[Critique] EPIC : LA BATAILLE DU ROYAUME SECRET

CRITIQUES | 26 mai 2013 | Aucun commentaire

Titre original : Epic

Rating: ★★☆☆☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : Chris Wedge
Distribution voix : En V.O. : Amanda Seyfried, Josh Hutcherson, Colin Farrell, Beyonce Knowles, Christoph Waltz, Chris O’Dowd, Pitbull, Jason Sudeikis, Steven Tyler / En V.F. : Mélanie Laurent, Jérémie Renier, Boris Rehlinger, Ingrid Donnadieu, Dominique Collignon-Maurin, Xavier Fagnon, Asto Montcho, Thierry Kazazian, Garou…
Genre : Animation/Comédie/Fantastique/Aventure/Drame
Date de sortie : 22 mai 2013

Le Pitch :
Suite au décès récent de sa mère, Mary-Katherine (qui préfère se faire appeler Mary-Kate) va vivre avec son père, le professeur Bomba, inventeur brillant et excentrique qui est passionné par la forêt qui entoure sa demeure, insistant sur le fait que toute une civilisation de petits-hommes soldats vit parmi les arbres. Ses hypothèses s’avèrent bien plus vraies qu’il ne l’imaginait : une guerre secrète fait rage entre les Hommes-Feuille et les maléfiques Boggan, avec le sort de toute la nature en jeu. La Reine Tara cherche une héritière pour lui succéder pour garder le pouvoir mystique de la forêt en sécurité, et lorsque Mary-Kate se retrouve soudainement réduite à une très petite taille, elle pourrait bien être le choix idéal…

La Critique:
Perdants perpétuels derrière Pixar et DreamWorks, les studios Blue Sky de Fox nous ont précédemment amenés Rio et la série absurdement profitable qu’est L’Âge de Glace. Pour la plupart, les films Blue Sky laissent une impression de travail strictement bien fait mais on-ne-peut-plus standard. Populaires sans pénétrer l’air du temps, ce sont des divertissements marginalement adéquats destinés à être oubliés sur le chemin de retour du cinoche du coin.

Avec le dernier Blue Sky, au titre à la fois ambitieux et insipide, Epic : La Bataille du Royaume Secret, c’est plus ou moins la même chose. Inspiré d’un livre pour enfants à 32 pages de William Joyce (l’auteur des Cinq Légendes), le réalisateur Chris Wedge et tout un peloton de scénaristes (y compris Joyce lui-même), ont façonné un méli-mélo surpeuplé d’instants familiers et de scènes photocopiées d’autres films bien supérieurs. C’est le genre de film que même au premier visionnage, on a déjà l’impression d’avoir déjà vu ça.

Le plus grand exemple de l’imagination d’Epic se voit dans une séquence particulière où l’on aperçoit la forêt qui entoure la maison du père inventeur de l’héroïne du film, Mary-Katherine. Certaines feuilles et branches sont floues. D’autres sont d’une netteté claire. Les images sont tellement saisissantes dans leurs propres termes qu’il faut un moment avant que l’on ne remarque les créatures dans les parties floues du plan, camouflées parmi l’écorce et le feuillage. Puis vient un plan très long et ininterrompu qui plane à travers un collage d’objets particuliers : les journaux et les équations du professeur, ses schémas et ses croquis, ses dossiers et ses photos de recherche. Ces objets ont l’air illustrés et réels ; il y a de la poussière, des empreintes, des saletés. De telles images pourraient peut-être évoquer le générique d’ouverture de Du Silence et des Ombres, où la caméra explorait le contenu d’une boîte laissée pour le mystérieux Boo Radley.

Pas la peine de s’exciter. Ces images ne sont pas du tout représentatives du film. Le générique de fin, par exemple, qui n’est rien de plus qu’une poignée de broutilles, est déstinées à occuper les petits tandis que les adultes commencent à se lever de leur siège. Mais ils offrent des indices à ce qu’Epic aurait pu être, s’il n’était pas tellement esclave des clichés du cinéma d’animation moderne.

Il y a une protagoniste qui pleure la mort récente de sa mère, et un père brillant mais distrait qui aime son enfant, mais n’est pas la figure parentale idéale dont elle a besoin. Il y a un monde caché comme le Pays des Merveilles d’Alice qui sera exploré par l’héroïne curieuse. Il y a des gentils aux abois qu’elle rejoint dans une guerre contre des méchants qui représentent la pourriture et le chaos ; et leur chef est un despote rigolo. Il y a une mythologie qui sera achevée quand des gentils amèneront un MacGuffin dans un périple vers une fin prophétisée. Il y a un jeune guerrier rebelle avec qui l’héroïne commence une relation amicale mais coquette. Les deux parlent avec les inflexions et la familiarité des teenagers de l’âge Ipod. Il y a un guerrier plus vieux et plus balèze qui sert de mentor au jeune guerrier immature. Il y a des acolytes comiques, et une belle reine des forêts qui dit des banalités sur le cycle de la vie. Et après elle meurt. Ah, et le générique est accompagné de la chanson pop du moment. Parce que c’est comme ça.

C’est ça le problème avec des films pour enfants tels qu’Epic. Ce sont des produits pas très remarquables, qui n’ont pas grand-chose à voir avec la vision ou la conscience singulière qui personnalisent la source qu’ils adaptent. Des films comme Epic ne sont pas créés, ils sont fabriqués, n’offrant rien de la splendeur mélancolique ou de l’excès de beauté et d’émotion que le genre peut permettre. Oui, les compositions sont jolies, mais pas frappantes. Les séquences d’action sont intéressantes sans être palpitantes. Ce sont des divertissements avec autant de substance que du popcorn ou de l’air conditionné, qui s’évaporent aussi bien de l’esprit des jeunes que celui des adultes à peine quelques minutes après être terminés.

Il est aussi question de l’histoire. Les règles de l’univers d’Epic sont tellement inutilement compliquées qu’on passe presque tout le film à regarder des personnages expliquer l’intrigue entre eux. Il y a une guerre entre un tel et un tel, mais un tel est une reine qui va passer son pouvoir à un tel, et un tel a un fils, et un tel est amoureux d’une telle et tout est relié par un bourgeon qui est la clé mystique de toute la forêt. Ou quelque chose comme ça. Mais si vous avez déjà vu Le Seigneur des Anneaux, Avatar, John Carter, Arthur et les Minimoys, 1001 Pattes, Lucas, fourmi malgré lui et Ferngully, vous aurez beaucoup d’avance sur les personnages. C’est également le même message écologique, mais bizarrement les humains ne sont pas les coupables : pas de menace polluante à l’horizon, ils sont juste naïfs ! Non, les vrais méchants, ce sont les Boggan, des créatures sinistres qui ressemblent à des gargouilles, et qui sont méchantes parce que…parce que. Aucune motivation n’est donnée.

Wedge essaye de nous distraire avec du déjà vu, avec des créatures loufoques comme une chenille qui chante ou une grenouille gangster, et avec des caméos bizarres de célébrités qui prêtent leur voix comme Beyonce Knowles, Steve Tyler et Pitbull dans la version originale. Mais il n’est pas Miyazaki, et la chose la plus gentille qu’on peut dire à propos d’Epic, c’est qu’au moins il a l’obligeance de pratiquer le même message environnemental qu’il prêche : son scénario est recyclé.

Cette blague est bien plus épique que le film. Et plus « botaniquement » correcte.

@ Daniel Rawnsley

epic-2013-photoCrédits photos : 20th Century Fox France

Par Daniel Rawnsley le 26 mai 2013

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