[Critique] DUMB & DUMBER DE

CRITIQUES | 17 décembre 2014 | Aucun commentaire
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Titre original : Dumb and Dumber To

Rating: ★★★★☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : Peter Farrelly, Bobby Farrelly
Distribution : Jim Carrey, Jeff Daniels, Rob Riggle, Laurie Holden, Rachel Melvin, Kathleen Turner, Don Lake…
Genre : Comédie/Suite
Date de sortie : 17 décembre 2014

Le Pitch :
20 après leur aventure à Aspen, Harry et Lloyd sont de retour et non, ils n’ont pas changé. Lorsque Harry apprend de manière totalement fortuite qu’il est père d’une jeune femme qui est désormais âgée de 22 ans, les deux amis décident de reprendre la route pour aller la retrouver. Le voyage ne sera pas de tout repos…

La Critique :
Attention, là on touche au culte. Oui, car Dumb et Dumber premier du nom est à la comédie américaine, ce qu’Il était une fois dans l’Ouest est au western : un mètre-étalon, une pierre angulaire, un véritable classique !
Offrir une suite à un tel monument, célébré depuis 20 ans par un contingent de fans sans cesse plus important, relevait à la fois du fantasme ultime, mais aussi du défi XXL. Même dans l’hypothèse de voir se retrouver les acteurs originaux et les mêmes réalisateurs. Forcément, quand la nouvelle a été officialisée ce fut l’émeute sur la toile. Les premières photos ont largement circulé et la bande-annonce a battu les records de visionnages sur YouTube. De quoi faire naître de grosses attentes concernant le film. Et ce film le voici enfin. Deux décennies après le premier épisode, Harry et Lloyd, les deux imbéciles heureux les plus attachants de la comédie qui ne se prend pas au sérieux, rempilent, et comme il est souligné dans le pitch, non, ils n’ont pas changé.

Très en forme, Jeff Daniels et Jim Carrey endossent une nouvelle fois des rôles qu’ils connaissent bien et que, visiblement, ils apprécient. Harry et Lloyd font alors très bonne figure. Les 20 ans ne se font pas vraiment sentir tant les deux gus font preuve d’une fougue remarquable et que, sur un plan purement physique, aucun problème ne se pose quant au fait de voir un type de 52 ans et un autre de 59 (et oui déjà) se balancer des coups de poings dans les valseuses comme au bon vieux temps. C’est même au contraire très jubilatoire, tant le long-métrage parvient -et c’est sa première qualité- à renouer dès les premières minutes avec l’état d’esprit de Dumb et Dumber. Jim Carrey, en retrouvant Lloyd, renoue du même coup avec le style qui a fait sa gloire et qu’il a un peu délaissé ces derniers temps, même si sa performance dans le injustement boudé The Incredible Burt Wonderstone valait largement le détour elle aussi. Avec une énergie incroyable et toujours aussi inspiré quand il s’agit de hisser le cabotinage au rang d’œuvre d’art, Carrey assoit sa suprématie sur un humour visuel très potache et toujours aussi dévastateur. Jeff Daniels pour sa part, ne lâche rien non plus, surtout si on considère que la comédie n’a jamais vraiment été son genre de prédilection. Là comme jadis, il fait des merveilles. Les deux comédiens sont toujours aussi complémentaires, toujours aussi drôles et toujours aussi attachants, pas de doute là-dessus.

Dumb-and-Dumber2-Carey-Daniels

Réunion de famille à l’humour sans cesse régressif, Dumb & Dumber De (qui pousse le délire jusque dans son titre donc) signe aussi le retour sur le devant de la scène des frères Farrelly, après deux films boudés par le public (Bon à Tirer, Les Trois Corniauds). Ces derniers ont sévèrement bataillé pour mener à bien le retour en grâce de Harry et de Lloyd, et force est de reconnaître que ce come-back ardemment désiré a de la gueule. Le hic (et oui, malheureusement il y a un hic), c’est qu’ils ont joué la sécurité.
Peut-être effrayés à l’idée de relever le défi qui consistait à combler des attentes de toute façon monumentales, les frangins nous servent un film qui tient tout autant de la suite que du remake. C’est bien simple, Dumb & Dumber De suit la même structure narrative que son prédécesseur. Harry et Lloyd prennent la route motivés par une nouvelle qui intervient inopinément dans leur vie (retrouver Mary dans le premier, retrouver la fille de Harry dans celui-là), et enchainent des péripéties elles aussi calquées sur celles du premier volet. En parallèle, une intrigue policière se dessine et le scénario de multiplier, certes de façon plutôt jubilatoire, les clins d’œil. On retrouve le petit Billy qui a bien grandi, la voiture en forme de chien, etc… Pas de doute, on est bien au bon endroit, mais quelques surprises de plus n’auraient pas été de trop tant le long-métrage finit irrémédiablement par s’enliser dans une routine qui sera d’autant plus voyante si vous avez revu le premier volet juste avant de savourer la suite.
Alors oui, Dumb & Dumber De fait un peu dans la redite. Il reste dans les clous, mais ce sont ses clous, et pas les clous d’un autre. Ce qu’il faut comprendre par là, c’est que quoi qu’il en soit, le tout reste très irrévérencieux et à sa manière, très intègre, en cela que les Farrelly n’ont finalement fait que copier une recette qu’ils ont eux-mêmes inventée, et qu’ils exploitent ici à nouveau.
Le principal est que le film est drôle. On rit souvent et beaucoup. Le plaisir est là et sous ses airs de bonne vieille pantalonnade, Dumb & Dumber De est aussi un beau film sur l’amitié de deux gars uniques en leur genre.
En choisissant de s’aventurer sur des chemins inexplorés, les Farrelly auraient pu accoucher d’une très grande comédie. D’un nouveau classique. À la place, ils nous livrent davantage un hommage. Dumb & Dumber De est une grosse madeleine de Proust. Un bon gros délire comme on les aime, mené tambour battant. Un film comme on en fait plus (trop) qui ne fait pas la demi-mesure. Une symphonie à la gloire du prout, du rôt, et tout ce qui reste, quoi qu’en pensent les élitistes, universellement drôle. Du grand art.

@ Gilles Rolland

Dumb-and-Dumber-De-Carey-DanielsCrédits photos : Metropolitan FilmExport

 

Par Gilles Rolland le 17 décembre 2014

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