[Critique] DANS LA TÊTE DE CHARLES SWAN III

CRITIQUES | 30 juillet 2013 | Aucun commentaire

Titre original : A Glimpse Inside The Mind of Charles Swan III

Rating: ★★½☆☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : Roman Coppola
Distribution : Charlie Sheen, Jason Schwartzman, Patricia Arquette, Bill Murray, Katheryn Winnick, Mary Elizabeth Winstead, Aubrey Plaza, Richard Edson, Stephen Dorff, Dermot Mulroney…
Genre : Drame/Comédie
Date de sortie : 24 juillet 2013

Le Pitch :
Charles Swan troisième du nom a tout pour plaire : une carrière de graphiste florissante, un succès incontestable avec la gente féminine et de l’argent. Pourtant, le jour où Ivana, sa bien-aimée, le quitte, lassée de ses frasques multiples, Charlie sombre dans une espèce de dépression entrainant une profonde introspection. Épaulé par sa sœur et son meilleur ami, cet excentrique homme à femmes va aussi essayer de reconquérir le cœur de sa belle…

La Critique :
Dans la tête de Charles Swan III pourrait tout aussi bien s’appeler Dans la tête de Charlie Sheen. Charles Swan et Charlie Sheen entretenant en effet de nombreux points communs. Tous les deux adorent les femmes, les parties fines (c’est lié), la drogue, l’alcool et tous les deux sont de grands adolescents attardés aux aspirations mystico-utopiques.
Amis de longue date, Roman Coppola et Charlie Sheen se sont rencontrés sur le tournage d’Apocalypse Now, alors que leurs pères -Francis Ford Coppola et Martin Sheen- s’affairaient dans la jungle pour livrer l’un des plus grands films de tous les temps. Quelques 34 années plus tard, les deux hommes collaborent à l’occasion du second long-métrage de Roman.
34 années qui ont suffi à Charlie Sheen pour gravir à la vitesse grand V les marches de la gloire, pour en dégringoler tout aussi vite, lors d’un festival médiatique ayant succédé à son renvoi en fanfare de la série Mon Oncle Charlie. Star de quelques classiques, tels Platoon, Hot Shots (si, si, c’est un classique) ou encore Wall Street, Sheen est aujourd’hui malheureusement plus connu pour ses frasques, son goût pour les porno stars et la poudre magique qui circule à Hollywood, comme le chocolat chez Willy Wonka. Personne d’autre ne pouvait donc se plier avec autant d’aisance aux contraintes du personnage principal du script de Coppola. Personne, à part peut-être Nicolas Cage, qui lui aussi fait d’ailleurs parti du clan Coppola (c’est le neveu de Francis). Mais ceci est une autre histoire.

C’est alors que Charlie Sheen se coule avec une aisance toute naturelle dans les pompes d’un artiste graphiste à la ramasse, dépensier, alcoolique, égoïste et sévèrement porté sur la gente féminine. La surprise n’est pas au rendez-vous tant le film semble comporter son lot d’éléments auto-biographiques et malgré cela, dès le début, l’affaire sent un peu le sapin.
Centré sur un épisode délicat de la vie d’un homme qui l’est tout autant (quand il cherche à reconquérir la femme de ses rêves après s’être fait lourder), Dans la tête de Charles Swan III adopte une narration éclatée car ponctuée de délires plus ou moins inventifs et passionnants, censés illustrer les rêves et autres élucubrations du bonhomme. Un peu à la manière du passage de The Big Lebowski où le Duc s’envole dans les airs pour atterrir sur la piste d’un bowling géant, alors qu’il vient de se faire assommer. Un passage qui fonctionnait réellement, contrairement à la plupart de ceux de Charles Swan qui tombent un peu à plat, tout juste sauvés par les prestations irréprochables des acteurs.

Et ce sont justement les comédiens qui justifient le long-métrage. Charlie Sheen en premier lieu, car omniprésent, est comme dit plus haut, parfait dans le rôle. Avec une aisance folle, il prouve quel grand acteur il demeure, même si un petit changement de registre ne serait pas du luxe, tant Charles Swan ressemble au Charlie Harper de la série qui a fait le bonheur de son Livret A (ils sont tous les deux artistes, tous les deux quetards, tous les deux alcooliques, etc…).
Bill Murray aussi égaye toutes les scènes où il intervient, comme d’habitude d’ailleurs. Idem pour Jason Schwartzman, Patrica Arquette, ou encore la débutante et déjà pleine d’un entrain follement contagieux, Katheryn Winnick. Une belle distribution, intelligente et pertinente, dans laquelle on croise aussi les très fréquentables Stephen Dorff et Mary Elizabeth Winstead, et qui confère un prestige indéniable à cette œuvre un peu trop abstraite pour toucher au vif.

Illustrant par ce film bordélique, un éparpillement évident, Roman Coppola peine à canaliser toutes ses idées. Même avec l’aide de ses amis, il échoue à rythmer son histoire, alors que le film ne dure pas plus d’une petite heure trente. Trop anecdotique, trop décousu, Dans la tête de Charles Swan III est un essai semi-convainquant. L’ennui guette et tombe rapidement. Charles Swan est perdu dans les méandres de son cerveau torturé, tandis que le spectateur reste dubitatif. Contrairement à Spike Jonze qui avait réussi à sublimer les brillantes idées de son scénariste Charlie Kaufman dans des films comme Dans la peau de John Malkovich ou Adaptation, Roman Coppola se perd en chemin. Bloqué entre la folie d’un Kaufman justement et la poésie nourrie à la folie douce de Wes Anderson. Avant même d’avoir commencé peut-être, il rate le coche et peut remercier ses acteurs. Dommage néanmoins, car avec de telles forces en présence, nous étions en droit d’attendre mieux. Dommage aussi pour Charlie Sheen qui loupe un peu son retour sur le grand écran alors qu’un film indépendant, gavé de stars haut de gamme et centré sur sa personne si torturée, aurait pu déboucher sur un trip complètement fou et forcement plus irrévérencieux que cet essai un poil fade et beaucoup trop bancal. Restent une poignée de belles scènes, un côté tendre assez touchant, une poésie trop rarement insolite et deux ou trois gags assez drôles.

L’affiche, par contre, est parfaite !

@ Gilles Rolland

dans-la-tete-de-charles-swan-iii-7Crédits photos : UFO Distribution

 

Par Gilles Rolland le 30 juillet 2013

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