[Critique] INTRUDERS

CRITIQUES | 7 avril 2012 | Aucun commentaire

Titre original : Intruders

Rating: ★★★☆☆
Origine : États-Unis/Angleterre/Espagne
Réalisateur : Juan Carlos Fresnadillo
Distribution : Clive Owen, Carice Van Houten, Daniel Brühl, Pilar López de Ayala, Ella Purnell, Izán Corchero, Kerry Fox, Hector Alterio…
Genre : Épouvante/Fantastique
Date de sortie : 11 janvier 2012

Le Pitch :
Juan et Mia, deux enfants vivant respectivement en Espagne et en Angleterre sont les proies de terreurs nocturnes particulièrement intenses. Alors qu’ils sont couchés dans l’obscurité, un homme sans visage les observe, se rapprochant un peu plus à chaque fois. Terrifiés, les enfants parlent de cet individu menaçant à leurs parents qui, dans un premier temps, pensent qu’il ne s’agit que de cauchemars ordinaires. Jusqu’au jour où ils voient eux-mêmes l’homme en question…

Le Critique :
Parfois, la critique est impitoyable. Pourtant salué pour ses précédents films (Intacto, 28 Semaines plus tard), Juan Carlos Fresnadillo s’est reçu pour Intruders, une volée de bois vert dans la presse. Une presse qui n’a pas hésité à qualifier son dernier long-métrage de navet et qui a donc précipité sa chute vers les abimes du box-office. Une situation hallucinante quand on découvre le film qui fait l’objet de ce rejet massif. Un film qui certes, n’est pas un chef-d’œuvre, loin s’en faut, mais qui demeure bien plus intéressant que la majorité des œuvres qui traitent du même sujet. On pense par exemple au catastrophique et soporifique Boogeyman, de Stephen T.Kay, sorti en 2005 (pour ne citer que lui).

Intruders est un authentique film de croque-mitaine. Sa dynamique renvoie à celles de Freddy Krueger, des Griffes de la nuit (notamment lors de la scène finale, fantasmagorique à souhait), ou à celles des petites créatures maléfiques du récent Don’t be afraid of the dark et plus globalement à celle de tous ces films où de méchantes bestioles se tapissent dans l’obscurité, attendant leur heure pour passer à l’attaque. Cependant, la comparaison s’arrête là tant Intruders privilégie une approche beaucoup plus sage et mélancolique. Moins spectaculaire et moins consensuelle.

Peut-être est-ce ce rythme lancinant et cette volonté de se refuser à un sensationnalisme outrancier qui a refroidi les ardeurs ? Reste que c’est pourtant cette approche alternative qui confère au film toute son audace et tout son charme.

Un ton envoutant qui permet aux quelques longueurs d’un scénario un peu poussif de passer relativement bien mais qui n’excuse pas tout non plus. Car si Intruders ne méritait certainement pas la haine de certaines critiques, il ne faut pas pour autant le porter aux nues. D’un postulat de départ en somme toute classique, Fresnadillo tisse une œuvre qui se veut plus complexe et plus torturée que la majorité des films similaires. Trop peut-être. Plus le long-métrage avance et plus le scénario se perd en digressions inutiles, voire absurdes. Jusqu’au dénouement, un peu décevant, vite emballé et pour le moins bâclé. On sent Fesnadillo embarrassé par son intrigue. Ce dernier fait ce qu’il peut pour faire passer la pilule mais rien n’y fait et le ridicule, tel le croque-mitaine du film, de se rapprocher toujours un peu plus pour finalement exploser.

Toujours très véloce quand il s’agit de poser une ambiance, le réalisateur injecte à sa mise en scène la même virtuosité que dans ses précédents longs-métrages. Intruders s’avère effrayant et inquiétant à plusieurs reprises et les acteurs sont tous formidables. De Carice Van Houten, parfaite en mère dépassée, au toujours excellent Clive Owen, décidément à son aise en père protecteur dans un rôle qui n’est pas sans rappeler celui du récent Trust. Incarnant avec une conviction qui force le respect la normalité de Monsieur tout le monde, Owen continue de tisser une brillante carrière, légèrement en marge des chemins balisés et confirme qu’il demeure bel et bien l’un des plus grands acteurs en activité.

Sa détresse est palpable et communicative et sa relation avec la jeune surdouée Ella Purnell de s’avèrer tout à fait authentique.

Ainsi, Intruders ne manque pas de qualités. Visuellement maitrisé, porté par des acteurs habités et statistiquement bancal, Intruders reste un film malade victime de ses ambitions. Plombé par une histoire qui, en se divisant se perd en conjectures inutiles, le film de Fresnadillo est sauvé de justesse par la conviction de ce dernier. Contre vents et marée, Fresnadillo croit en son sujet, en accepte les défauts, ne lâche rien jusqu’à la fin et arrive, tant bien que mal, à communiquer sa foi. Sa foi en une œuvre ô combien imparfaite, mais suffisamment empreinte d’émotions diverses et de poésie mélancolique pour s’extraire de la masse. De justesse…

Éreinté par la critique, Intruders compte néanmoins quelques défenseurs. Parmi eux, l’ami Bruno Matéï qui, sur son excellent site, dresse une critique tout à fait pertinente dont la lecture est vivement conseillée :

http://brunomatei.blogspot.fr/2012/04/intruders.html?zx=a94060d84e882495

@ Gilles Rolland

Crédits photos : Universal Pictures

Par Gilles Rolland le 7 avril 2012

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