[Critique] DOS AU MUR
Titre original : Man on a Ledge
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Asger Leth
Distribution : Sam Worthington, Elizabeth Banks, Jamie Bell, Ed Harris, Anthony Mackie, Genesis Rodriguez, Ed Burns, Mandy Gonzales, William Sadler, Kyra Sedgwick…
Genre : Thriller
Date de sortie : 15 février 2012
Le Pitch :
Après une évasion spectaculaire, Nick, un ancien flic condamné à une lourde peine pour cambriolage, se retrouve sur la corniche d’un immeuble, en plein Manhattan. Manifestement décidé à sauter dans le vide, Nick réclame pourtant à la police la présence de la négociatrice Lydia Mercer. En bas, dans la rue, la foule se rassemble pour observer la scène. La situation est électrique. Surtout quand on comprend qu’il s’agit ici de bien plus que d’une tentative de suicide d’un homme à bout de nerf…
La Critique :
La crise inspire les scénaristes c’est indéniable. Il y a ceux qui préfèrent en rire, comme avec Le Casse de Central Park de Brett Ratner et ceux qui dénoncent sur une tonalité tragique, à l’instar du pertinent The Company Men, de John Wells. Dans tous les cas, la dénonciation pointe sous le vernis du genre adopté. Y compris chez Brett Ratner c’est dire, qui avec son Casse de Central Park illustrait la revanche d’une bande d’employés floués par un grand patron et bien décidés à se venger.
Car aujourd’hui, alors que le monde accuse le coup d’une crise financière qui joue les prolongations, les méchants ne sont plus forcement de grands psychopathes cannibales ou d’affreux terroristes venus de lointaines contrées. Aujourd’hui le mal se cache derrière la fiche de paye. Il dirige les grands groupes et licencie à tour de bras. Le contexte est propice et la revanche se joue sur les plateaux de cinéma puis dans les salles obscures.
Mais bien souvent, la réflexion se pare d’atours opportunistes et la charge héroïque prend alors des airs un peu putassiers (exception faite du précité The Company Men). C’était le cas dans le néanmoins sympathique Le Casse de Central Park, tout comme c’est le cas ici avec Dos au mur. La comédie qui flirte avec Ocean’s Eleven d’un côté et le thriller qui fait du pied à David Mamet de l’autre, tout en rappelant le génial Inside Man de Spike Lee. Et dans les deux camps, si le résultat s’avère être fort divertissant, on ne retiendra qu’un vague contexte social finalement bien plus anecdotique qu’autre chose.
Dans Dos au mur, un homme à bout, victime du système, veut en finir en se jetant dans le vide. Premier long-métrage d’Asger Leth, qui s’était pourtant essayé au pamplhet politique vindicatif avec Ghosts of Cité Soleil (qui dénonçait la corruption du gouvernement haïtien), Dos au mur doit s’envisager en tant que polar urbain destiné aux séances du samedi soir.
Dans le genre, le film et son scénario à tiroirs s’en sortent relativement bien. On suit avec plaisir les mésaventures de Sam Worthington, toujours très à l’aise dans les pompes du mec qui se bat seul contre tous et on ne s’étonne pas de voir les rebondissements aussi improbables que spectaculaires s’enchainer. Car c’est comme cela que le film retient l’attention. En empruntant les clichés des genres qu’il aborde, sans en retenir l’essence véritable. Dos au mur présente un patchwork plaisant, nerveux et plutôt bien réalisé. On est donc loin d’Inside Man mais la présence d’une ribambelle d’acteurs stimulants aide bien à l’immersion. On retrouve avec un plaisir non dissimulé cette vieille branche de William Sadler (vu dans Demon Knight, le premier film tiré des Contes de la Crypte, mais aussi dans 58 Minutes pour vivre, La Ligne verte ou Les Evadés), on s’amuse du rôle pépère du trop rare Ed Burns (Les Frères McMullen, Confidence, The Holiday) et c’est avec également beaucoup de joie qu’on accueille la performance toute en nerf du grand Ed Harris, lui aussi beaucoup trop discret ces derniers temps.
Une galerie de gueules, entre jeunes premiers (Jamie Bell, revenu de Tintin, est aussi de la partie, cette fois-ci très bien accompagné) et vieux briscards, qui habite un long-métrage qui se la joue chronique moderne sur l’abus de pouvoir, mais qui tient plus du policier social mâtiné d’action « over the top ». La vraisemblance n’est pas de mise et l’on prend nombre de raccourcis. Mais peu importe comment on entrevoit Dos au mur tant qu’on garde à l’esprit les qualités primaires de ce dernier.
@ Gilles Rolland