[Critique] EXTREMELY WICKED, SHOCKINGLY EVIL AND VILE

CRITIQUES | 3 mai 2019 | Aucun commentaire
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Titre original : Extremely Wicked, Shockingly Evil and Vile

Rating: ★★★☆☆

Origine : États-Unis

Réalisateur : Joe Berlinger

Distribution : Zac Efron, Lily Collins, Kaya Scodelario, John Malkovich, Grace Victoria Cox, Jim Parsons, Haley Joel Osment, Dylan Baker, James Hetfield…

Genre : Drame

Date de sortie : 3 mai 2019 (Netflix)

Le Pitch :

Liz, une jeune mère célibataire, tombe amoureuse de Ted Bundy, un bel étudiant en droit extrêmement avenant. Ce qu’elle ignore, c’est qu’elle vient d’inviter le Diable à sa table. Tueur de sang froid, menteur, tricheur et manipulateur, Bundy a marqué l’histoire des États-Unis. Par le biais de ses sombres forfaits, mais aussi par rapport à son incroyable attitude détachée et décontractée durant ses procès…

La Critique de Extremely Wicked, Shockingly Evil and Vile :

Cette espèce de faux biopic sur le serial killer américain Ted Bundy sort sur Netflix quelques mois après sa présentation à Sundance mais surtout après la mise en ligne, sur la même plate-forme, de Conversations with a killer : The Ted Bundy Tapes, soit un documentaire en plusieurs épisodes sur la vie de Bundy. La série et le film étant l’œuvre du même homme, à savoir Joe Berlinger…

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Dans la tête du tueur

Si la mini-série documentaire sur Ted Bundy a remporté de nombreux suffrages grâce à son acuité, et à son aspect aussi documenté que glaçant, le film lui, risque de dérouter les spectateurs. Pourquoi ? Car il ne s’agit pas d’un biopic au sens strict qui entend raconter toute l’histoire de Bundy en revenant en détail sur ses crimes après avoir relaté son enfance. Non, ici, Joe Berlinger commence au moment où Budy rencontre sa fiancée, interprétée à l’écran par l’excellente Lily Collins, avant de poursuivre sur les procès qui s’enchaînèrent à partir du moment où il s’est fait coincer par les autorités. Berlinger saute volontairement plusieurs passages de l’histoire de Bundy, et élude tous les meurtres, en se contentant de les mentionner au cours des scènes de procès ou de rapidement les évoquer lors de très courtes scènes plutôt suggérées. Visiblement plus intéressés par la relation de Bundy avec sa petite-amie et la roublardise de ce dernier quand il s’agissait d’échapper à ses geôliers, le metteur en scène et son scénariste nous imposent beaucoup d’ellipses hasardeuses et semblent au passage oublier un truc primordial : toutes les personnes qui vont voir Extremely Wicked… n’ont pas nécessairement vu The Ted Bundy Tapes. Car au fond, c’est surtout cela qu’est le long-métrage : une sorte de complément au documentaire ou, encore mieux, une illustration plutôt anecdotique qui s’appuie sur le documentaire. Comme si la tentation de filer le rôle principal à un type aussi « trendy » que Zac Efron avait été trop forte mais qu’au final, Joe Berlinger n’avait pas réussi à raconter autre chose que ce qui était déjà montré dans le documentaire. Logique puisque les deux œuvres portent sur le même sujet ? Oui, mais le plus grave, c’est que parfois, le film semble véritablement calquer les images d’archives, finissant par ressembler à un exercice de style assez vain bien que visuellement, il est vrai, convainquant.

High School Murderer

Dans la peau de Bundy, Zac Efron est incroyable. C’est lui le pivot du film et jamais il ne manque une occasion de nous glacer le sang grâce son extrême compréhension du personnage. Peut-être un poil trop massif pour le rôle, il saisit par contre parfaitement bien toutes les inflexions de Bundy et fait preuve de tout le sens de la nuance nécessaire. Sa performance fait d’autant plus regretter que le film soit si timoré dans sa façon d’aborder son sujet car c’est vraiment l’homme de la situation. À ses côtés, Lily Collins et Kaya Scodelario se montrent également très convaincantes, tout comme Haley Joel Osment, alors que Jim Parsons et John Malkovich passent une tête. Sympathique mais anecdotique. Un peu comme cette apparition de James Hetfield, le frontman de Metallica. Lui par contre, joue comme une truffe. Et pourtant, on ne le voit que 30 secondes (Hetfield et Berlinger sont amis. Berlinger ayant dirigé le documentaire Some Kind Of Monster au début des années 2000). Des acteurs pour la plupart très bons, bien filmés, bien éclairés au centre d’une histoire qui apparaît bien confuse et ennuyeuse si on n’a pas déjà vu le documentaire avant. Mais le soucis, c’est que si on a vu le documentaire avant, on a tout du long cette désagréable impression de déjà-vu pour le moins handicapante quand vient le moment de juger l’ensemble. Pourquoi avoir zappé tant de passages ? Pourquoi avoir choisi un événement au lieu d’un autre ? Pourquoi avoir éclaté la narration si c’était pour parvenir à ce déroulé si chaotique des événements ? Des questions plutôt importantes, symptomatiques de l’aspect très fragile du film.

En Bref…

Très anecdotique, à plus forte raison quand on a déjà vu la série Netflix sur Ted Bundy, par ailleurs dirigé par le même réalisateur, ce film vaut surtout pour la performance incroyable de Zac Efron. Rien de déshonorant donc mais on est très loin d’œuvres autrement plus perturbantes comme par exemple Henry : Portrait of a Serial Killer, auquel on pense ici beaucoup, tout en regrettant que, sous couvert d’une roublardise hors propos, Joe Berlinger n’ait pas fait preuve de la même audace.

@ Gilles Rolland

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Crédits photos : Netflix
Par Gilles Rolland le 3 mai 2019

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