[Critique] JULIET, NAKED

CRITIQUES | 12 février 2020 | Aucun commentaire
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Titre original : Juliet, Naked

Rating: ★★★★☆

Origine : États-Unis

Réalisateur : Jesse Peretz

Distribution : Rose Byrne, Ethan Hawke, Chris O’Dowd, Denise Gough, Azhy Robertson, Eleanor Muasuura, Phil Davis…

Genre : Comédie/Romance/Adaptation

Durée : 1h38

Date de sortie : 6 février 2020 (Prime Vidéo)

Le Pitch :

Duncan est fan absolu de Tucker Crowe, un chanteur qui a disparu de la circulation depuis plus de 20 ans. Une passion qui ne va pas sans impacter sa vie de couple. Sa fiancée Annie ne goûtant que très peu à la musique folk de Tucker Crowe. Quand ce dernier entre pourtant en contact avec elle, à son grand étonnement, Annie se prend au jeu, doutant tout de même de la véritable identité de ce charmant interlocuteur, avec lequel elle échange des mails de plus en plus nombreux…

La Critique de Juliet, Naked :

Le romancier britannique Nick Hornby a depuis ses débuts la côte avec les studios de cinéma, qui adaptent à tour de bras ses livres. Hornby lui-même ayant fini par se mettre à l’écriture de scénarios originaux, avec Une éducation en 2009 et surtout Wild et Brooklyn, en 2014 et 2015. Juliet, Naked, son huitième livre, sortant donc après Carton Jaune, High Fidelity, Pour un Garçon ou encore Up & Down, après être resté bloqué 2 ans à la frontière française (façon de parler, car le film est sorti en 2018 aux États-Unis). Une franche réussite en forme de cadeau à destination des amateurs de comédies romantiques. Dans le sens le plus noble du terme car au fond, Juliet, Naked est bien plus que cela…

Let It Be

Juliet, Naked… Un titre qui fait bien sûr référence à Let It Be, Naked, la deuxième version du célèbre album des Beatles, débarrassée des arrangements jugés encombrants (par Paul McCartney) de Phil Spector. Car ici, Juliet désigne à la fois une femme, mais aussi un disque. Un album enregistré par un certain Tucker Crowe, une rock star inventée par Nick Hornby, qui a transformé en musique sa souffrance à la suite d’une rupture amoureuse. Car Hornby a toujours baigné dans la musique. Rock critic à ses heures, passionné par le rock et la pop, dont il était déjà question dans son incontournable High Fidelity, l’écrivain a choisi de notamment aborder ici les relations parfois complexes entre les artistes et leurs fans les plus acharnés. C’est ainsi pour cette raison (parmi d’autres), que le film est bien plus qu’une gentille bluette. Il est ici question de musique, du rôle de celle-ci dans l’existence de ceux qui s’y dévouent, en la créant ou en se laissant envahir par cette dernière, mais aussi de maturité, de rédemption… Un long-métrage rock, doux-amer et pertinent, profondément humain et donc bien plus complexe qu’il n’y paraît. Même si finalement, le récit semble merveilleusement couler de source…

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Come-back

Déconstruction en règle du mythe de la rock star recluse, Juliet, Naked reste très fidèle au matériau de base, tout en se permettant quelques petits changements tout à fait justifiés. Réalisé par Jesse Peretz, à qui on doit plusieurs épisodes de Girls, GLOW ou Nurse Jackie, et qui sera aux commandes du premier épisode de High Fidelity, la nouvelle série avec Zoë Kravitz, inspirée du livre d’Hornby (la boucle est bouclée), Juliet, Naked s’impose donc non seulement grâce à sa capacité à ne pas délaisser un aspect de son récit en faveur d’un autre, mais aussi par sa grande sensibilité. Que ce soit dans son approche des sentiments amoureux ou des questions relatives à la création et à l’importance de celle-ci dans la reconstruction personnelle. Devant l’objectif, bénéficiant d’une direction que l’on imagine très libre, les acteurs s’avèrent tous merveilleux, à l’instar d’Ethan Hawke, décidément parfait dans la peau d’un rebelle un peu repenti, à la recherche du salut ou bien sûr de la toujours impeccable Rose Byrne, dont le jeu plein de nuances facilite l’identification. Sans oublier Chris O’Dowd, qui joue le fan transis ou la superbe Denise Dough, dont le personnage finit de rapprocher Juliet, Naked des meilleurs films du genre, Coup de Foudre à Notting Hill ou Le Journal de Bridget Jones en tête de liste. Car Juliet, Naked est aussi une pure comédie romantique comme le cinéma britannique sait si bien les faire. Et tant pis s’il s’agit d’une production américaine car tout est là : les personnages attachants et parfois gentiment fantasques, le cadre (ici une charmante cité balnéaire anglaise), les enjeux, les bons sentiments et les thématiques plus profondes… Tous les ingrédients se mélangeant dans une harmonie sans cesse renouvelée, due aux talents combinés des acteurs, du réalisateur et des scénaristes…

En Bref…

Juliet, Naked ne révolutionne pas le genre de la comédie romantique et c’est très bien ainsi. Ce qu’il fait par contre, c’est s’appliquer. S’appliquer pour à la fois faire honneur aux codes du genre, sans forcer ni tomber dans l’excès, et pour aussi nous parler de musique. De ces chansons qui changent tout. De la façon dont elles existent, indépendamment de leur créateur, destinées à changer les vies de celles et ceux qu’elles rencontrent sur leur chemin. Une belle réussite que ce film qui aurait mérité mieux qu’une sortie à l’arrache sur Prime Vidéo.

@ Gilles Rolland

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Crédits photos : Prime Vidéo
Par Gilles Rolland le 12 février 2020

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