[Critique] BIRDS OF PREY
Titre original : Birds of Prey (And the Fantabulous Emancipation of One Harley Quinn)
Rating:Origine : États-Unis
Réalisatrice : Cathy Yan
Distribution : Margot Robbie, Ewan McGregor, Mary Elizabeth Winstead, Rosie Perez, Jurnee Smollett-Bell, Ella Jay Basco, Chris Medina…
Genre : Action/Fantastique/Adaptation/Suite/Saga
Durée : 1h49
Date de sortie : 5 février 2020
Le Pitch :
Fraîchement séparée du Joker, Harley Quinn décide de s’émanciper. Mais il n’est pas facile de naviguer en solo du jour au lendemain quand on a été toutes ces années protégée par le plus respecté des criminels de Gotham City. Harley ne va ainsi pas tarder à s’apercevoir que pour savourer sa liberté, il faudra auparavant la gagner…
La Critique de Bird of Prey et la Fantabuleuse Histoire de Harley Quinn :
Suicide Squad fait sans aucun doute partie des plus grands ratages des années 2010. Cependant, si quelqu’un est parvenu à tirer son épingle du jeu de ce fiasco quasi-total, c’est bien Margot Robbie. L’actrice qui campait une Harley Quinn certes desservie par un scénario à la ramasse mais néanmoins flamboyante et charismatique en diable. La voir revenir dans les frusques bariolées du personnage dans un film dédié n’a donc rien de particulièrement étonnant. Le film en question ayant de plus comme objectif de faire oublier Suicide Squad et de se placer du côté des rares réussites DC Comics/Warner depuis la création de l’univers partagé en concurrence avec celui de Marvel. Et ce malgré les nombreux bouleversements que le DCU a connu ces derniers temps avec notamment les départs successifs d’Henry Cavill et Ben Affleck… Birds of Prey qui est donc venu se positionner dans une logique plus excessive, désirant tabler sur les récents succès de Joker ou Deadpool, soit des productions super-héroïques plus adultes et violentes. Enfin, pour le côté adulte, il faut le dire vite car Birds of Prey reste tout de même, contrairement à Joker par exemple, calibré pour flatter un public jeune avide de bruit, de couleurs flashy, de blagues vaseuses et de bastons décomplexées…
The Quinn
Birds of Prey, rien qu’avec son sous-titre révélateur (La Fantabuleuse Histoire de Harley Quinn) et sa bande-annonce en roue libre, a d’emblée voulu imposer une tonalité plus ou ou moins inédite. Ce qu’elle n’est bien sûr pas au final tant le film de Cathy Yan ne fait que pomper à droite à gauche des trucs vus ailleurs. Que ce soit au niveau de la narration éclatée, de l’omniprésence de la voix off ou encore de cette violence effectivement plus frontale mais pas non plus aussi outrancière qu’espéré. Lorgnant du côté de Deadpool, Birds of Prey ne fait en fait que s’approprier maladroitement une recette maquillée à l’arrache pour faire illusion. Le pire, c’est que parfois ça marche. À de rares occasions seulement attention, car le reste du temps, Birds of Prey est un pur produit de son époque. Un long-métrage flashy, dans l’air du temps, pas vraiment écrit ni dirigé, bordélique et à la longue fatiguant. Un film qui essaye très fort de paraître plus cool qu’il ne l’est en multipliant, avec la même insistance que Deadpool, les coups de coude à destination du public pour tenter de récolter quelques suffrages.
La fantabuleuse Margot Robbie
Encore une fois, c’est donc Margot Robbie qui s’impose. Avec une fougue assez spectaculaire, elle occupe l’espace avec une classe folle, épaulée par un casting il est vrai plutôt enthousiasmant (Ewan McGregor s’amuse comme un fou, on apprécie de retrouver Rosie Perez, Mary Elizabeth Winstead étincelle et Jurnee Smollett-Bell crève l’écran). Sans elle, Birds of Prey ne serait donc rien de plus qu’un long clip maniéré et insignifiant. Le genre qui colle un mal de crane d’enfer sans parvenir à raconter quoi que ce soit de consistant. Mais avec Margot, le show s’avère à plusieurs moments divertissant et au fond, c’est déjà pas si mal. Birds of Prey étant quoi qu’il en soit moins catastrophique que Suicide Squad car plus modeste et visuellement plus maîtrisé. Et tant pis si aucune scène d’action ne sort vraiment du lot… Sans oublier cette volonté opportuniste de s’imposer comme le premier film de super-héros post Me Too. Ici, tous les hommes sans exception, sont soit des lâches, soit des salopards. Le scénario de Christina Hodson, sans finesse aucune, finissant par desservir son propos à force de s’en tenir à des clichés encombrants et mal dégrossis. Même Harley Quinn, qui au fond n’est pas si méchante, finit par devenir une vraie gentille, opposée à un authentique salopard. Birds of Prey mélange tout, ignore la notion de nuance, fonce dans le tas et nous fait exploser plein de trucs au visage en espérant faire illusion. Inutile de dire que le procédé ne fonctionne pas vraiment… Avec la délicatesse d’un tank, sans se montrer capable de justement exploiter son personnage principal et son passé pour vraiment incarner un discours féministe puissant et pertinent, ce blockbuster façonné à l’arrache préfère gâcher ses chances par négligence, en sous-estimant l’intelligence de son public et en le gavant de dialogues foireux et attendus et autres scènes d’action en forme de leurres pas si efficaces. Dommage…
En Bref…
Quoi qu’il en soit moins foireux que Suicide Squad (qu’il a néanmoins le courage d’assumer), sauvé du naufrage total par un casting aux petits oignons dominé par la prestation flamboyante de Margot Robbie, Birds of Prey essaye si désespérément d’être cool et politiquement engagé, qu’il en devient assez attachant. Pathétique mais attachant. Divertissant ? Disons que sur 1h49 ça passe. De justesse cependant…
@ Gilles Rolland