[Critique] ELECTRIC BOOGALOO

CRITIQUES | 1 janvier 2015 | 2 commentaires
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Titre original : Electric Boogaloo : The Wild, Untold Story of Cannon Films

Rating: ★★★★½
Origine : Angleterre
Réalisateur : Mark Hartley
Distribution : Bo Derek, Molly Ringwald, Dolph Lundren, Mimi Rogers, Michael Dudikoff, Franco Nero, Elliot Gould, Robert Forster, Tobe Hooper, Richard Chamberlain…
Genre : Documentaire
Date de sortie : 15 janvier 2015 (DTV)

Le Pitch :
L’histoire de Cannon Films racontée par ceux qui l’ont vécue et qui ont participé à la légende, où comment Menahem Golan et Yoram Globus, deux cousins israéliens passionnés de cinéma, ont révolutionné et franchement secoué l’industrie hollywoodienne. Coups d’éclat, scandales, films d’action décomplexés, nanars attachants, ninjas, filles en bikini, explosions, bastons et Chuck Norris… Bienvenue dans les coulisses du studio le plus mythique des glorieuses années 80…

La Critique :
Menahem Golan et Yoram Globus ont refusé d’apparaître dans Electric Boogaloo, qui raconte pourtant l’histoire de Cannon Films, leur studio de cinéma. À la place, les cousins ont préféré produire leur propre documentaire, intitulé The Go-Go Boys (critique ici) et présenté au Festival de Cannes, avant sa sortie, fin 2014, soit quelques semaines avant Electric Boogaloo. Une démarche un poil roublarde, bien caractéristique des méthodes du tandem, destinée on s’en doute, à couper l’herbe sous les pieds de Mark Hartley, le réalisateur du film qui nous intéresse aujourd’hui.
On se retrouve donc avec deux documentaires sur Cannon Films. Deux longs-métrages miraculeusement complémentaires qui non contents de ne pas se marcher dessus, s’avèrent tous les deux passionnants et instructifs, et représentent en soi les deux facettes d’une même pièce.
Le cinéphile ayant grandi dans les années 80, au rythme des productions Cannon sera aux anges et saura apprécier autant l’un que l’autre.
Dans le coin rouge donc, The Go-Go Boys, ou comment célébrer le succès de la Cannon en faisant un peu abstraction de tout ce qui pourrait ternir l’image du studio aux yeux du grand public. Golan et Globus y interviennent régulièrement (Menahem Golan a disparu quelques temps après la présentation du film à Cannes) et tout est fait pour mettre en évidence la formidable pugnacité d’un couple de producteurs responsables à eux seuls d’une authentique révolution hollywoodienne.
Dans le coin bleu, l’enfant terrible Electric Boogaloo, qui se passe de la permission des principaux intéressés (qui ont néanmoins cédé les droits des images des films Cannon) pour nous raconter l’autre histoire de la Cannon. Plus rock and roll, sur beaucoup d’aspects plus fidèles à l’image des productions de la firme, tout aussi passionnant et un poil plus jubilatoire, Electric Boogaloo fonce dans le tas et n’a jamais peur d’écorner l’image de Golan et de Globus. Une narration qui, au final, ne fait pourtant que célébrer un peu plus les méthodes franches de la Cannon, tout comme son image et son rôle, en n’omettant aucune facette de son histoire.

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On apprend par exemple très vite que la Cannon ne lésinait pas sur le sexe pour attirer le chaland. Quand The Go-Go Boys débute l’histoire américaine des cousins par le succès de Breakin’, le premier film sur le mouvement break dance sorti en 1984, Electric Boogaloo parle avant tout de ces films un peu cochons avec notamment Sylvia Kristel (connue pour avoir incarné Emmanuelle) et Bo Derek. Des métrages ponctués de plans de femmes nues, histoire de pimenter le tout, quitte à en bousiller la dramaturgie, sur demande expresse d’un Golan conscient du pouvoir d’attraction des seins, fesses et autres accouplements plus ou moins suggérés.
Mark Hartlet, le réalisateur du documentaire, est un passionné et il est évident qu’il adore la Cannon. Ceci dit, il ne se prive pas pour donner la parole à un grand nombre d’intervenants, afin de croquer avec le plus de justesse l’identité de la Cannon, contrairement à The Go-Go Boys et sa frilosité manifeste quand il s’agit de causer des échecs du studio. Au final, si il fallait choisir un seul film, c’est probablement Electric Boogaloo qui s’imposerait, ne serait-ce que parce qu’il est le seul à aller au bout de son sujet, en exposant tous les aspects.
Les films érotiques donc, mais aussi et surtout les blockbusters d’action. Quand vient le tour d’American Warrior, avec Michael Dudikoff (présent dans les deux documentaires) ou de Portés Disparus (Chuck Norris a refusé d’intervenir), le film s’avère riche en anecdotes savoureuses et en images d’archives tout aussi jubilatoires. Idem quand Hartley traite de la facette « auteurisante » de la Cannon, avec des longs-métrages comme Barfly ou Othello. Les archives sont passionnantes et le discours ne fait pas dans la demi-mesure, en conservant en permanence ce soucis d’équité, entre un propos plutôt pro-Cannon et une critique plus vive envers les « manigances » cavalières de Golan et de Globus. Electric parle de plus de trucs bien obscurs et prend aussi le temps de s’attarder sur des œuvres cruellement oubliées de l’histoire comme Lifeforce ou le sous-estimé Massacre à la Tronçonneuse 2.

Côté invités, Electric Boogaloo fait les choses en grand. De l’ancien de chez MGM, toujours très remonté envers la Cannon, à des visages plus familiers comme Robert Forster, Dolph Lundgren, Bo Derek et Michael Dudikoff, le film est généreux et souvent très drôle.
Mark Hartley n’a peut-être pas réussi à convaincre Golan et Globus d’apparaître dans son métrage, mais au fond, c’est une bonne chose. Comme il le dit si justement lui-même, Electric Boogaloo raconte la vrai histoire de Cannon Films quand The Go-Go Boys se pose plutôt comme une autobiographie filmée des cousins, de leurs débuts en Israël à la déroute provoquée par des productions trop gourmandes et surtout complètement foirées comme Superman IV. Et puis, on le répète, les deux films sont complémentaires. Il faut voir les deux pour se faire une idée de ce qu’a vraiment accompli la Cannon en son temps. Pour saisir l’importance d’un studio à l’origine de nouvelles méthodes, animé d’un vrai amour pour le cinéma. Pour comprendre également comment la Cannon a influencé l’industrie du septième-art. Pour retrouver des extraits jubilatoires (Electric Boogaloo enchaîne les perles il faut bien le souligner), des déclarations fracassantes, et pour raviver la flamme d’un cinéma populaire et sincère. Non vraiment, Electric Boogaloo est génial ! Vraiment !

@ Gilles Rolland

electric-boogaloo-Over-the-TopCrédits photos : Luminor

 

Par Gilles Rolland le 1 janvier 2015

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Ced
Ced
9 années il y a

Et voila c’est chopé et je me regarde ça tonight ! J’en ai déjà l’eau à la bouche suite à cette critique 🙂 !!!