[Critique] BAD LUCK
Titre original : Reach Me
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : John Herzfeld
Distribution : Sylvester Stallone, Thomas Jane, Kyra Sedgwick, Tom Berenger, Lauren Cohan, Kevin Connolly, Tom Sizemore, Nelly, Omari Hardwick, David O’Hara, Terry Crews, Cary Elwes, Danny Aiello, Danny Trejo, Ryan Kwanten, Frank Stallone, Kelsey Grammer…
Genre : Drame
Date de sortie : 11 février 2015 (DTV)
Le Pitch :
Un livre de développement personnel, écrit par un mystérieux auteur, se retrouve au centre de plusieurs existences. Du journaliste en manque de reconnaissance, au flic en quête de rédemption, en passant par une jeune comédienne frustrée ou encore un tandem de criminels désireux de changer de vie, ce fameux livre va bouleverser l’ordre des choses…
Le Pitch :
Homme de l’ombre, John Herzfeld a néanmoins bossé sur quelques films qui ont réussi à lui bâtir une petite popularité. Running Man par exemple, avec Arnold Schwarzenegger, qu’il a écrit, ou 15 Minutes, le thriller avec Robert De Niro sorti en 2001, qu’il a écrit et réalisé. On imagine, au vu du casting de Bad Luck, son dernier film, que le cinéaste a néanmoins profité de son expérience pour se construire un joli carnet d’adresse. Encore une fois à la mise en scène, au script et à la production (il tient même un petit rôle), Herzfeld a en effet réuni un nombre assez impressionnant de comédiens pour porter Reach Me, alias Bad Luck chez nous, histoire de lui conférer d’emblée un certain prestige. Néanmoins, cela n’aura pas suffit au long-métrage pour se faire véritablement remarquer, comme en témoigne la relative indifférence qui a entouré sa sortie chez nous, directement dans les bacs.
Il faut dire que malgré ses acteurs, Bad Luck ne joue pas la facilité. Plutôt ambitieuse, l’histoire donne dans le choral et met en scène un trop grand nombre de personnages, n’arrivant pas toujours à les exploiter correctement, surtout si on considère la durée limitée du film. Sorte de conte construit autour de la quête de rédemption d’âmes cassées par la vie, Bad Luck se heurte à pas mal de clichés et ne parvient que très rarement à sonner véritablement juste, tout en se posant comme une œuvre relativement bancale.
Bancal donc, mais sympathique, tant le projet reste caractérisé par sa grande sincérité. Pas cynique pour deux sous, le film de Herzfeld déroule ses multiples intrigues sans donner l’impression de se prendre la tête. Le réalisateur nous raconte l’histoire de ce bouquin, dont la principale caractéristique est de bouleverser tous ceux qui ont la chance de l’ouvrir. Il bascule ensuite sur l’auteur du livre en question, à savoir un type agoraphobe, lui-même en quête de changement. Bad Luck boucle la boucle et fait le job, non sans encombres, mais armé d’un bonne volonté manifeste, tout en restant, il faut bien le dire, trop anecdotique pour être mémorable d’une quelconque façon.
La distribution reste donc le principal atout de Bad Luck. Vieux briscards et jeunes pousses se croisent. Certains squattent l’intrigue et d’autres ne font que passer la tête, le temps de courtes séquences. Ryan Kwanten, le Jason Stackhouse de True Blood, par exemple, passe faire un petit coucou, tout comme Danny Trejo, Terry Crews, ou Frank Stallone. La fratrie Stallone, tant qu’on y est, est donc dignement représentée, puisque Sylvester est également de la partie. Bien que bien mis en valeur sur l’affiche, Sly ne tient pas le rôle principal, mais en profite pour camper une sorte de faux salopard cynique, parfait contre-poids au discours positif et libertaire du film. La performance, amusante, n’est pas destinée à rentrer dans les annales, mais les fans apprécieront l’effort. Thomas Jane quant à lui donne dans le badass torturé. Tom Sizemore, grande gueule du cinéma yankee, fait ce qu’il sait faire de mieux, et Kevin Connolly de la série Entourage, fait preuve de belle sensibilité face à l’excellente Lauren Cohan, qu’il est bon de retrouver dans autre chose que dans The Walking Dead. Tom Berenger enfin, gueule cassée du cinéma, prouve lui aussi, que lorsqu’on lui en donne les moyens, il peut livrer des performances habitées et sensibles.
En revanche, aucun de ces acteurs ne peut véritablement explorer en profondeur les psychés de leurs personnages. Tous se heurtent aux limites d’un film qui en fait un peu trop. Le fait de diviser le nombre de protagonistes par deux aurait permis à Bad Luck de gagner en épaisseur et de proposer autre chose qu’une succession de scénettes plus ou moins réussies.
Cela dit, jamais le film de John Herzfeld n’est vraiment mauvais. Parfois, il ne passe vraiment pas loin, mais de justesse, lors de petits moments, arrive à redresser la barre. Loin des cadors du film choral, il s’agit d’une gentille série B dramatique consciente de ses limites, qui doit beaucoup à ses comédiens, dont la seule présence suffit à la rendre attachante.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Seven 7