[Critique] INSAISISSABLES

CRITIQUES | 30 juillet 2013 | Aucun commentaire
Insaisissables-affiche

Titre original : Now You See Me

Rating: ★★★½☆
Origine : États-Unis/France
Réalisateur : Louis Leterrier
Distribution : Jesse Eisenberg, Woody Harrelson, Mark Ruffalo, Isla Fisher, Mélanie Laurent, Dave Franco, Morgan Freeman, Michael Caine, Michael Kelly, Common, José Garcia…
Genre : Thriller
Date de sortie : 31 juillet 2013

Le Pitch :
Il n’a suffit que d’un seul spectacle aux magiciens Les Quatre Cavaliers, pour déclencher une frénésie sans précédent. Un show à Las Vegas durant lequel, les illusionnistes ont dérobés plusieurs millions à une banque parisienne, en téléportant un spectateur directement dans la salle des coffres.
De quoi mettre le FBI et Interpol sur les dents. Lancés aux trousses de ces quatre magiciens qui semblent toujours avoir un coup d’avance, deux agents spéciaux se rapprochent d’un vétéran de la magie. Un expert qui aime à expliquer les tours de magie lors de son émission télé et dont l’aide risque d’être précieuse aux enquêteurs pour arrêter Les Quatre Cavaliers avant qu’ils n’achèvent leur tournée et mettent ainsi à exécution leur redoutable plan…

La Critique :
Louis Leterrier a fait du chemin depuis ses débuts sur le tournage d’Alien, la résurrection. Recruté dans l’écurie de Luc Besson, pour lequel il a emballé les deux premiers Transporteur et Danny The Dog, Leterrier na pas tardé à s’envoler pour Hollywood où il a réalisé le sympathique L’Incroyable Hulk et le navet à gros budget, Le Choc des Titans. En soi, pas de quoi se lever la nuit, même si le talent de metteur en scène du bonhomme n’a jamais été mis en cause. Aujourd’hui, le français passe enfin aux choses sérieuses et livre son meilleur film. Avec Insaisissables, il semble enfin prendre son envol et affirme une volonté de proposer quelque chose de plus frais, de dynamique et de maîtrisé. Insaisissables n’étant ni un remake, ni une suite, ni une production Besson, mais un long-métrage écrit par un Boaz Yakin plutôt inspiré, surtout si on considère qu’il s’agit du même type qui a écrit les suites de Dirty Dancing et d’Une Nuit en Enfer.
Pas un foudre de guerre quoi, même si il ne faut pas oublier que Yakin est aussi responsable des scripts de La Relève de Clint Eastwood et du récent et percutant Safe, qu’il a aussi réalisé. Un auteur un poil instable donc, mais indéniablement capable de faire preuve d’une efficacité brute.

Efficace. Un mot qui définit parfaitement Insaisissables. Et ce même si le film n’est pas révolutionnaire. Non, il ne suffit pas d’enfiler les rebondissements et de finir le boulot par un retournement de situation peut-être imprévisible mais néanmoins attendu, pour accoucher d’un produit brutalement inédit. Sous la roublardise qui le caractérise de prime abord, Insaisissables est avant tout un thriller de haut-vol, aux ficelles suffisamment grosses pour ne pas passer inaperçues, mais qui sait néanmoins focaliser l’attention d’une bien belle manière. Suffisamment en tout cas pour se tailler une place de choix dans l’été des blockbusters américains.

Outre grâce à son casting, sur lequel nous reviendrons, Insaisissables se distingue par sa capacité à éviter l’écueil principal de ce genre de thriller à tiroirs, à savoir se croire beaucoup plus malin que le spectateur. Le film de Leterrier ne pète jamais plus au que son cul. On reconnaît bien là la simplicité salvatrice de Boaz Yakin. Rarement il n’affirme, contrairement à des longs-métrages comme Inception par exemple, que son histoire est absolument fabuleuse. Insaisissables se déroule, avec ses tours plus ou moins spectaculaires et ses explications un poil capillotractées et convenues, mais néanmoins convaincantes, et n’a d’autres but que de divertir son public.
Comme un show de magie, le métrage n’est pas dupe et sait que le public n’est pas né de la dernière pluie. Le principal n’est pas de viser la lune, mais avant tout de faire le boulot correctement. Il faut que ça pète, que ce soit clinquant et honnête. Qu’on y croit et qu’à la fin, on se dise que le jeu en valait la chandelle. Même en connaissant les trucs. Un spectacle de magie est comparable à un match de catch : on sait que c’est faux, mais quand c’est bien fait, il est vraiment agréable de se laisser prendre. Pour cette raison, Insaisissables a tout compris.

Pas doute, On est bien en face d’un vrai bon film. Pas de ceux qui restent longtemps dans les mémoires après la projection, mais de ceux qui font preuve d’assez de générosité pour offrir un beau package d’émotions fortes propres à ces blockbusters avant tout soucieux du bien-être de leur public. Louis Leterrier est l’homme de la situation, à défaut de posséder le toucher d’un Christopher Nolan, dont son fabuleux Le Prestige resurgit à la vue de ce nouveau tour de magie. Avec une maestria jusqu’ici quelque-peu étouffée, il gère des acteurs prestigieux et met en scène une mécanique bien huilée qui tourne à plein régime de la première à la dernière minute.
Alors qu’auparavant les films de Leterrier souffraient tous de défauts plus ou moins gênants, Insaisissables se montre cohérent. Une cohérence qui se retrouve dans une distribution impressionnante et pertinente. Morgan Freeman et Michael Caine, qui se connaissent bien, assurent les arrières, solides en seconds rôles importants, Mélanie Laurent et Mark Ruffalo mènent la barque du côté de l’investigation sans sombrer dans les clichés propres au buddy movies (tout les oppose dans un premier temps, mais le scénario ne joue pas cette carte bien longtemps), et les magiciens, à savoir Jesse Eisenberg, Isla Fisher, Woody Harrelson et Dave Franco font des étincelles, entre (dans l’ordre) arrogance de mise, glamour et malice, ironie et humour, et fougue bienvenue quand l’action se déchaîne. Tous les quatre, ces Robins des Bois de l’illusion, ont un rôle à tenir et chacun tient bon. Personne, y-compris les pointures, ne tire la couverture à soi et José Garcia fait une apparition plutôt amusante. Mine de rien, il est plutôt rare de trouver autant d’harmonie quand on a affaire à autant de personnalités marquées, tout comme il est rare qu’un réalisateur finalement pas si chevronné que cela, arrive à canaliser autant d’énergie et d’égos sans livrer un bordel organisé.

Conscient des limites de l’exercice qu’il aborde, Insaisissables n’est pas une révolution, c’est clair. Cependant, il assure à tous les postes, avec modestie. Et la modestie à Hollywood est une denrée rare. Ce qui contribue à faire du film l’un des meilleurs blockbusters de l’été.

@ Gilles Rolland

insaisissablesCrédits photos : SND

Par Gilles Rolland le 30 juillet 2013

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