[Critique] CHARLIE COUNTRYMAN
Titre original : Charlie Countryman
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Fredrik Bond
Distribution : Shia LaBeouf, Evan Rachel Wood, Mads Mikkelsen, Til Schweiger, Rupert Grint, James Buckley, Vincent D’Onofrio, Melissa Leo, Aubrey Plaza…
Genre : Drame/Romance/Thriller
Date de sortie : 14 mai 2014
Le Pitch :
Dévasté par le décès de sa mère, un jeune homme décide de quitter les États-Unis pour rallier Bucarest. Une fois sur place, il rencontre fortuitement la belle et mystérieuse Gabi, dont il tombe éperdument amoureux. Encore sous la coupe d’un ex particulièrement dangereux, Gabi tente de repousser Charlie qui s’accroche néanmoins, au point de mettre sa vie en danger…
La Critique :
Shia LaBeouf aime défrayer la chronique. Sans que l’on sache si ces frasques résultent d’une maladresse totale, d’une stratégie bien étudiée, ou d’un caractère un peu à la ramasse, l’acteur semble aujourd’hui s’être retiré du show-biz. Entre temps, alors que Shia se rendait coupable d’un plagiat éhonté via un court-métrage salement inspiré de l’œuvre de Daniel Clowes, on a pu entendre Brad Pitt se plaindre de son comportement sur le tournage du nouveau film de David Ayer (Shia était à fond dans son personnage au point de se rendre insupportable), on a vu LaBeouf se pointer sur un tapis rouge avec un sac en papier sur la tête, et on l’a entendu citer Cantona lors d’une conférence de presse. Au final, Shia semble paumé. Paumé depuis qu’il a quitté le giron de Michael Bay et de ses Transformers pour tenter de se racheter une crédibilité artistique dans le cinéma indépendant.
C’est ainsi qu’après avoir « brillé » en patron lubrique dans le Nymphomaniac de Lars von Trier, que Shia revient sur les écrans avec Charlie Countryman.
LaBeouf n’est pas la première célébrité à se comporter de la sorte et quoi que l’on puisse en penser, cela ne remet pas en cause son talent. Avec Charlie Countryman, on retrouve Shia l’acteur. Contrairement à son rôle dans Nymphomaniac, qui était marqué par l’obsession de LaBeouf pour le réalisateur danois (il avait envoyé à von Trier une sex tape pour décrocher le job), Charlie Countryman sort un peu de nulle part et peut donc s’appréhender sans apriori. L’histoire du film est de plus, en somme toute classique, vu qu’il s’agit d’une romance contrariée entre un jeune homme et une jeune femme, teintée de drame et de suspense.
Première réalisation du prénommé Fredrik Bond, un habitué de la pub, Charlie Countryman tente le tout pour le tout pour retenir l’attention de son public. Certes son histoire est classique, mais le traitement ne l’est pas. Le scénario non plus d’ailleurs tant il brode autour de cette histoire d’amour au point de se vautrer régulièrement dans un certain ridicule, pas vraiment gênant pour autant.
Atypique, Charlie Countryman y va franchement et assume tout. Que l’on parle de ces étranges incursions fantasmagoriques, qui font parler le héros aux morts alors qu’il voit parfois des trucs que lui seul peut voir, ou alors de ce scénario un peu tiré par les cheveux, marqué par une naïveté assez hallucinante.
Le voyage de Charlie à Bucarest commence véritablement quand il rencontre Gabi, une superbe musicienne incarnée ici par la vénéneuse Evan Rachel Wood. L’attirance est immédiate et à l’écran, remarquablement traduite. Intervient ensuite le grand et charismatique Mads Mikkelsen dans un rôle de mafieux ultra violent, taillé sur mesure. Bouffant l’écran à chacune de ses apparitions, Mikkelsen incarne cette pression qui accule le protagoniste principal et qui, in fine, le pousse à tomber dans les extrêmes dans sa tentative de sauver l’amour naissant mais néanmoins puissant, qu’il ressent pour Gabi. Triangle amoureux à haut risque, Charlie Countryman fait montre de la sincérité de son réalisateur. Dommage que ce dernier n’y soit pas allé mollo sur les effets visuels. Sa réalisation apparait souvent maniérée et outrancière. La musique venant appuyer cette tendance à en faire des tonnes, quand une certaine sobriété aurait été de mise. La nuance n’est pas à l’ordre du jour alors que paradoxalement, la love story qui sert de fil rouge à ce drame, parvient à conserver une certaine intégrité.
Charlie Countryman est un film curieux. Une œuvre bancale dont les défauts, aussi gênants soient-ils, participent étrangement à la fascination hypnotique qu’il suscite.
Au niveau du casting, Shia LaBeouf prouve donc qu’il sait bel et bien jouer la comédie. Il traverse le film, légèrement ahuri, sincère et touchant, face à une Evan Rachel Wood toujours complètement pertinente dans les pompes d’un personnage ambiguë, dont on ne sait rien ou presque. Si Mads Mikkelsen ne force pas trop, il est quoi qu’il en soit impeccable, ne serait-ce que grâce à sa faculté à personnifier une menace qu’il est impossible de ne pas prendre au sérieux. Même chose pour Til Schweiger qui arrive à s’emménager, malgré un temps de présence à l’écran réduit, quelques belles occasions de briller. Pour le reste, on peut voir Vincent D’Onofrio et Aubrey Plaza faire de la figuration de luxe, tandis que Melissa Leo fait deux apparitions brèves mais marquantes, et pour le coup véritablement utiles à la progression du récit. Rupert Grint prend aussi le temps de casser son image de gentil sorcier…
Charlie Countryman est à l’image de son interprète principal qui lui même trouve un écho assez étrange dans le personnage qu’il incarne : maladroit, naïf, excessif, il est aussi hypnotique, parfois véritablement beau et touchant. Ses défauts se transforment parfois en qualités et inversement. Et quitte à verser dans le ridicule, Fredrik Bond parvient à retranscrire à l’écran l’essentiel, à savoir la force et la détresse qui anime cette histoire d’amour entre deux âmes en deuil. Charlie Countryman y gagne une identité forte. Celle-là même qui permet au film de rester en mémoire après le mot fin.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : DistriB Films
un film touchant,retentissant longtemps après la fin. Nous sommes allé le voir sans grandes esperances, à la place d’un godzilla pour lequel nous avions peur d’étre déçues, par un remake du genre, et ce film nous a blufé. La musique et les images sont sublimes, les acteurs jouent extrémement biens, nous sortons de la salle émus, encore dans ce tourbillon de la trame qui vous emmene ailleurs, c’est la que l’on reconnait les bons films, à leur capacité à vous élever