[Critique] BRIGHTBURN

CRITIQUES | 26 juin 2019 | Aucun commentaire
Brightburn-poster

Titre original : Brightburn

Rating: ★★★★☆

Origine : États-Unis

Réalisateur : David Yarovesky

Distribution : Jackson A. Dunn, Elizabeth Banks, David Denman, Matt L. Jones, Meredith Hagner, Jennifer Holland…

Genre : Horreur/Fantastique

Date de sortie : 26 juin 2019

Le Pitch :

Dans l’incapacité d’avoir l’enfant qu’ils désirent tant, Tori et Kyle trouvent un soir dans une étrange capsule tombée du ciel un bébé. La vie se poursuit alors pendant plusieurs années. Le couple élève le jeune Brandon qui s’intègre parfaitement. Un jour pourtant, la puberté se manifeste chez Brandon. Un moment clé dans l’existence qui chez lui, se traduit par l’apparition d’étranges pouvoirs. Capable de voler, extrêmement fort, visiblement invincible, Brandon développe également une tendance à faire le mal. Incapable de se refréner, le garçon sombre petit à petit dans une noirceur qui finit par guider ses actes….

La Critique de Brightburn :

Si James Gunn s’est fait un nom auprès du grand public grâce aux deux volets des Gardiens de la Galaxie, les amateurs de gore bien dégoulinant le connaissent depuis déjà longtemps. Ayant fait ses armes chez Troma, sur Tromeo et Juliet, aux côtés du légendaire Lloyd Kaufman, Gunn s’est ensuite lancé en solo avec Horribilis, un film d’horreur un peu bizarre, bien saignant, miraculeusement distribué en salle à sa sortie en 2006. Puis vint Super, son trip de super-héros brutal dans lequel un type sans super pouvoirs tabasse les méchants avec une clé à molette. Aujourd’hui, après l’affaire à rebondissements chez Marvel (suite à de vieux tweets exhumés) et le repêchage par DC Comics (pour Suicide Squad 2), Gunn revient avec Brightburn, qu’il a écrit avec son frère Mark. Gunn qui avait d’ailleurs aussi signé le script de The Belko Experiment, un trip ultra-violent en forme de satire du monde de l’entreprise, passé chez nous complètement inaperçu. Bon, cela dit, qu’est-ce que vaut Brightburn, cette sorte de déclinaison « evil » de Superman ?

Brightburn

Tombé du ciel

L’idée à la base de Brightburn est redoutable d’efficacité : une capsule en provenance de l’espace s’écrase dans le jardin d’un couple d’Américains. À l’intérieur, un bébé. L’enfant est adopté, tout va bien, tout le monde est content mais un jour, le gamin développe des super-pouvoirs. Comme dans Superman. La différence c’est qu’ici, le mioche n’a aucune vocation à faire le bien. Au contraire. Sorte de réponse pleine d’impertinence de la part d’un sale gosse ayant été contraint de mettre en sourdine sa tendance à l’excès pour cadrer avec les canons Marvel, Brightburn met avant une volonté de foncer dans le tas en détruisant minutieusement un schéma connu et établi. Plutôt rafraîchissant dans un paysage super-héroïque souvent trop policé car taillé pour plaire à toute la famille, ni trop violent, ni trop décalé.

Super Slasher

Sorte de slasher ne reculant devant aucune audace gore, Brightburn brille de prime abord par sa tonalité à la fois sombre et sa capacité à faire siens des lieux communs pour les pervertir sans se priver d’y prendre du plaisir. Aux manettes, le réalisateur David Yarovesky s’amuse lui aussi à détourner les codes chers à Superman et à d’autres productions du genre pour nous livrer un authentique trip horrifique complètement libre de ses mouvements et ainsi plus original que la majorité des autres films du genre proposés ces dernières années. Certes un peu lent à démarrer, Brightburn sait néanmoins parfaitement négocier le virage lui permettant d’enfin entrer dans le vif du sujet. Quand Brandon, l’enfant au centre de l’intrigue, devient vraiment méchant et que les meurtres se succèdent, Brightburn fait preuve d’un jusqu’au-boutisme plutôt rafraîchissant, même si au fond, il n’évite pas non plus quelques clichés. Des clichés heureusement suffisamment bien maquillés. Malins, les frères Gunn ne révolutionnent pas en substance les codes du slasher mais préfèrent les mixer avec ceux des films de super-héros pour au final nous servir sur un plateau d’argent une fusion racée. Et jusqu’à la fin, qui prouve que le réalisateur et ses scénaristes ont eu le dernier mot. Restez d’ailleurs pour le générique, plutôt amusant quand on est familier de l’œuvre de James Gunn avant Les Gardiens de la Galaxie.

La puberté, cette saleté

Rythmé, bien sauvage, Brightburn est aussi visuellement très intéressant. Reposant sur un budget plus que modeste, il démontre du talent de son metteur en scène pour non seulement instaurer de vraies ambiances bien prégnantes mais aussi pour construire des séquences à n’en pas douter réjouissantes pour tout bon amateur de film d’horreur. David Yarovesky en profitant également pour jouer avec ses références là encore pour mieux les détourner afin de nourrir sa réalisation, inspirée et rudement efficace. Du côté du casting, c’est aussi carton plein. Alors que le jeune Jackson A. Dunn parvient à faire naître le malaise chez le spectateur, Elizabeth Banks se montre quant à elle parfaite quand il s’agit d’insuffler de l’émotion à la dynamique de l’ensemble. Sa détresse, son désir de protéger son enfant du monde extérieur et sa façon d’exprimer sa peur quant aux décisions qui doivent être prises épaississent véritablement le propos de Brightburn. Au point qu’en fin de compte, le film est bien plus qu’un simple film d’horreur-fantastique un peu parodique. Même si des thématiques comme le passage à l’âge adulte, la maternité et la difficulté de trouver sa place dans la société quand on est différent, sont parfois à peine effleurées (comme si les scénaristes étaient un peu effrayés par ce qu’impliquait le postulat de leur film), le simple fait qu’elles soient abordées suffit à faire sonner le discours global avec une puissance accrue et de faire au final de Brightburn ce que nous avons tous espéré qu’il soit : la déclinaison sombre et sans concession de Superman…

En Bref…

Reposant sur une rythmique certes parfois un peu capricieuse, au début tout particulièrement, et assez timorée quand il s’agit d’aborder certaines thématiques, Brightburn se montre par contre très efficace, jusqu’au-boutiste et cohérent par rapport à ses références et à ses ambitions. C’est ainsi qu’en plus de faire souffler un vent de fraîcheur sur un paysage cinématographie saturé de super-héros parfois trop lisses, il s’impose également comme l’un des films d’horreur les plus audacieux et orignaux de ces dernières années. Honorant les promesses de son postulat, Brightburn va au bout des choses. C’est assez rare pour le souligner. Aucune raison pour bouder son plaisir donc.

@ Gilles Rolland

brightburn
Par Gilles Rolland le 26 juin 2019

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