[Critique] ABUELA
Titre original : La Abuela
Rating:
Origine : Espagne/France
Réalisateur : Paco Plaza
Distribution : Almudena Amor, Vera Valdez, Karina Kolokolchykova, Marina Gutiérrez…
Genre : Épouvante/Horreur
Durée : 1h40
Date de sortie : 6 avril 2022
Le Pitch :
Susana, un mannequin espagnol, vit à Paris. Un jour, elle est appelée au chevet de sa grand-mère, à Madrid. Terrassée par une attaque, cette dernière est désormais très dépendante. Décidée à prendre soin de son aïeule, Susana ne tarde néanmoins pas à s’inquiéter devant son comportement pour le moins étrange…
La Critique d’Abuela :
Co-réalisateur de [Rec], Paco Plaza est l’un des fers de lance du cinéma d’horreur espagnol. Un artiste entier qui n’a jamais eu peur d’expérimenter, loin des clichés américains du genre, au fil de longs-métrages souvent intéressants et audacieux. Des films comme Abuela, qui, s’il n’est pas dénué de défauts, tente beaucoup de choses et s’avère quoi qu’il en soit plus complexe qu’on ne pourrait le penser.
Horreur gériatrique
Les meilleurs films d’horreur sont ceux qui ne cantonnent pas à l’horreur. Ceux qui restent en tout cas. On pense notamment à La Nuit des Morts-vivants, à Zombie ou encore à Massacre à la tronçonneuse soit des longs-métrages portés par un discours profond qui sous couvert de massacres parfois gores dissertaient aussi sur des sujets plutôt inattendus comme le racisme ou la guerre du Vietnam. Bien sûr, Abuela n’égale pas pour autant ces références mais une chose est sûre, Paco Plaza n’a pas seulement souhaité parler d’une grand-mère un peu zinzin. Non car Abuela aborde la question du devenir et de la place des personnes âgées dans notre société et celle de la vieillesse, sans complaisance mais sans détourner le regard pour autant.
Ainsi, le film n’hésite jamais à regarder la détresse de cette femme de 85 ans en face, imposant aux spectateurs des moments de pur malaise afin de véritablement nous faire ressentir les sentiments qui animent le personnage de Susana, par ailleurs remarquablement campé par Almudena Amor.
The Visit 2
Évoquant parfois The Visit, le found footage gériatrique de M. Night Shyamalan, Abuela organise une montée en puissance au sein d’un appartement transformé en prison. Que ce soit pour Pilar, la grand-mère ou pour sa petite-fille Susana qui, de jour en jour, ressent le poids de cette responsabilité énorme qui vient de lui tomber sur le coin de la tronche. Un cadre limité dans lequel Paco Plaza fait naître une horreur sourde, à l’aide d’une mise en scène qui exploite très bien la géographie des lieux, sans sombrer dans l’excès. Et au fond, c’est un peu le problème tant Abuela traîne parfois en longueur, distillant son propos au fil de scènes qui parfois, peinent à faire progresser le récit.
Prison urbaine
Néanmoins, Abuela parvient à se détacher du lot en dévoilant ses cartes dès le début, via une séquence d’introduction qui ne laisse pas planer le doute quant à la vraie nature de la menace. Une stratégie gagnante tant ici, la question n’est pas de savoir si la grand-mère est malfaisante ou non mais vraiment comment cette dernière va mettre ses plans à l’exécution. De cette manière, tout ce qui suit s’avère d’autant plus traumatisant. Une preuve particulièrement probante du caractère audacieux de ce film plus ambitieux que prévu.
En Bref…
Parfois un peu trop lent dans son déroulé, Abuela parvient néanmoins à instaurer un malaise durable, jusqu’à sa conclusion volontairement prévisible. Une bonne surprise qui confirme le talent de Paco Plaza et la bonne forme du cinéma d’horreur ibérique.
@ Gilles Rolland