[Critique] JOYEUSE FIN DU MONDE

Titre original : Silent Night
Rating:
Origine : États-Unis/Royaume-Uni
Réalisatrice : Camille Griffin
Distribution : Keira Knightley, Matthew Goode, Roman Griffin Davis, Annabelle Wallis, Lily-Rose Depp, Sope Dirisu, Kirby Howell-Baptiste, Lucy Punch, Rufus Jones…
Genre : Drame/Fantastique
Durée : 1h32
Date de sortie : 23 septembre 2022 (DTV)
Le Pitch :
Nell, Simon et leur fils Art accueillent leur famille et leurs amis pour fêter le réveillon de Noël. D’ultimes retrouvailles avant la fin du monde qui doit survenir le lendemain…
La Critique de Joyeuse fin du monde :
On est d’accord, encore une fois, le titre français est à côté de la plaque. En effet, le titre original Silent Night avait au moins pour lui de ne pas spoiler le film, qui heureusement, dévoile assez rapidement le fait que les personnages sont en effet réunis pour la dernière soirée de l’humanité, avant l’apocalypse. Et de toute façon, il aurait été plutôt difficile de vous en parler sans aborder ce point crucial, qui donne une grande partie de son sel au métrage.
Last Christmas
Joyeuse fin du monde débute comme n’importe quel film de Noël. Avec sa tonalité très britannique, Keira Knightley en tête d’affiche et le décor d’une superbe demeure de campagne, le long métrage de Camille Griffin coche toutes les cases, sans oublier une petite touche d’humour so british si appréciable. Très vite néanmoins, alors que les invités dégustent leur repas autour de la table, il est question d’un gaz mortel qui arrive à vitesse grand V. Une petite fille affirme que ce sont les Russes qui l’ont inventé mais il se trouve qu’en fait, c’est la planète qui, lassée de nos saloperies, a décidé de se débarrasser de nous. Pourtant, tout le monde parvient à préserver les apparences. La nourriture est appréciée, malgré la pénurie de pommes de terre, et l’alcool coule à flot. Jusqu’au moment où…
Apocalypse en famille
Écrit avant la pandémie de Covid-19, Joyeuse fin du monde aborde des thématiques très actuelles et confronte directement la bourgeoisie britannique (mais le film pourrait prendre place en France ou ailleurs) à ses certitudes si fragiles. Il n’y a qu’à voir la façon dont certains personnages évoquent l’apocalypse imminente pour s’en convaincre. Dans Joyeuse fin du monde, le déni est au menu, en apéritif, avant que la cruelle et inexorable réalité ne vienne s’imposer pour remettre les pendules à l’heure. C’est alors que tout vole en éclats. Les adultes en particulier, ne semblent plus savoir quelle attitude adopter, alors que Art, l’enfant de Nell et Simon, est l’un des seuls à questionner la situation en se demandant si cette menace annoncée par les médias est vraiment réelle, évoquant du même coup la possibilité que tout n’est peut-être pas perdu.

Jeunesse sacrifiée
Art est d’ailleurs peut-être le personnage le plus important du film en cela qu’il incarne cette jeunesse privée d’une vie prometteuse. Lui qui, sans cesse, essaye de remettre en question l’autorité pour mieux entrevoir une issue. Avec une pertinence sans cesse renouvelée, dotée d’un script solide et de compétences indéniables à la mise en scène, la réalisatrice avance dans son récit avec assurance pour mieux organiser la montée en puissance d’une pression au début à peine perceptible mais finalement impitoyable.
Un Noël pas comme les autres
En cela, mais aussi grâce à ses acteurs investis et superbement servi par d’excellents dialogues, sans jamais verser dans le pathos ni les clichés inhérents au genre, creusant son propre sillon, Joyeuse fin du monde trouve le ton juste et touche en plein cœur. La fin, nettement plus dramatique, même si Camille Griffin parvient toujours à insérer des touches d’humour étonnamment efficaces, va dans ce sens et conclut avec une efficacité assez impressionnante cette histoire sans cesse prenante. Son film s’imposant à l’arrivée comme une tentative audacieuse et maîtrisée de renouveler plusieurs genres pour disserter sur son époque avec une pertinence rare.
En Bref…
Un peu sorti de nulle part, porté par de superbes acteurs et par une réalisatrice en pleine possession de ses moyens, ce film surprenant à plus d’un titre, réalise un sans faute.
@ Gilles Rolland
