[CRITIQUE] DUNE, DEUXIÈME PARTIE
Titre original : Dune : Part Two
Rating:
Origines : Canada/États-Unis
Réalisateur : Denis Villeneuve
Distribution : Timothée Chalamet, Zendaya, Rebecca Ferguson, Josh Brolin, Austin Butler, Florence Pugh, Christopher Walken, Dave Bautista, Léa Syedoux, Stellan Skarsgård…
Genre : Science-Fiction/Adaptation/Suite/Saga
Durée : 2h46
Date de sortie : 28 février 2024
Le Pitch :
Alors que les Harkonnen pensent avoir exterminé la totalité des Atréides, Paul, le fils du duc, a rejoint les Fremen avec sa mère. Désigné par certains d’entre-eux comme le messie qu’annonçait la prophétie, Paul doit décider d’embrasser ou non son destin alors que l’empereur ne cesse de favoriser les Harkonnen afin de toujours plus augmenter la production d’épice, la ressource la plus précieuse de l’univers…
La Critique de Dune, deuxième partie :
Denis Villeneuve n’a pas chômé. Impactée par la pandémie de Covid-19, la sortie de Dune en septembre 2021 n’a en rien affecté le rythme de travail du réalisateur qui revient à peine trois ans plus tard avec la suite tant attendue. Toujours adapté des romans cultes de Frank Herbert, ce second volet voit Paul Atréides, le gentil prince campé par Timothée Chalamet devenir le porte-drapeau des Fremen dans leur lutte contre l’empereur et les Harkonnen. Mais sinon, Dune 2, qu’est-ce que ça vaut ?
Épicé tout
Dune, c’est le genre de truc auquel on accroche ou non. Le premier film mettait d’ailleurs particulièrement en valeur ce point. L’univers en lui-même est clivant. Des décors certes majestueux mais pour autant assez monotones, au sein desquels interagissent des personnages plutôt caricaturaux, sous la direction d’un metteur en scène investi et talentueux. Le tout étant rythmé par la musique impossible à ignorer de Hans Zimmer.
Le deuxième épisode continue sur la lancée si ce n’est qu’étant donné que la mise en place a été faite, on peut enfin rentrer dans le vif du sujet. Paul retrouve l’indomptable Chani (Zendaya, toujours impressionnante), ça se frite dans tous les sens et les gros vers des sables sont au rendez-vous. Oui, Dune 2 est plutôt rythmé et plus spectaculaire que le précédent. Mais est-il pour autant forcément plus réussi ? Ça se discute…
Blockbuster ensablé
À l’heure où Marvel a lâché la rampe et part dans tous les sens et où la majorité des blockbusters a tendance à se perdre dans l’excès et le grand n’importe quoi, Dune 2 fait bien sûr figure d’exception. Même si on n’accroche pas l’univers et à la proposition d’ensemble de Denis Villeneuve, force est de reconnaître que ce dernier a une fois encore livré un film plutôt exigeant, visuellement très réussi et dans les grandes lignes assez impressionnant et ambitieux. Cela dit, à bien y regarder, Dune 2, comme son prédécesseur, n’est jamais aussi profond, complexe ou audacieux qu’il veut bien nous le laisser croire. Ici, tout est question d’artifices. Des artifices pour masquer une histoire réduite à sa plus simple expression, qui joue elle aussi sur des bons vieux clichés, sans parvenir jamais vraiment à encourager une quelconque émotion.
C’est le principal soucis de Dune 2 : comme Dune 1, le film déroule une succession de scènes il est vrai souvent impressionnantes et même parfois galvanisantes, mais jamais il ne parvient à nous embarquer véritablement. Il peut bien arriver plein de trucs hyper tendus à Paul, on sait très bien qu’il va s’en sortir. Le génie de Star Wars, de la première trilogie en tout cas, était justement de notamment nous faire vibrer pour Luke Skywalker quand bien même nous savions très bien qu’il serait de retour dans le film suivant. Ici, les émotions ont du mal à surgir. Paradoxalement, alors que les personnages évoluent dans un désert torride, le spectacle paraît froid et un peu trop désincarné par moments pour pleinement convaincre. En d’autres termes, Dune 2 ne manque pas de panache mais plutôt de cœur.
Vers solitaires
Visuellement parlant, certains choix de Villeneuve semblent aussi étranges. Prenons les vers. Au centre de l’une des scènes les plus déterminantes du film, quand Paul choisit d’en chevaucher un pour prouver sa valeur aux Fremen, les vers ne produisent jamais l’effet prévu. Même David Lynch, dans son Dune, leur accordait plus d’importance et était parvenu à les rendre plus spectaculaires. Ici, Paul, quand il parvient à attirer le plus gros vers jamais vu, monte dessus et surfe dans le désert. Le vers évoluant au raz du sol sans raison particulière. Le soufflé retombe. Idem à la fin. Jamais les vers ne se montrent vraiment. Fatalement, alors que tout le monde semble les craindre, ces derniers n’incarnent pas un véritable danger. Même chose pour toutes les bestioles que le personnage de Javier Bardem mentionne quand Paul va faire sa balade dans le désert. On ne les voit jamais et au final, la planète Arrakis ne paraît jamais vraiment aussi hostile qu’on veut bien nous le faire croire.
Sables mouvants
Pour autant, Dune 2 possède aussi bien sûr des qualités évidentes. Certaines séquences, comme celle qui voit le méchant joué par Austin Butler, sont visuellement très réussies. Il en va de même de la fin, plutôt intense et de quelques scènes bien emballées. Mais encore une fois, l’ensemble manque de liant et de cœur. Paul passe trop vite de prince déchu indécis à redoutable leader, les personnages secondaires ne sont pas tous traités à égalité, certains se résumant à des poncifs éculés alors que d’autres, comme celui de Rebecca Ferguson, tombent dans l’outrance sans raison valable. Certes ambitieux, en tout cas plus que la majorité des films à gros budget qui sortent tous les ans en salle, Dune 2 est également trop long. Denis Villeneuve n’étant pas vraiment arrivé à équilibrer son récit et ses ambitions pour adapter avec autant de fougue que d’audace le récit monstre de Frank Herbert.
En Bref…
Ambitieux la plupart du temps, contenant quelques séquences vraiment réussies, parfois intense et profitant à n’en pas douter de son casting prestigieux, Dune 2, s’il se montre plus spectaculaire et rythmé, souffre des mêmes défauts que son prédécesseur. Le plus problématique étant son manque de cœur…
@ Gilles Rolland