[Critique] DEVIL INSIDE

CRITIQUES | 21 février 2012 | 3 commentaires

Titre original : The Devil Inside

Rating: ½☆☆☆☆
Origine : Etats-Unis
Réalisateur : William Brent Bell
Distribution : Fernanda Andrade, Simon Quaterman, Evan Helmuth, Suzan Crowley, Ionut Grama, Bonnie Morgan, Brian Johnson, Preston James Hillier…
Genre : Horreur/Épouvante
Date de sortie : 22 février 2012

Le Pitch :
Une femme possédée tue trois personnes durant un exorcisme. Vingt ans plus tard, Isabella, sa fille, décide de se rendre à son chevet, en Italie, où elle est internée. Contrairement aux docteurs, qui affirment que la femme est atteinte d’une forme de maladie mentale très grave, Isabella pense qu’il s’agit là d’un cas de possession. Elle fait alors appel à deux jeunes prêtres pour l’aider à démêler le vrai du faux…


La Critique (Gilles) :
C’est toujours la même salade. Le film commence avec un avertissement. Le Vatican n’approuve pas ce film et n’y a pas participé. Grand bien lui fasse ! On fait ensuite la connaissance avec la jolie Isabella, qui décide de prendre l’avion pour l’Italie, où sa mère est internée. La caméra tremble, c’est gerbant 90% du temps et on se rend vite compte que le plus difficile sera de s’empêcher de sombrer dans un sommeil aussi profond que désintéressé.

Le « film » de William Brent Bell est donc un « documenteur » (film en caméra portée qui prend des airs de documentaire). On nous fait croire à la véracité d’une histoire, sans trop de conviction non plus et on essaye, à grand renfort d’images pourries et de sursauts en carton, de nous faire adhérer à une histoire cousue de fil blanc. Devil Inside est en cela un très bon exemple de ratage total. Une insulte au septième-art opportuniste et putassière, qui ne fait que surfer sur la vague du succès des Paranormal Activity. Et le plus grave, c’est que comparé à ce navet intégral, Paranormal Activity et ses suites feraient presque office de réussites.

Devil Inside et son absence de mise en scène, se contente d’enfiler les clichés à grand renfort de contorsions contre-nature et d’insultes bien graveleuses, histoire de raccrocher les wagons de L’Exorciste, ancêtre de tous les films de possession. Tentative aussi vaine que pathétique qui gonfle plus qu’elle n’effraie.

Réalisé sans aucune malice avec un petit million de dollar, Devil Inside traduit surtout l’incompétence de son réalisateur. Un type qui pense visiblement qu’il suffit de s’armer de quelques caméscopes et d’un vague scénario pseudo effrayant pour emballer un film. Malheureusement, pour le moment ça fonctionne, vu les recettes au box office, même s’il semble qu’il ne soit pas bien difficile de rentabiliser un tel produit vu son coût. En gros, on est donc très loin de la maestria d’un Rec

Depuis Le Projet Blair Witch, qui, quoi qu’on en pense, avait le mérite de proposer un truc assez nouveau (mais pas totalement faut pas délirer non plus), les documenteurs envahissent les salles. Le genre permet aux apprentis cinéastes sans talent et sans audace de proposer leur version des grandes thématiques de l’horreur. Le pire étant que, pendant ce temps, les studios donnent leur aval. Le spectateur, de son côté, est floué et se voit délesté de 10€ pour assister à un long clip torché à la va vite par une bande de bras cassés qui récoltent les dollars pour mettre rapidement une suite en chantier.

Bordel organisé par des amateurs aux dents longues, Devil Inside est tout simplement un désastre. En témoigne la fin, scandaleuse, qui, loin de répondre aux questions posées par le scénario, illustre le je-m’en-foutisme de l’entreprise.

En bref, vous l’aurez compris, le film est à éviter absolument.

@ Gilles Rolland

 

