[Critique] LE CHÂTEAU DE VERRE

CRITIQUES | 28 septembre 2017 | Aucun commentaire
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Titre original : The Glass Castle

Rating: ★★★★☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : Destin Daniel Cretton
Distribution : Brie Larson, Woody Harrelson, Naomi Watts, Max Greenfield, Josh Caras, Sarah Snook, Brigette Lundy-Paine, Ella Anderson…
Genre : Drame/Adaptation
Date de sortie : 27 septembre 2017

Le Pitch :
Alors qu’elle s’apprête à se marier, la chroniqueuse mondaine new-yorkaise Jeannette Walls se souvient de son enfance chaotique passée auprès d’un père fantasque, aimant mais alcoolique. Poursuivie par les créanciers, sa famille se déplaçait sans cesse, de taudis en taudis, sans le sou, forcée de suivre les divagations d’un homme charismatique mais aussi terriblement imprévisible. Un père dont l’obsession était de construire pour les siens un château de verre. Symbole de son amour pour ses enfants et pour son épouse mais aussi de son incapacité à s’adapter à une société qui n’a cessé de l’écraser. Histoire vraie…

La Critique de Le Château de Verre :

Destin Daniel Cretton retrouve Brie Larson quatre ans après le formidable States Of Grace et adapte les mémoires de la journaliste Jeannette Walls. L’occasion pour lui d’illustrer un parcours de vie aussi atypique que propice à une déconstruction en règle du schéma familial classique, en compagnie de personnages eux-même parfaits réceptacles de rêves et d’obsessions dans lesquelles il est aisé de se retrouver…

Captain (presque) Fantastic

Le Château de Verre rappelle de prime abord Captain Fantastic, le formidable film de Gary Ross avec Viggo Mortensen. Les deux longs-métrages racontant l’histoire d’une famille pas comme les autres qui cherche, sous l’impulsion d’une figure paternelle qui sort de l’ordinaire, à fuir la conformité et la civilisation. Mais la comparaison, cependant, s’arrête-là. Le Château de Verre, tout d’abord, est une histoire vraie. Ce qui change pas mal de choses finalement. Une réalité à laquelle le réalisateur Destin Daniel Cretton a tenu à coller de près, ne cherchant jamais à idéaliser ou à diaboliser le père incarné par le brillant Woody Harrelson. Tout du long, Le Château de Verre oscille ainsi entre l’euphorie propre à une existence caractérisée par un puissant désir de liberté et la détresse qui peut découler de choix qui, au fond, n’en sont pas vraiment. Construit sur plusieurs allers-retours entre le présent et le passé, le film prend la forme d’un conte plus terre-à-terre que prévu, lui qui ne souhaite pas idéaliser la vie de cette famille isolée par ses propres décisions (celles d’un seul homme en fait) mais qui tient aussi à souligner l’amour qui unit ses membres.
Ainsi, le film est à la fois très âpre, parfois dur, mais laisse aussi exister une part de rêve, qui subsiste avec plus ou moins de force jusqu’au bout. On sent dans les mots de Jeannette Walls, illustrés par Destin Daniel Cretton, un amour constant pour ce père pourtant très complexe et parfois cruel. Un paradoxe universel qui joue beaucoup sur les non-dits. Sur les frustrations pas forcément verbalisées et sur des sentiments contradictoires.

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Road movie

La vie de famille que mènent les Wall est à la fois terrible et fascinante. Une famille résolument pas ordinaire qui cristallise néanmoins en son sein des problématiques universelles. Les événements qui ont jalonné son parcours agissant comme autant de révélateurs et permettant ainsi au récit de saisir des vérités qu’il est parfois difficile d’exprimer de manière simple et directe. Et si on peut imaginer que le metteur en scène s’est demandé par quel bout prendre ce parcours de vie plein de détours, de marches arrière et de voies de garage, force est de reconnaître dans son approche une vraie sincérité et un authentique désir de bien faire. Loin de faire preuve de manichéisme, Cretton s’arrange pour justement évoluer tout du long dans différentes nuances de gris, bien aidé par les performances d’acteurs au firmament. Brie Larson bien sûr, est incroyable, encore une fois, jamais plus à l’aise qu’ici, dans un cinéma indépendant qui prend son temps. Naomi Watts, dont le rôle n’est pas des plus simples, est également excellente, tout comme les enfants, dont le jeu, très mature, fait beaucoup pour l’émotion et pour son bon épanouissement. Cela dit, si il ne fallait souligner qu’une performance d’acteur, ce serait bien sûr celle de Woody Harrelson. Un comédien incroyable, qui n’a jamais fait défaut à ceux, qui comme Cretton, lui ont donné leur confiance en lui donnant des partitions aussi compliquées que celle avec laquelle il doit composer ici. Charismatique, toujours en place, évoluant constamment dans la nuance, en équilibre, jamais dans l’excès, il fait montre d’une totale compréhension du personnage et parvient à se montrer tel une sorte de monstre d’autorité qui se cache sous des apparats libertaires, mais aussi comme un « simple » père dont la seule motivation est l’amour pour les siens. Le château de verre que son personnage veut construire pour sa famille, qui donne son titre au film, étant le symbole de cet amour, mais aussi de son incapacité à changer dans le bon sens. Ce dont Harrelson s’acquitte avec un talent, qui malgré toutes les grands performances qui jalonnent sa carrière de l’acteur, continue à impressionner.
Grâce à lui, à Brie Larson et aux autres, mais aussi grâce à la sensibilité d’un réalisateur dont la mise en scène n’empiète jamais sur l’histoire et sur les personnages, Le Château de Verre contient des moments tour à tour déchirants et terrassant de beauté. Des moments de complicité dont l’authenticité touche au vif et qui restent en mémoire après la projection.

En Bref…
Plus conventionnel que le précédent film du réalisateur, l’excellent States Of Grace, car embrassant quelques lieux communs propres au cinéma dramatique indépendant américain, Le Château de Verre n’en demeure pas moins brillant dans sa capacité à illustrer des sentiments complexes. Porté par des acteurs en état de grâce, Woody Harrelson et Brie Larson en tête, il raconte l’histoire d’une famille en marge et souligne en cela des valeurs universelles. Il raconte le passage adulte, souligne le poids des responsabilités et dresse un portrait d’une certaine Amérique, avec une poésie tantôt volatile, tantôt plus cruelle, pour laisser sa marquer dans les esprits.

@ Gilles Rolland

Le-château-de-glace-cast  Crédits photos : Studio Canal/Metropolitan FilmExport

Par Gilles Rolland le 28 septembre 2017

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