[CRITIQUE] ACIDE
Rating:
Origines : France/Blegique
Réalisateur : Just Philippot
Distribution : Guillaume Canet, Laetitia Dosch, Patience Munchenbach, Marie Jung, Martin Verset…
Genre : Fantastique/Horreur
Durée : 1h39
Date de sortie : 20 septembre 2023
Le Pitch :
Alors que des pluies extrêmement acides commencent à tomber, détruisant et tuant tout sur leur passage, une famille tente de survivre…
La Critique de Acide :
Salué pour La Nuée, Just Philippot récidive avec son deuxième film fantastique adapté de son propre court-métrage. Dans Acide, où Guillaume Canet tente de sauver sa famille de pluies mortelles…
Pluies citriques
Ayant profité du succès d’estime de La Nuée, Just Philippot a embarqué Guillaume Canet sous l’averse. Le comédien campant ici un père de famille aux abois au cœur d’une histoire qui aborde des thématiques propres au changement climatique, mais qui, et c’est plus surprenant, joue aussi sur des questions sociales très actuelles. Car oui, dans Acide, Canet interprète un syndicaliste particulièrement investi, dont la colère légitime va être mise à rude épreuve par un cataclysme inédit. Et autant le dire tout de suite, c’est un peu là où Acide se prend les pieds dans le tapis.
Le film débute par une charge de CRS dans les locaux d’une entreprise en grève. Guillaume Canet mène la révolte et tabasse méchamment un policier. Plusieurs mois plus tard, un bracelet électronique à la cheville, ce dernier tente de remettre de l’ordre dans sa vie, s’est donc considérablement calmé mais n’a en rien remisé ses idéaux au placard. Quand de l’acide commence à tomber du ciel et que la survie prévaut sur la lutte des classes, Canet continue néanmoins à entretenir une rancune envers ceux qu’il considère comme l’élite. Au point de mettre sa famille en danger d’ailleurs…
Horreur sociale
On comprend tout à fait le sens de la démarche. L’horreur au cinéma, bien souvent, est doublée d’un discours sociétal. La guerre du Vietnam dans La Nuit des morts-vivants, le capitalisme dans Zombie, etc… Rien de neuf donc. On salue même l’audace de Philippot. Le problème, c’est que si le début d’Acide reste très efficace, la suite, sur ce point particulier, l’est un peu moins. Les deux sujets se chevauchent sans pour autant s’alimenter l’un l’autre. Plutôt maladroit donc. Mais méritant. Mais maladroit. Mais… bref ! Le point le plus problématique reste l’animosité qu’entretient le personnage de Canet envers son beau-frère, un type plein au as, au point de refuser son aide quand cela pourrait pourtant sauver sa famille. Non, lui il préfère tourner le dos à son beauf pour foncer tête baissée et prendre des risques inconsidérés.
La pluie sans parapluie
Là où Acide gagne ses galons en revanche, c’est lorsqu’il donne franchement dans l’horreur. Très immersif, grâce à une mise en scène maîtrisée, une photographie travaillée, et une écriture simple, sincère et efficace, le film sait très vite jouer avec les codes du genre pour toucher au vif. La première partie en particulier s’avère très efficace, tandis que la seconde pédale un peu dans la semoule, alors que se dessine un dénouement qui n’en est pas vraiment un. Et c’est l’autre souci d’Acide : laisser la porte ouverte et ne prendre aucun risque pour apporter un semblant de point final au récit.
Cependant, on peut aussi voir dans ce choix une forme d’audace et de refus des compromis. Une position que campe farouchement Philippot tout du long, quand il n’hésite pas à frayer avec l’horreur pure, le gore et le désespoir. De quoi faire de son deuxième essai une proposition pour le moins radicale, qui, à défaut de filer une banane d’enfer, brille surtout par son jusqu’au-boutisme bienvenu. Acide qui en plus, disserte aussi sur le changement climatique, là encore sans grande finesse mais toujours avec une sincérité qui excuse pas mal de choses.
En Bref…
Just Philippot confirme son talent avec Acide. Un vrai film catastrophe horrifique qui, sans se cacher de lorgner du côté de références parfaitement digérées (La Route, les films de M. Night Shyamalan), s’avère aussi redoutable qu’immersif. Dommage que les deux discours, l’un écologique et l’autre social, qu’il porte nuisent un peu à la cohérence de l’ensemble.
@ Gilles Rolland