[Critique] GAMBIT, arnaque à l’anglaise

CRITIQUES | 9 février 2013 | Aucun commentaire

Titre original : Gambit

Rating: ★★☆☆☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : Michael Hoffman
Distribution : Colin Firth, Cameron Diaz, Alan Rickman, Tom Courtenay, Stanley Tucci, Cloris Leachman, Julian Rhind-Tutt, Pip Torrens…
Genre : Comédie/Remake
Date de sortie : 6 février 2013

Le Pitch :
Fatigué du tempérament fantasque et dictatorial du milliardaire Lionel Shabandar, son patron, Harry Dean, un marchand d’art, monte avec l’aide d’un complice une arnaque savamment étudiée. Le but : vendre à Shabandar une copie d’un tableau de Monet. Pour mener à bien son projet, Harry aura néanmoins également besoin d’une championne de rodéo américaine, au comportement des plus imprévisibles…

La Critique :
Remake d’Un Hold-up extraordinaire, de Ronald Neame, Gambit est aussi et surtout l’occasion de retrouver les Frères Coen à l’écriture. Un détail que la promo du film n’a bien sûr pas oublié, vu que l’affiche le mentionne de façon à ne pas le rater. Et à priori, un film écrit par Joel et Ethan Coen, qui voit se réunir devant la caméra l’oscarisé Colin Firth, Alan Rickman et Cameron Diaz, avait tout pour s’avérer bon. Pourtant, dès le départ, l’affaire fleurait bon la série B poussive. Ce qui, au final, s’avère exact. Pas évident d’expliquer pourquoi il était aisé de deviner que malgré sa distribution classieuse et ses scénaristes de grand standing, Gambit inspirait surtout de la méfiance. Peut-être est-ce le fait que dès la bande-annonce, le film promettait une intrigue remarquablement téléphonée, se plaçant directement dans la lignée des films de braquage, en mâtinant son propos d’une once de romance et de nombreux quiproquos, notamment dus au décalage entre le flegme british de Colin Firth et l’exubérance yankee de Cameron Diaz. Et à l’arrivée, c’est exactement ça.
Gambit ne réserve aucune grosse surprise. À l’exception peut-être du twist final, éventé mais relativement bien amené, le scénario des Coen est en pilotage automatique, ne se refuse aucune énormité prompte à justifier des situations loufoques proches du vaudeville, pas plus qu’il ne cherche à un quelconque moment une certaine originalité.
Alors pourquoi Ethan et Joel Coen se sont-ils compromis dans cette semi-galère ? Leur réputation n’est plus à faire -leur filmographie est éloquente- et rien ne laisse deviner leur plume dans cette comédie on ne peut plus classique.

Colin Firth, dans un registre plus léger que son précédent rôle dans le remarquable Le Discours d’un Roi, joue à Peter Sellers, sans forcer, laissant parler sa british attitude naturelle ; Cameron Diaz est en roue libre, n’hésite jamais à sombrer dans le pathétique et le sur-jeu et Alan Rickman fait ce que l’on attend de lui, à savoir le gros grincheux excentrique. Rien de neuf sous le soleil donc, même si au fond, l’ensemble s’avère parfois sympathique, surtout si on est indulgent et bien disposé. Notamment lors de quelques scènes qui encouragent à gentiment sourire et dans la faculté du film à sombrer sans qu’on s’y attende vraiment dans un comique plus bas de plafond, même si on aurait largement préféré que le réalisateur mise à fond sur un humour anglais ici trop rébarbatif et trop sage.

Construit à partir de situations burlesques, Gambit pédale souvent dans le pudding. Il cherche le rire sans jamais réussir à véritablement le déclencher. Au détour d’un pet du troisième-âge (qui verra comprendra), peut-être, ou lorsque Colin Firth est la victime incessante de coups du sort vachards, mais c’est bien tout. Pas de quoi fouetter une vache anglaise en somme.
Plus les minutes s’accumulent et plus les choses empirent. Jusqu’au final, plus ou moins éventé donc, mais néanmoins moins putassier que prévu, qui achève de laisser une impression de déjà vu tenace et donc de faire du long-métrage de Michael Hoffman, un divertissement qu’il est si facile d’oublier une fois les portes du cinéma refermées. Et ce n’est pas l’abattage aussi bref que totalement inutile de Stanley Tucci qui change les choses. Lui comme Cameron Diaz, sont ceux qui se compromettent le plus dans l’histoire. Jouant à fond sur des clichés fatigués, ils prouvent -et tout particulièrement Cameron Diaz- que décidément, deux scénaristes de renom ne sauraient rattraper une propension à en faire des caisses avec autant d’acharnement.

@ Gilles Rolland

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Crédits photos : Metropolitan FilmExport

Par Gilles Rolland le 9 février 2013

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