[Critique] CARS 3

CRITIQUES | 3 août 2017 | 1 commentaire
Cars-3-poster

Titre original : Cars 3

Rating: ★☆☆☆☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : Brian Fee
Distribution voix (V.O.) : Owen Wilson, Cristela Alonzo, Chris Cooper, Nathan Fillion, Larry the Cable Guy, Armie Hammer, Tony Shalhoub…/ (V.F.) : Guillaume Canet, Gilles Lellouche, Nicolas Duvauchelle…
Genre : Comédie/Drame/Suite/Sage
Date de sortie : 2 Août 2017

Le Pitch :
Flash McQueen continue sa carrière en tête des classements mais un accident lors d’une course face à de nouveaux concurrents plus jeunes et plus performants va provoquer chez lui une profonde remise en question. Cruz Ramirez, une assistante qui a toujours rêvé de participer à des courses dans un univers exclusivement masculin, va l’accompagner dans une retraite fortuite au fin fond du midwest américain pour l’aider à retrouver le feu sacré et revenir aux fondamentaux de sa discipline…

La Critique de Cars 3 :

Question : quelqu’un attendait-il ce troisième épisode de la franchise Cars ? Réponse : pas vraiment, même si un premier teaser sombre et crépusculaire pouvait laisser croire que Pixar allait, après Là-Haut ou Toy Story 3, nous offrir une nouvelle variation sur la vie, la postérité, voire le deuil (de la jeunesse dans ce cas). Hélas, si le scénario pousse effectivement le héros Flash McQueen à une remise en question et un retour aux sources, il se contente d’énoncer ses thèmes au détour de quelques lignes de dialogues, plutôt que d’illustrer son propos de façon enlevée et divertissante comme Pixar sait (savait ?) le faire.

Un coup d’oeil dans le rétro

Après une série de sans-faute (Toy Story 1 et 2, 1001 Pattes, Monstres et Cie, Le Monde de Nemo et Les Indestructibles), Cars – Quatre Roues (John Lasseter – 2006) fut la première production Pixar à diviser les critiques et les fans, l’univers des voitures qui parlent rebutant le public adulte qui jugea (à tort) le film puéril, bien qu’il offrait une réflexion sur la nostalgie d’une époque révolue ou l’on savait prendre le temps de vivre (les vieilles voitures, la conduite « à l’instinct » et les routes nationales opposées aux bolides high-tech, sponsors clinquants et les autoroutes). La popularité relative du film n’empêcha pas Cars de casser la baraque au box-office et de battre tous les records en termes de produits dérivés, au succès non démenti depuis dix ans déjà. Ce qui suffit d’ailleurs à justifier un Cars 2 (co-réalisé par Brad Lewis – 2011) dont le principal (seul ?) mérite est de proposer une approche aux antipodes de l’original. Malheureusement, l’idée de plaquer l’intrigue d’un pseudo-James Bond sur cet univers automobile si sympathique a de quoi dérouter même les plus curieux. Le comble étant que Flash McQueen soit ici réduit à faire de la simple figuration, Martin occupant dorénavant le devant de la scène afin de promouvoir la série télé accompagnant la sortie du film et dont il est le héros…

Arrêt au stand

Bonne nouvelle à priori : Cars 3 redonne la vedette à Flash McQueen. Mieux encore, tel l’aveu silencieux de l’erreur de parcours que représentait Cars 2, l’histoire se pose en suite directe du premier film, allant jusqu’à émuler sa scène d’ouverture et aligner des apparitions clin-d’œil de tous les personnages initiaux (Martin, Sally, Guido,…), même si on les reverra que peu ou pas du tout par la suite. Cars 3 pourrait passer pour un retour aux sources en ré-intégrant l’univers de la compétition automobile, mais il va plus loin que ça et peine finalement à cacher son statut de remake officieux. La structure est identique, et seuls les noms des personnages et les décors ont (vaguement) changé. Une entourloupe commerciale qui a déjà fait ses preuves au box-office avec Le Réveil de la Force. Et tout comme dans le film de J.J. Abrams, Disney/Pixar tente de jouer sur la fibre nostalgique du public (qui fonctionnera peut-être à condition d’avoir eu moins de 8 ans lorsque l’original sortit en salles car après tout, Cars premier du nom n’a que 10 ans), en la saupoudrant d’une très superficielle couche de remise en question du champion McQueen. Hélas, si ses états d’âmes sont longuement débattus à l’écran, la mise en scène n’apporte jamais grand-chose au propos. Même l’aspect plus terne et « sali » promis par la première bande-annonce semble avoir été atténué et la palette colorée habituelle ne colle jamais à une histoire se voulant plus sombre et torturée. Bien sur, comme toujours chez Pixar, le rendu des images n’en finit pas de nous éblouir et le travail de caméra est irréprochable. Mais ces éléments techniques ne semblent plus désormais être au service de l’histoire et des émotions.

