[CRITIQUE] CRAZY BEAR
Titre original : Cocaine Bear
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Elizabeth Banks
Distribution : Keri Russell, Ray Liotta, O’Shea Jackson Jr., Alden Ehrenreich, Christian Convery, Brooklyn Prince, Margo Martindale, Jesse Tyler Ferguson, Kristofer Hivju, Matthew Rhys…
Genre : Horreur/Comédie
Durée : 3h35
Date de sortie : 15 mars 2023
Le Pitch :
Un ours noir tombe par hasard sur une cargaison de cocaïne dans les bois de Géorgie. La drogue ayant sur lui un effet dévastateur. L’animal s’attaquant sauvagement à quiconque croise sa route…
La Critique de Crazy Bear :
Inspiré librement d’une histoire vraie (un ours noir a découvert un sac de sport contenant de la cocaïne, en a ingéré une partie et en est mort), Crazy Bear, ou Cocaine Bear en version originale, est donc le nouveau film d’Elizabeth Banks. L’occasion pour l’actrice/réalisatrise de changer radicalement de registre (on lui doit Pitch Perfect 2) et au passage de faire oublier sa version bien à la ramasse de Charlie’s Angels en 2019.
Hey sapapaya !
Avec son pitch aussi délirant que prometteur et son casting pour le moins solide (avec Ray Liotta dans son dernier rôle) Crazy Bear avait tout pour s’imposer tel un objet filmique non identifié des plus enthousiasmants. Pourtant, à l’arrivée, cette histoire d’ours cocaïné peine à convaincre. Aux commandes, Elizabeth Banks fait de son mieux c’est certain, parvenant à emballer des séquences très réussies et en effet assez dingues (la scène de l’ambulance sort du lot), en mettant à profit un talent que ses précédentes réalisations n’avaient pas permis de souligner. En revanche, elle ne parvient jamais à pleinement exploiter son matériau de base pour offrir un film bien équilibré. En d’autres termes, Crazy Bear semble hésiter en permanence entre l’horreur relative à ce que l’on appelle les films d’agression animale (comme Les Dents de la mer et Cujo par exemple) et l’humour délirant.
Overdose animale
Le fait d’utiliser en tout début de métrage le titre Jane du Jefferson Starship, soit la musique du générique de la série Wet Hot American Summer, dans laquelle Elizabeth Banks jouait, semble annoncer la couleur : non, Crazy Bear ne sera pas un Dents de la mer avec un ours. Cette chanson à elle seule semblant en quelque sorte promettre un spectacle comique raccord avec les films du National Lampoon (Bonjour les vacances) et d’autres cadors du genre. Ce que Crazy Bear est parfois, sans jamais parvenir à se montrer réellement hilarant, à cause d’une écriture bancale en permanence. C’était pourtant malin tant le pitch à lui seul ne pouvait pas donner lieu à autre chose qu’une comédie avec des accents gore. Mais voilà, la comédie, c’est tout art. Un art que le scénariste, Jimmy Warden, ne maîtrise pas non plus à la perfection. Une impression renforcée par une structure narrative et un montage maladroits d’ailleurs.
Gore à mi-temps
Dans ses meilleurs moments, Crazy Bear rejoint un peu les délires à la Eli Roth comme Cabin Fever, avec lequel il partage d’ailleurs un cadre similaire. Le tout sans jamais vraiment oser y aller franchement. Ce qui est curieux, c’est que le film fait preuve d’une audace un peu étrange, voire déplacée, comme quand il montre deux gamins en train de goûter à la cocaïne, pour ensuite se réfugier derrière des lieux communs et jouer les timorés par la suite. Les personnages, pas spécialement attachants car très survolés, ne conférant pas au récit une profondeur particulière. On répense alors souvent à des films du même genre, autrement plus réussis et on imagine ce que Crazy Bear aurait pu être entre d’autres mains.
Ours addict
Néanmoins, Crazy Bear est court et rythmé et certains acteurs, malgré des partitions faméliques, livrent des performances honorables. Et puis il est agréable de voir une dernière fois Ray Liotta à l’œuvre. Il est également bon de souligner la beauté des paysages des Monts Wicklow près de Dublin en Irlande (alors que l’action se situe en Géorgie aux États-Unis). Crazy Bear qui aurait donc mérité un peu plus de folie et un peu plus de maîtrise pour vraiment sonner avec la force espérée. Un film avec un ours en images de synthèse la majorité du temps convainquant, décousu mais plutôt amusant, qui ne va pas au bout des choses mais qui, pourtant, parvient à divertir.
En Bref…
Petite série B finalement très anecdotique car pas assez jusqu’au-boutiste dans son approche de la comédie et de l’horreur, Crazy Bear n’exploite pas pleinement son génial pitch et c’est dommage. Reste qu’Elizabeth Banks fait preuve d’un vrai savoir-faire et que les acteurs semblent s’amuser. Le plaisir qu’ils prennent à se fritter avec cet ours cocaïné étant assez communicatif pour nous sauver de l’ennui.
@ Gilles Rolland