[Critique] CENSOR
Titre original : Censor
Rating: 
Origine : Royaume-Uni
Réalisateur : Prano Bailey-Bond
Distribution : Niam Algar, Nichol Burns, Vincent Franklin, Sophia La Porta, Adrian Schiller…
Genre : Horreur/Épouvante
Durée : 1h24
Date de sortie : 25 janvier 2022 (OCS)
Le Pitch :
Enid est chargée de visionner des films d’horreur afin de décider de leur classification. Passionnée par son travail, elle voit défiler devant ses yeux les scènes atroces imaginées par des réalisateurs parfois extrêmes. Un jour, elle découvre un long-métrage qui la renvoie directement à son passé. Perturbée, elle cherche à en savoir plus et ne tarde pas à se faire aspirer dans l’abîme…
La Critique de Censor :
Ces dernières années ont vu émerger un cinéma horrifique britannique à la patine bien particulière, loin des blockbusters du genre, car animé d’une volonté farouche d’explorer des contrées moins familières. Avec son postulat suffisamment original pour attirer l’attention et son approche atypique, Censor tente alors de bousculer ses spectateurs. Y parvient-il ?
Videodrome
Enid est une femme sérieuse, qui fait son boulot sérieusement, au sein d’un environnement sérieux. Enfermée dans un quotidien que le réalisateur Prano Bailey-Bond parvient à rendre anxiogène, elle se nourrit continuellement de films gores, jusqu’au jour où l’un d’entre-eux fragilise son rapport au réel en lui rappelant la disparition de sa sœur. Dès lors, difficile de savoir où Censor va et veut nous mener. Le sentiment d’inconfort est bien là et ainsi, le film s’avère aussi intriguant qu’envoûtant. Après tout, ce n’est plus si courant de se retrouver en face d’un long-métrage qui paraît totalement s’affranchir des clichés…
L’antre de la folie
Petit à petit, alors qu’Enid sombre dans un cauchemar aux contours pour le moins flous, Censor devient presque cryptique, mélangeant l’horreur frontale avec des saveurs un peu désuètes, évoquant le cinéma d’épouvante des années 60/70. La mise en scène, soignée, organise cette rupture avec la réalité, sans se priver d’user d’effets parfois un peu voyants mais assurément motivés par une volonté d’organiser la montée en puissance de la tension. Enid est-elle folle ou, au contraire, est-elle dans le vrai ? Censor répond à cette question mais devient maladroit alors qu’il se dirige vers son dénouement. S’il est manifestement doué, Prano Bailey-Bond ne parvient pas à vraiment concrétiser son ambition. Il en va de même du scénario, certes ambitieux, mais trop précipité pour vraiment permettre au destin du personnage principal de nous toucher avec l’intensité espérée.
Horreur dans le poste
Recommandable car exigeant et original, Censor prend le risque de décevoir quand il choisit de conclure son histoire en empruntant un chemin qui dénote avec tout ce qui a précédé. En gros, tout paraît subitement précipité et facile, loin du mystère des débuts. La résolution de la question qui anime Enid tout du long s’avère bancale. Peut-être que 20 ou 30 minutes de plus auraient permis de souligner le malaise, de l’installer plus durablement et du même coup, de vraiment donner du corps au récit. En l’état, loin d’être déshonorant pour autant, Censor ressemble un peu à un long épisode de La Quatrième Dimension. Plus anecdotique que prévu, animé de belles intentions et porté par la prestation sans faille de Niamh Algar, parfaite, il ne va pas au bout des choses mais s’avère sur bien des aspects intéressant. C’est d’ailleurs parce que la première moitié est si maîtrisée que la suite déçoit.
En Bref…
Film d’horreur original et audacieux dans sa première moitié, porté par une vraie vision, Censor se prend un peu les pieds dans le tapis mais reste néanmoins recommandable pour tout amateur de séries B d’épouvante en quête d’un peu de nouveauté et de fraîcheur.
@ Gilles Rolland