Crédits photos : Paramount

La Critique (Sarah) :
Il faudra se souvenir de Devil Inside qui aura marqué cette année 2012. Car nous lui attribuerons sans doute la palme du plus grand navet cinématographique de l’année.
L’interdiction de sa projection au Vatican a créé le buzz. Cependant, Devil Inside ne peut se féliciter que d’une seule chose : avoir gonflé les poches de la Paramount. Depuis sa récente sortie, il a déjà rapporté 55 millions de dollars de bénéfices qui ont déjà largement remboursé 1 million de budget (que Paramount aurait d’ailleurs, artistiquement parlant, bien fait de jeter par les fenêtres.)
D’un point de vue technique, le film relève vraiment de l’horreur. Le réalisateur ne lègue au spectateur ni fond, ni forme. Aucune ambiance n’est créée et le montage est bâclé au possible.
Lassé, le spectateur s’endort jusqu’à la scène la plus effrayante : l’aboiement d’un chien. Guidé par un sujet – l’exorcisme – usé jusqu’à la moelle, Devil Inside reprend les principes du found footage : le film est basé sur de pseudo images d’archives auxquelles le réalisateur superpose des images amateurs réalisées sous la forme d’un documentaire. Le film s’aligne donc à The Blair Witch Project et autres Paranormal Activity, à qui il vole la fausse bonne idée de profiter du found footage pour donner à son film un côté réaliste.
Ici, le réalisateur nous présente le cas de maman possédée et de sa fille désespérée.
En 1989, Maria Rossi aurait donc tué trois personnes sous l’emprise d’un démon. Vingt-ans plus tard, sa fille Isabella (qui obtient d’ailleurs la palme – longuement disputée – de la pire interprétation proposée dans ce film) se lance dans un périple pour éclaircir les circonstances de l’affaire.
Arrivée à Rome, où Maria est internée dans un hôpital psychiatrique, la jeune femme décide de mener l’enquête pour savoir si sa génitrice est aliénée ou possédée. Isabella est suivie sans cesse par son ami caméraman pour réaliser un film amateur. D’ailleurs, réside ici une preuve parmi tant d’autres de la totale incohérence du film : il n’y est censé y avoir qu’un seul caméraman pourtant les personnages sont sans cesse filmés avec trois, voire quatre caméras.
Dans sa quête, Isabella recrute une bande de super-religieux qui pratiquent l’exorcisme en mélangeant science et religion avec une incrédulité hors du commun. Grâce à eux au moins, le spectateur rit de leurs pratiques aussi farfelues qu’invraisemblables. Le film est souvent très drôle malgré lui. Pensons notamment au passage où les membres de l’équipe craquent tous un à un face à la caméra, ce qui confère à la scène un côté Confessions intimes absolument hilarant.
Le long-métrage continue sa chute, guidé par un scénario quasi-inexistant. Et quand on est sûr d’être arrivé au fond du gouffre, voilà que l’on s’aperçoit que Maria n’est pas sous l’emprise d’un, ni de deux, ni de trois, mais bien de quatre démons. De surcroit, les démons s’échappent de son corps où ils croupissaient depuis plus de vingt ans pour venir se réfugier dans le corps du caméraman et celui du prêtre qui s’empare d’un revolver pour faire céder ses compagnons à la panique…Non ; vraiment, faut pas pousser.

@ Sarah Bouyé

Par Gilles Rolland le 21 février 2012

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[…] sortir dans les salles obscures, deux documenteurs. D’un côté, nous avons le lamentable Devil Inside (critique ici) et de l’autre Chronicle, nébuleux ersatz des films de super-héros mixé à […]

The Joker
The Joker
11 années il y a

Le problème, avec la première critique, est l’impression d’un parti pris avant même le visionnage du film par le “journaliste/critique ???”.

N’ayant moi-même pas trouvé le film réussi, je suis cependant loin du jugement de l’expert Gilles Rolland, qui a l’air de s’y connaitre à fond les ballons, notamment dans l’usage d’éruditions propres aux critiques négatives telles que “putassière”, véritable punchline de l’artiste raté qui se venge sur ceux qui ont les couilles et les moyens de proposer quelque chose, fut-elle sinistrement médiocre.

Même si la critique négative est fortement recommandée pour ce loupé qu’est “The Devil Inside”, notons tout de même que le vomis frustré de ce fameux Gilles rend au moins hommage à la profession de critique cinématographique, en montrant tout ce qu’il ne faut pas faire lorsque l’on se prétend objectif.

hippocampestudio
Administrateur
11 années il y a
Répondre à  The Joker

Tout d’abord merci d’avoir pris le temps de rédiger ce petit mot doux à mon intention. Notre but à nous les artistes ratés c’est avant tout de provoquer des réactions quelles qu’elles soient.
Ensuite, je peux t’assurer que j’ai bien vu le film. J’utilise des mots comme putassière oui, c’est mal je sais mais bon, en l’occurrence il me semblait tout à fait approprié pour décrire la médiocrité de l’ensemble.
Et oui j’ai vu le film. C’est le propre d’une critique : voir le film sur lequel on écrit. Je ne critique pas les films que je n’ai pas vu. Et dans un sens, si William Brent Bell a eu les couilles de réaliser son film, il est certainement respectable. Si tu le dis… Et pour ce qui est d’être objectif, je ne saurai que te renvoyer vers la définition de la critique. Une critique est automatiquement soumise au point de vue de son auteur. C’est pour ça que certains peuvent trouver un film bon alors que d’autres non. Une critique est donc subjective. Quand on parle d’art, c’est difficile d’être objectif, à moins bien sûr de se prétendre supérieur et de penser détenir la vérité universelle. Alors non je ne me suis jamais prétendu objectif.

Pour finir, je tiens à dire que si le réalisateur William Brent Bell fait un bon film, je serai le premier à le reconnaitre. Je ne juge pas la personne, seulement le travail. À bon entendeur.