[Critique] I SEE YOU

Titre original : I See You
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Adam Randall
Distribution : Helen Hunt, Jon Tenney, Judah Lewis, Owen Teague, Sam Trammell, Gregory Alan Williams, Alison King, Erika Alexander
Genre : Thriller/Policier/Drame
Durée : 1h38
Date de sortie : 22 juin 2020
Le Pitch :
Tandis que sa vie de famille part en lambeaux, un inspecteur de police enquête sur la disparition d’un enfant qui n’est pas sans rappeler une vieille histoire de pédophilie. Commence alors un dangereux jeu du chat et de la souris…
LA CRITIQUE DE I SEE YOU :
Des centaines de films déferlent dans les salles obscures chaque année si bien que, noyé dans cette masse, le spectateur peut avoir le sentiment que la même histoire revient en continue. Il peut avoir l’impression que chaque film d’un même genre, n’est qu’un copié/collé du précédent pour lequel on aurait simplement changé le metteur en scène ou les têtes d’affiche ; c’est souvent vrai. Heureusement parfois le cinéma sait nous surprendre, David Fincher l’avait notamment fait avec Gone Girl. En cette année un peu particulière, le nombre de films sortis est assez restreint ce qui permet la découverte d’œuvres qui interpellent véritablement : I see you en fait partie…

PARANORMAL ACTIVITY
D’une durée relativement courte (98 minutes), I see you ne perd pas de temps avec une présentation détaillée des différents protagonistes ; on comprend d’emblée que chaque pierre sera posée à mesure que la progression du film se fera. Pour autant, rien n’est fait dans la précipitation et Adam Randall pose habillement le cadre de son long-métrage en quelques plans clés : la forêt, la maison du flic et de sa famille qui s’étiole, la façon de faire est immersive. La caméra du metteur en scène britannique voyage en effet dans les couloirs de la maison, entre les personnages, tel un protagoniste du film. La mise en scène, accompagnée par des effets sonores d’une redoutable efficacité plonge rapidement le spectateur dans une double histoire : un fait divers sordide d’un côté, et des événements inquiétants à la limite du surnaturel au sein du cercle familiale de l’autre.
Adam Randall aime jouer sur deux tableaux et il le prouve une seconde fois à mi-film lorsque l’histoire connaît un premier rebond inattendu. La mise en scène est une nouvelle fois la clé du succès et le réalisateur s’autorise un changement radical dans sa façon de filmer. Ce qui aurait pu être déconcertant est finalement un véritable atout, transformant totalement le film sans pour autant pousser le spectateur à déconnecter de son atmosphère oppressante.
ATTRAPE-MOI SI TU PEUX
Si la technique joue un rôle essentiel dans la réussite de I see you, ce qui se passe devant la caméra en est également moteur. Le casting est parfait (même Helen Hunt et sa drôle de « transformation physique ») car il est composé de véritables talents habitant à la perfection des personnages tour à tour attachants, puis dérangeants, et tout cela au cœur d’un scénario qui joue avec les nerfs du spectateur. Celui-ci est en effet directement plongé dans une histoire qui touche d’abord au fantastique (objets qui disparaissent, télévision qui s’allume toute seule), puis au voyeurisme (rappelant en quelque sorte Panic Room), avant d’aboutir sur un dénouement extrêmement malsain et aussi incroyablement surprenant. Certaines longueurs, notamment dans la seconde moitié du film, nous laissent le temps d’appréhender certains éléments avant que le réalisateur ne se décide à nous les expliquer. Toutefois rien de vraiment fondamental n’est facile à deviner et le final de ce jeu de chat et de la souris nous laisse bouche bée…
En Bref…
Passant avec une certaine facilité du thriller malsain au fantastique laissant penser à un film d’horreur, Adam Randall propose un film audacieux, efficace et immersif qui plonge le spectateur dans une histoire malaisante qui fait cohabiter les genres. Difficile d’en dire plus sans risquer d’en dévoiler trop, I see you repose sur une ambiance glaçante et des rebondissements qu’il faut absolument découvrir dans une pièce sombre. Un cinéma par exemple…
@ Kévin Lefebvre
