[Critique] EVIDENCE

CRITIQUES | 16 avril 2014 | Aucun commentaire
Evidence-affiche-france

Titre original : Evidence

Rating: ★½☆☆☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : Olatunde Osunsanmi
Distribution : Stephen Moyer, Radha Mitchell, Caitlin Stasey, Torrey DeVitto, Dale Dickey, Nolan Gerard Funk, Harry J. Lennix…
Genre : Thriller/Horreur
Date de sortie : 11 avril 2014 (DTV)

Le Pitch :
Deux inspecteurs sont appelés sur une scène de meurtre au beau milieu du désert dans l’état du Nevada, à quelques kilomètres de Las Vegas. Ils retrouvent sur place plusieurs corps calcinés ainsi que des vidéos laissées par le tueur. Persuadés que ces images peuvent leur donner des indices quant à l’identité du responsable de ce carnage, les inspecteurs commencent à regarder les vidéos et découvrent l’histoire d’une bande de jeunes partis pour faire la fête à Vegas…

La Critique :
Le found footage a explosé il y a de cela plusieurs années, pour le meilleur, mais surtout pour le pire. À la base, le style se veut réaliste. Le terme « found footage » signifiant plus ou moins « vidéo retrouvée ». Une vidéo qui témoigne en général de l’aventure morbide d’un groupe de personnes ayant pris la peine de filmer tout ce qu’il leur est arrivé, avant de trépasser et de laisser leur témoignage sur bandes. Les premiers found footage ont alors logiquement et parfois avec une certaine efficacité, joué sur la soi-disant véracité des faits. Le Projet Blair Witch, maître étalon du genre, affirme ainsi que la sorcière cachée dans les bois existe vraiment. Plusieurs années avant Blair Witch, en 1980, Cannibal Holocaust inventait le found footage et se mettait carrément à dos une soixantaine de comités de censure, qui parvinrent à interdire le film. Ruggero Deodato se fit même arrêter par la police, forcé de prouver que ses acteurs étaient bel et bien vivants et n’avaient pas fini en charpie dans la jungle amazonienne où avait été tourné le long-métrage. Deodato qui exploita d’emblée ce postulat de « vidéo retrouvée » en scindant l’action en deux : d’un côté le film montre alors ceux qui ont trouvé la vidéo en train de la visionner et d’essayer de comprendre et de l’autre, il expose les images tournées à l’arrache par les victimes.
Plus tard, le found footage perdra un peu de vue cette recherche d’authenticité en ne prenant même plus la peine de rendre l’argument principal de vente crédible. Aujourd’hui, bien souvent, on balance juste des images tournées au caméscope sans ancrer le récit dans le réel et au passage, sans se soucier non plus d’emballer avec un minimum d’efficacité le propos.

Evidence, dernier found footage en date sorti directement en vidéo, se place en cela un petit peu dans la lignée de Cannibal Holocaust. Lui aussi est divisé en deux. Dans la première partie, deux inspecteurs déboulent sur une scène de crime, trouvent plusieurs vidéos, et décident de les décrypter pour essayer de trouver le coupable de la boucherie. Dans la seconde partie, tournée en found footage, ce sont les victimes qui racontent leur histoire. Régulièrement, le film passe d’une chose à l’autre et à la fin, tout est censé s’imbriquer.
Cela dit, la comparaison s’arrête là. Evidence ne surfe jamais sur la soi-disant véracité des faits et ce pour la simple et bonne raison qu’il met en scène des acteurs célèbres. Les flics sont interprétés par Stephen Moyer (True Blood) et Radha Mitchell, et on retrouve chez les victimes la star montante australienne Caitlin Stasey, vue Dans Demain, quand la guerre a commencé et plus récemment dans I, Frankenstein. En fait, Evidence aborde juste le genre thriller à rebondissements, en essayant de faire preuve d’un minimum d’originalité, tout en surfant sur la mode du found footage.
L’intention est louable mais c’est bien tout, tant Evidence s’impose comme un produit très fade, sans véritable intérêt.
Au lieu de s’approprier les forces des genres qu’il aborde, qu’ils soient thématiques ou formels, Evidence n’en retire que les faiblesses. La partie thriller classique, centrée sur l’enquête, n’est pas vraiment palpitante. Réalisée à grands renfort d’effets foireux, elle ennuie rapidement. L’autre partie, à savoir le found footage, est remarquablement filmé à l’arrache. Ça bouge, c’est sombre, on ne comprend rien, et à la fin, on ne cherche plus vraiment à comprendre. Caitlin Stasey est certes toujours aussi jolie, elle joue bien avec le peu qu’on lui donne, comme ses collègues, mais rien à faire, c’est du vu et revu et en plus ça tourne salement en rond.
Olatunde Osunsanmi, connu pour le vraiment pas terrible (voire carrément naze) Phénomènes Paranormaux, avec Milla Jovovich, fait ce qu’il peut derrière la caméra, mais plus ça va et plus il pédale dans la semoule. À la fin, ses tentatives pour rendre cette succession foireuse de twists poussifs à la Scream, ne mènent à rien si ce n’est à un constat sans appel : pas vraiment catastrophique mais pas loin car parfois animé d’intentions plutôt louables, Evidence s’impose vite comme un produit anecdotique anti-spectaculaire (pas trop de sang, action illisible…) qui ne mérite pas qu’on s’y attarde.

@ Gilles Rolland

EVIDENCE_Rachel-caitlin-staseyCrédits photos : Metropolitan FilmExport

Par Gilles Rolland le 16 avril 2014

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