[Critique] COMME DES BÊTES
Titre original : The Secret Life Of Pets
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateurs : Chris Renaud, Yarrow Cheney
Distribution voix (en V.O.) : Louis C.K., Eric Stonestreet, Kevin Hart, Lake Bell, Albert Brooks, Dana Carvey, Steve Coogan…/(en V.F.) : Philippe Lacheau, François Damiens, Willy Roveli, Florence Foresti…
Genre : Animation/Comédie/Aventure
Date de sortie : 27 juillet 2016
Le Pitch :
Que font nos animaux domestiques quand ils se retrouvent seuls ? Max lui, attend sagement sa maîtresse derrière la porte. Entre ce petit chien et sa propriétaire, c’est l’amour fou. Pourtant, un jour , celle-ci lui fait l’affront de ramener à la maison un autre toutou. Duke, c’est son nom, est en plus du genre encombrant. Bien décidé à s’en débarrasser, Max échafaude un plan qui va mal tourner. Perdu avec Duke dans l’immensité de New York, il n’a alors pas d’autre choix que se s’allier à son concurrent pour espérer retrouver son foyer…
La Critique :
Chris Renaud, le compère de Pierre Coffin, avec lequel il créa la franchise Moi, Moche et Méchant, avec ses Minions, s’est allié avec Yarrow Cheney pour imaginer une sorte de déclinaison maligne de Toy Story, où les jouets sont remplacés par des animaux domestiques. Comme des Bêtes repose donc sur la question énoncée plus haut, à savoir : que font nos chiens et chats quand nous partons pendant la journée ? Un postulat qui rappelle certes celui de la trilogie de Woody et Buzz l’éclair mais qui arrive sans problème à exister par lui-même sans encourager l’emploi de mots comme « plagiat ». Car la question est presque légitime. Quel propriétaire de chien ou de chat ne s’est pas un jour demandé comment leurs compagnons à quatre pattes passaient le temps. Certains ont même mis en place un système de vidéo-surveillance, juste histoire de percer le mystère. Bien sûr, la plupart du temps, nos compagnons poilus roupillent ou grattent à la porte quand il entendent un bruit suspect. Mais pourquoi ne pas laisser son imagination s’emballer et se dire qu’ils vivent aussi de grandes aventures ? C’est précisément ce que raconte Comme des Bêtes. Et en plus, il le fait rudement bien !
Plongés dans une ville de New York magnifiquement représentée, baignée dans de sublimes teintes automnales, Max, Duke et tous les autres animaux du film, s’avèrent immédiatement attachants. L’introduction du film (soit la bande-annonce) nous les présente les uns après les autres, en dessinant les contours de leurs personnalités respectives. Chacun possède ses propres caractéristiques, allant souvent de pair avec leur race. Parfois, c’est le décalage qui fait mouche, comme c’est le cas pour l’antagoniste principal, un mignon petit lapin blanc, aussi machiavélique qu’adorable au premier abord. Que ce soit concernant les héros de premier plan, où ceux que l’on ne voit parfois que quelques secondes, Comme des Bêtes jouit d’un sens du détail en somme toute hallucinant. Dans les décors, le design des personnages et dans l’écriture. Le scénario est au diapason du formidable travail accompli par les dessinateurs et les animateurs. On s’attache très vite à Max, Duke, Gidget et à tous les autres. Surtout si on a soi-même des animaux, car après tout, le film est dédié aux amoureux des bêtes. Chris Renaud et ses acolytes se sont par ailleurs basés sur de vrais comportements, qu’ils ont extrapolé de diverses manières, avec plus ou moins de second degré, pour donner vie à ce joyeux petit monde. Ils annoncent la couleur très rapidement et impriment à leur histoire une rythmique implacable qu’ils arrivent à alimenter sans démériter jusqu’au bout. Même si Comme des Bêtes souffre de deux ou trois petites baisses de régime, il ne pose jamais le pied (la patte ?) à terre et trace sa route. Les gags s’enchaînent à vitesse grand V et souvent, ils sont hilarants. L’inventivité est telle et l’audace tellement bien canalisée, qu’il est difficile de passer ne serait-ce que 5 minutes sans rire. Le long-métrage nous colle le sourire pendant presque 1h30, alors qu’il en profite également pour faire passer l’inévitable morale, ici remarquablement illustrée, sans excès de guimauve ou tout autre substance trop souvent utilisée à outrance dans le cinéma dit familial.
Hymne à la tolérance, au partage et à l’entraide malgré les différences, Comme des Bêtes n’entend pas révolutionner quoi que ce soit, mais au final, c’est presque ce qu’il parvient à faire, tout en restant dans les limites imposées par le genre auquel il s’attache. Il fait les choses bien, tout simplement, sans se prendre la tête, en respectant son public et ses personnages. Et des personnages, le film en regorge. Si ce sont des chiens qui mènent la danse, on trouve aussi des crocodiles (les fameux que l’on peut trouver dans les égouts de New York, si on en croit la légende urbaine), des chats, des hamsters, des oiseaux de toutes sortes et des serpents. Des animaux qui confèrent au métrage un côté bariolé très efficace et parfaitement à propos au regard de la richesse de leur environnement. On se prend alors à suivre avec un plaisir véritable, et ce quel que soit son âge, Max et Duke dans les rues d’une ville reconstituée numériquement avec amour, au fil de péripéties tour à tour comiques, trépidantes et spectaculaires. On s’amuse également au détour des nombreuses références parfaitement intégrées et à la fin, la petite larme n’est pas loin, tant l’honnêteté et la sincérité dominent tout du long, sans une pointe de cynisme.
Déjà fort du succès des Minions et des deux Moi, Moche et Méchant, Universal peut maintenant se targuer de posséder dans son catalogue un autre sérieux concurrent, capable de tenir sans problème la dragée haute aux livraisons du tout puissant Pixar. Fédérateur, grâce notamment à ses multiples niveaux de lecture, Comme des Bêtes a le potentiel de ravir le plus grand nombre. Il s’avère de plus visuellement très réussi, et la mise en scène exploite parfaitement son environnement pour nous offrir quelques jolis morceaux de bravoure.
Et puis franchement, les héros, contrairement à ces bestioles jaunes dont nous tairons le nom, ne sont pas insupportables… Ce n’est pas négligeable.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Universal Pictures International France