[Critique] ANOTHER HAPPY DAY

CRITIQUES | 31 janvier 2012 | Aucun commentaire

Titre original : Another happy Day

Rating: ★★★☆☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : Sam Levinson
Distribution : Ellen Barkin, Ezra Miller, Demi Moore, Kate Bosworth, Thomas Haden Church, George Kennedy, Ellen Burstyn, Michael Nardelli, Daniel Yelsky, Eamon O’Rourke…
Genre : Comédie dramatique
Date de sortie : 1er février 2012

Le Pitch :
Une famille décomposée (dans tous les sens du terme) se réunit à l’occasion d’un mariage. Un évènement qui cristallise les angoisses et les craintes de chacun, prétexte à quelques mises au point et autres coups de gueule sanguins. Car les membres de cette famille ne sont pas à proprement parler ordinaires. Entre le fils junky et alcoolique, la fille auto-destructrice, le mari perché, la grand-mère dirigiste, la belle-sœur insensible ou la belle-mère un peu garce sur les bords, les ingrédients du drame familial sont presque tous présents. La “fête” peut commencer…


La Critique :
Le schéma est connu : un personnage, en général pétris de remords, d’angoisses et/ou de psychoses (barrer la mention inutile) revient au nid et se confronte à une famille qu’il n’a jamais vraiment intégré. Dans Another happy day, c’est Ellen Barkin qui incarne ce personnage et son cas est double. Non seulement elle doit composer avec ses propres sentiments, qui vont de la rancœur à l’incompréhension face à certains des choix de sa famille proche (pourquoi sa mère semble si proche de son ex-gendre ? Pourquoi sa sœur se comporte-t-elle comme la dernière des emmerdeuses ? ) ; mais elle doit aussi se démêler avec les soucis (pour la plupart graves) des enfants qu’elle a élevé. Sa fille ainée se taillade le corps, son plus grand fils boit, se drogue et collectionne les cures de désintoxications et son cadet semble développer une forme d’autisme proche du syndrome d’Asperger. Une femme fatiguée par la vie, qui revient chez ses parents armée de tout un package fleuri, prête à essuyer les regards, reproches et remontrances d’une famille qui loin de tendre une main secourable, préfère enfoncer un peu plus bas celle qui semble unanimement considérée comme le canard boiteux de la lignée.
C’est donc ce qu’Another happy day représente : une longue chute, parsemée de crises de larmes, d’explications parfois violentes et de remise en question pour la plupart vaines. Lynn, le personnage incarné par Ellen Barkin se fait cracher à la figure, se heurte à un mur quand sa famille prend le parti de son ex-mari, pourtant coupable de violences conjugales, va se rouler dans l’herbe de désespoir et revient au front ; le cœur lourd, prête à encaisser une nouvelle salve. En cela, le premier film de Sam Levinson (le fils de Barry Levinson) est relativement indigeste. Le réalisateur scénariste plombe l’ambiance et se tire dans le pied quand il essaye d’injecter un peu d’humour (noir). Pas à tous les coups, mais si l’objectif était de provoquer l’hilarité, c’est loupé.
Dans sa façon de pénétrer les rouages d’une famille profondément gangrenée par les non-dits et les psychoses, Another happy day s’avère efficace et plutôt bien construit. Le problème venant principalement de l’accumulation. Levinson en rajoute jusqu’à l’overdose. Et ce n’est pas la fin et son apparente volonté d’annoncer un certain “espoir” qui arrange les choses. Du moins pas complètement.

Les qualités du film sont donc à chercher dans sa faculté à noircir le ton. Là, Sam Levinson est doué. Il l’est beaucoup moins pour mixer les genres et son film, quand on le superpose aux travaux de réalisateurs comme Alexander Payne, laisse apparaitre une maladresse qui plombe un peu plus l’ambiance. Ainsi, on pense beaucoup à l’excellent Monsieur Schmidt (de Payne), qui raconte à peu près la même histoire, mais qui arrive, avec une aisance impressionnante, à alterner drame et comédie. L’écriture et la réalisation de Levinson manquent de légèreté et de recul. Le propos est étouffé et le recul insuffisant dans quelques-unes des scènes les plus importantes. C’est dommage mais probablement imputable au manque d’expérience d’un artiste qui donne l’impression de trop vouloir en raconter.

Reste de très bonnes séquences et une troupe de comédiens, tous très convainquants. Ellen Barkin est admirable de dévouement envers un rôle difficile, tandis qu’Ellen Burstyn impose un talent intact. Il est aussi très agréable de revoir George Kennedy. Mais la vraie révélation du film reste Kate Bosworth. A son arrivée, la comédienne dévore l’écran, avec grâce et pudeur. Son rôle, sobre, trouve dans le charisme de cette actrice, trop rare, un réceptacle idéal. Du coup, les meilleures scènes sont les siennes. La palme revenant à celle où elle donne  la réplique à Thomas Haden Church, qui incarne un père absent et maladroit. Une relation sujette à une souffrance primale et enfouie, qui ressurgit alors dans les yeux d’une actrice en pleine possession de ses moyens.

@ Gilles Rolland

 

Crédits photos : Mandalay Vision

Par Gilles Rolland le 31 janvier 2012

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