[Critique] ABSOLUTELY ANYTHING
Titre original : Absolutely Anything
Rating:
Origine : Angleterre/États-Unis
Réalisateur : Terry Jones
Distribution : Simon Pegg, Kate Beckinsale, Rob Riggle, Sanjeev Bhaskar, Eddie Izzard, Robin Williams, Terry Jones, Terry Gilliam, Michael Palin, John Cleese, Eric Idle…
Genre : Comédie/Fantastique
Date de sortie : 12 août 2015
Le Pitch :
Des extraterrestres tout-puissants décident de mettre à l’épreuve l’espèce humaine en conférant les pleins pouvoirs à un homme pris au hasard. C’est ainsi que Neil, un enseignant désabusé, est choisi malgré lui. Doté de pouvoirs qui lui permettent de faire absolument n’importe quoi, il ne se doute cependant pas une seconde que de ses actes, dépendra le destin de toute l’humanité…
La Critique :
32 ans. C’est le temps qu’il fallut aux Monty Python pour se retrouver au complet dans un film. La dernière fois remontant à la sortie, en 1983, du Sens de la vie, leur ultime chef-d’œuvre. Depuis, il y eut l’anniversaire de leur Flying Circus en 1989, puis Graham Chapman a tiré sa révérence. Rien que parce qu’il s’impose comme les retrouvailles de la troupe, Absolutely Anything restera dans les annales. Cela dit, cette réunion a quelque chose de particulier. Ici, c’est certes un Monty Python qui réalise, mais concernant tous les autres, aucun n’apparaît à l’écran. Tous incarnent les membres d’un conseil d’extraterrestres bien décidés à détruire la Terre, si l’espèce humaine ne réussit pas un test bien précis. Terry Jones, Terry Gilliam, Michael Palin, John Cleese et Eric Idle doublent ainsi des personnages atypiques, en images de synthèse, à l’instar du regretté Robin Williams, qui prête quant à lui sa voix et son phrasé si particulier à Dennis, le chien du personnage incarné par Simon Pegg. Une ultime « apparition » à l’écran qui correspond finalement plutôt bien au caractère facétieux et original de l’artiste, qui n’aura décidément eu de cesse de nous surprendre, toujours dans la bonne humeur et une authentique tendresse.
Dans Absolutely Anything, on trouve donc un chien qui parle avec la voix de Robin Williams. Pourquoi parle-t-il ? Parce que son maître s’est vu conféré les pleins pouvoirs par des aliens. Comme ça, du jour au lendemain, Neil peut faire tout et n’importe quoi. Faire parler son chien, changer de corps, obtenir le calme dans la salle de classe dans laquelle il enseigne, ou encore devenir, l’espace d’un instant, le nouveau Président des États-Unis… Si le pitch du nouveau film de Terry Jones évoque irrémédiablement Bruce Tout-Puissant ou encore Click, avec Adam Sandler, il n’en perd pas pour autant son caractère excitant. Les perspectives étaient plutôt grandes. Surtout avec les Monty Python et Simon Pegg dans le rôle principal. À l’arrivée, et cela en décevra sûrement certains, Terry Jones a choisi d’en faire des caisses. De livrer une comédie fantastique hyper farfelue, destinée globalement à toute la famille.
Ce qui n’empêche pas le long-métrage de brocarder la bonne société britannique, en débordant régulièrement jusqu’à, notamment au fil de petits détails, verser dans la satire en montrant du doigt notre individualité et notre égoïsme galopant. Quand il pige qu’il peut tout faire, le héros pense tout d’abord à son propre bien et non à tout ce qu’il pourrait faire pour rendre le monde meilleur. Certes la satire n’est pas très fine, mais les intentions, aussi modestes et convenues soient-elles, sont bien là. Il ne serait d’ailleurs pas étonnant que beaucoup voient dans cette simplicité voulue (car destinée à tous les publics) un constat d’échec et concluent hâtivement que l’âge à rendu la verve des Monty Python beaucoup plus policée. Chacun son truc, mais il serait dommage de ne pas y voir une vraie honnêteté et surtout une appréciable absence de cynisme. Ce qui de nos jours, quand on cause divertissement grand public, est plutôt rare.
Peut-être est-ce donc pour cela qu’Absolutely Anything apparaît comme un peu hors du temps. Même les effets-spéciaux plutôt grossiers confèrent une patine rétro à cette comédie loufoque. Et que ce soit voulu ou non n’a au final que peu d’importance tant l’essentiel est bien là : on se marre comme des tordus. Absolutely Anything est drôle. Régulièrement. Simon Pegg profite de l’occasion pour faire le show, sans trop se prendre la tête et en exploitant à merveille chaque situation. De quasiment tous les plans, il est bien sûr formidable et totalement en osmose avec la dynamique de l’ensemble. On pourra toujours arguer que Kate Beckinsale est en pilotage automatique et que le personnage de Rob Riggle n’a pas vraiment d’importance, mais ce serait un peu comme enfoncer des portes ouvertes. Absolutely Anything n’a pas vocation à révolutionner le genre auquel il s’attaque. Ni à atteindre la perfection. Si il peut faire réfléchir, tant mieux, mais l’essentiel est dans la comédie. Dans cette succession de micro-sketchs en forme d’illustrations d’un humour anglais tout à fait exquis et surtout ô combien efficace. Étant très court (1h25), le métrage va directement à l’essentiel, ne ralentit jamais et n’a surtout pas peur de franchir la ligne jaune, quitte à faire un four à l’occasion d’une vanne un peu moins bonne, ou encore sauter à pieds joints dans le mauvais goût. Et puis, cerise sur le gâteau, une certaine tendresse émerge de temps à autre, comme pour souligner l’espèce de candeur du film.
Alors pour résumer, si l’idée de voir des crottes de chien se rendre toutes seules dans les toilettes vous fait marrer ; si vous voulez voir des gens avec de grandes oreilles et des pattes de canard se balader dans la rue l’air de rien ; si vous aimez les chiens qui parlent ; si vous adorez Simon Pegg et que vous avez toujours rêvé de voir les Monty Python siéger à un conseil extraterrestre intergalactique, foncez tête baissée, Absolutely Anything a été fait pour vous !
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Océan Films