sans fin

La scène dans laquelle Paul et ses nouveaux amis, déjà épuisés, affamés et tragiquement blasés par la violence, alors que la plupart n’ont même pas 20 ans, discutent autour d’un tas de pommes de terre à éplucher, est très révélatrice des intentions du film. Magnifiquement dirigés, les acteurs parviennent, grâce à leur charisme et à leur talent, à incarner les intentions du métrage, sans forcer le trait ou encore rameuter des lichés habituellement tenaces dans ce genre d’exercice. Peut-être est-ce parce que nous ne sommes pas face à un film de guerre qui entend célébrer l’héroïsme, mais force est de constater qu’À l’Ouest, rien de nouveau table en permanence sur une simplicité qui lui permet de se montrer plus qu’à son tour désarmant.

La mort pour quelques mètres

Évoquant la sauvagerie de films comme Il faut sauver le soldat Ryan, Cheval de guerre ou Tu ne tueras point et Lettres d’Iwo Jima, mais avec une sensibilité européenne qui contribue à lui conférer sa singularité, À l’Ouest, rien de nouveau parvient également à parfaitement exploiter sa durée pour illustrer, là encore sans en faire des tonnes, l’absurdité crasse de la guerre. La mort de l’innocence étant au centre de sa dynamique. L’innocence de ces enfants sacrifiés au nom d’une idéologie et d’hommes restés en retrait, pour la plupart obsédés par une victoire qu’ils promettent pour mieux fédérer autour de leur folie.

En Bref…

Véritable film coup de poing, pamphlet brutal et sans concession sur l’absurdité de la guerre, fresque tragique poignante et magnifiquement mise en scène, À l’Ouest, rien de nouveau est ni plus ni loin l’un des meilleurs films jamais réalisés sur la Première Guerre mondiale.

@ Gilles Rolland

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Crédits photos : Netflix
Par Gilles Rolland le 8 novembre 2022

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