« Les papiers du conducteur, s’iou plait »

À la tête du projet: Brian Fee. Cet ex-storyboarder débuta chez Disney sur des productions vidéos telles que Tarzan 2, Mulan 2, Les 101 Dalmatiens 2, La Petite Sirène 2 et autres suites dispensables. Il rejoint ensuite Pixar où il officia au même poste sur Cars, Ratatouille et Wall-E. Hélas, un bon storyboarder ne fait pas forcément un bon metteur en scène. Comme indiqué plus haut, si les cadrages et le découpage de Cars 3 sont irréprochables, il n’en va pas de même du rythme ou de la «direction d’acteurs ». Le scénario est trop dérivatif pour ne pas évoquer justement un des direct-to-videos cités plus haut, en alignant sagement les scènes comme des perles, ne réservant absolument aucune surprise dans le déroulement de l’intrigue: 1/ la suprématie de McQueen sur les pistes de course est menacé par un nouveau venu à l’équipement high-tech 2/ McQueen retourne aux sources du monde de la course automobile en suivant les pas de son mentor Doc Hudson et 3/ McQueen reprend le chemin des circuits pour prouver qu’il est toujours le champion. Qui a dit « Mais ça ressemble à Rocky III »? (NDR – Gilles, sans aucun doute!) Il y a de ça en effet, une scène d’entraînement sur la plage pouvant même s’avérer être une référence directe au film de l’ami Sylvestre, sans toutefois en retrouver le rythme et l’énergie galvanisante.

Le réveil de la Farce

Autre point commun avec la formule Star Wars, Cars 3 s’est voulu progressiste en incluant une voiture « femelle » dans la compétition jusque-là réservée à des véhicules « mâles ». Sauf qu’il ne suffit pas de confier un rôle à une femme pour pouvoir prétendre tenir un discours féministe (Paul Feig, c’est à vous que je parle !) et la pirouette scénaristique permettant à ce nouveau personnage de se hisser au rang de Flash McQueen parait avoir nécessité les emplois conjugués de plusieurs chausse-pieds et forceps. D’autant que ce féminisme aussi factice qu’opportuniste (il s’agit avant tout d’élargir le public cible) se heurte à deux faits de l’histoire du studio : lorsque Disney signa le contrat de distribution avec Pixar en 1995 (avant d’en faire l’acquisition pure et simple), le but était de proposer des films d’animation pour les « garçons et les papas » (férus d’images de synthèse, c’est bien connu) tandis que Disney Animation continuait d’alimenter le marché des « filles et des mamans » (plus portées sur les contes et/ou les films musicaux, c’est bien connu aussi). Tenter de réformer la franchise Cars en y ajoutant une touche de ce néo-féminisme opportuniste s’avère donc assez ironique et paradoxal par rapport à la raison d’être initiale du studio. Le second élément qui peut faire sourire face à la prêche hypocrite du film, c’est qu’en 22 ans, la seule réalisatrice/scénariste chez Pixar a été démise de ses fonctions en cours de production : il s’agit de Brenda Chapman, dont le Rebelle s’est vu plombé par des ré-écritures multiples qui lui ont fait perdre toute homogénéité au profit d’une efficacité commerciale toute relative.

En Bref…
Entre remake déguisé du premier Cars et tentative mécanique de clôturer la trilogie sur le mode « mes adieux au public», Cars 3 se révèle ennuyeux et peu inspiré, et ni l’humour, ni l’émotion ne font mouche. Sous une carrosserie rutilante, le film cache un moteur d’occasion. Brian Fee, nouveau venu dans le cercle fermé des réalisateurs Pixar, signe un boulot propre sur la forme mais sur le fond, tout avait déjà été dit (en mieux) dans le film original. Tout comme Le Monde de Dory l’année dernière, Pixar semble désespérément vouloir exploiter le filon de ses premiers succès, et peu importe que la boite soit vide du moment que le logo apposé dessus attire le public en masse, quand bien même le scénario ressemble plus à un direct-to-video qu’à une œuvre cinéma ambitieuse et prestigieuse. Mais au vu du succès du Monde de Dory l’année dernière, pourquoi chercher à faire mieux ?

@ Jérome Muslewski

Cars-3-FlashCrédits photos : The Walt Disney Company France

Par Jérôme Muslewski le 3 août 2017

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karl Libus
karl Libus
6 années il y a

euh, j’ai bien aimé moi…