[Critique] HUGO CABRET
Titre original : Hugo
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Martin Scorsese
Distribution : Asa Butterfield, Chloe Moretz, Ben Kingsley, Sacha Baron Cohen, Jude Law, Ray Winstone, Emily Mortimer, Helen McCrory, Christopher Lee, Michael Pitt, Michael Stuhbarg, Frances de la Tour…
Genre : Aventure
Date de sortie : 14 décembre 2011
Le Pitch :
Dans le Paris des années 30, Hugo Cabret, un jeune garçon, vit dans une gare. Seul depuis le décès de son père, Hugo répare et remonte les horloges de la gare et passe le plus clair de son temps à se cacher du gardien des lieux. Son passé est un mystère, tout comme l’étrange automate que lui a légué son père. Un robot à l’air mélancolique qui ne demande qu’à être actionné mais dont la clé – en forme de cœur – reste introuvable. C’est alors que la jeune Isabelle entre dans la vie d’Hugo…
La Critique :
Martin Scorsese est l’un des derniers géants du cinéma. Sa carrière est exemplaire et parcourue de fulgurances. Taxi Driver, Les Affranchis, La Valse des Pantins, Casino, Gangs of New-York, Aviator… impossible de ne pas reconnaître la maestria d’un homme entièrement dédié à la cause du septième-art. En abordant l’adaptation du roman de Brian Selznick, Scorsese semblait pourtant dérailler, à l’image du train fou de son film. En signant une oeuvre à priori destiné aux enfants, Scorsese prenait ses fans à revers, eux qui attendaient surtout que leur réalisateur fétiche renoue avec la verve urbaine et violente de ses brûlot mafieux. Et bien, c’était mal connaître Marty !
Avant tout, il convient de souligner le caractère universel de son dernier long-métrage. Hugo Cabret est un film familial. Une œuvre qui touchera les petits comme les grands grâce à plusieurs niveaux de lecture habillement tissés. Un long-métrage fédérateur au possible, qui distille de manière croissante une magie à laquelle il est très difficile de rester indifférent.
Pourtant, ce sont bel et bien les cinéphiles purs et durs qui risquent d’être pris à la gorge par cette magnifique histoire. Car c’est bien à eux que Scorsese fait de l’œil avec sa dernière pépite.
Un peu à la manière d’un Joe Dante, qui, avec Panic sur Florida Beach, revenait sur l’histoire de la série Z et déclarait ainsi sa flamme à un genre auquel il offrit quelques belles références ; Martin Scorsese raconte la naissance du septième-art. Le travail accompli ici est remarquable et l’amour pour le cinéma de transpirer par tous les plans qui défilent devant nos yeux.
Le réalisateur brosse le portrait de Georges Mélies, héros et pilier du cinéma et par cela, héros du film de Scorsese. Hugo Cabret devient alors un vibrant hommage qui ne s’interdit rien. Aspect documentaire, retour sur quelques images iconiques (Le voyage dans la Lune, véritable fil rouge), intrusion de la réalité dans la fiction et inversement, le film est dense et rend hommage à l’artisanat d’une industrie qui « capture les rêves ». C’est l’essence même du cinéma qui prend vie dans Hugo Cabret. Martin Scorsese rassemble les pièces d’un puzzle qui se trouve être au centre de bien des passions. Il remonte le temps pour retrouver ses racines et finalement souligner le travail des personnes qui ont permis de traduire et d’illustrer une vision un peu folle pour en faire une œuvre immortelle et intemporelle.
Hugo Cabret devient forcement bien plus qu’un simple film d’aventure. Ultra-immersif, le long-métrage prend le public par la main pour mieux le promener au cœur d’un monde constamment tourné vers la fantaisie et la puissance de l’imagination.
Et c’est là que la 3D prend tout son sens. Enfin, la technologie est utilisée à bon escient. Scorsese justifie à lui-seul l’invention de la 3D. Il prouve qu’il a tout comprit au truc, présentant cette nouveauté non pas comme un gadget, mais bel et bien comme une nouvelle piste à explorer. A l’écran, Mélies fabrique ses effets avec des bouts de ficelle et une bonne dose de génie, tandis que Scorsese emballe le tout avec les meilleurs moyens modernes. La technologie de pointe se met au service d’une histoire dédiée à la malice et à l’artisanat. C’est du pur génie, tout simplement.
Un génie qui par la grâce de ses manœuvres, provoque immanquablement l’émotion. Une émotion renforcée par un scénario à tiroirs, qui prend son temps et ajuste les rouages d’une mécanique bien huilée et pensée par un maitre.
Certes, Hugo Cabret démarre un peu lentement. Martin Scorsese n’est homme à se hâter. Il pose son décors avec la précision d’un horloger suisse, quitte à bafouiller dans les premiers tours. Un petit bémol qui s’oublie vite, tout comme l’aspect un peu trop lissé du personnage d’Isabelle. L’émotion fait vite son œuvre et fleurit régulièrement, au point de persister longtemps après la projection, alors que la réalité a repris ses droits.
Dans les yeux du jeune et ô combien extraordinaire Asa Butterfield (Hugo), via l’étincelle renaissante dans ceux de Ben Kingsley, en passant par la malice de Chloe Moretz ou encore via la formidable émotion contenue sous le masque de sévérité du surprenant Sacha Baron Cohen, l’émotion est partout, à fleur de peau, empreinte d’une poésie merveilleuse.
Magnifique, soutenu par une bande-son au diapason et servi par des acteurs investis, Hugo Cabret n’est pas un film comme les autres. Toujours virtuose et spectaculaire, il ne se repose jamais entièrement sur la technique. En visant la Lune, Scorsese touche les cœurs. En racontant le cinéma, il offre au monde une fantastique leçon d’humanité et d’espoir. Et alors qu’en son temps, Mélies dût ranger sa caméra par temps de guerre, Scorsese souligne l’importance de garder les yeux dans les étoiles quand les nuages s’amoncellent. Nos rêves, comme ceux qu’il met en image, sont peut-être les clés d’un avenir meilleur.
@ Gilles Rolland
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