[CRITIQUE] JURASSIC WORLD : LE MONDE D’APRÈS
Titre original : Jurassic World Dominion
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Colin Trevorrow
Distribution : Chris Pratt, Bryce Dallas Howard, Laura Dern, Sam Neill, Jeff Goldblum, Daniella Pineda, DeWanda Wise, Omar Sy, B.D. Wong, Mamoudou Athie, Isabella Sermon…
Genre : Fantastique/Aventure/Action/Suite/Saga
Durée : 2h26
Date de sortie : 8 juin 2022
Le Pitch :
Lâchés en liberté dans le monde, les dinosaures ont bouleversé tout l’écosystème, entraînant des conséquences parfois inattendues. Vivant isolés dans la forêt, Owen, Claire et Maisie tentent de mener une existence normale jusqu’au jour où une entreprise malveillante enlève Maisie. Les kidnappeurs en profitant aussi pour s’emparer du bébé de Blue, le vélociraptor à peu près apprivoisé d’Owen. De leur côté, de retour aux affaires, des années après leurs aventures à Jurassic Park, Ellie Sattler, Alan Grant et Ian Malcolm tentent de mettre à jour les agissements d’un consortium dont les expériences ont donné naissance à des sauterelles géantes…
La Critique de Jurassic World : Le Monde d’après :
Tous ceux qui ont découvert Jurassic Park premier du nom à sa sortie s’en souviennent : pour la première fois apparaissait à l’écran des dinosaures plus vrais que nature. La scène dans laquelle Alan Grant, Ellie Sattler et Ian Malcolm découvrent les créatures pour la première fois est restée dans les mémoires, au même titre que l’attaque du T-Rex ou celle des raptors. Impossible d’oublier l’émerveillement suscité par ce film qui était de plus habité d’une véritable poésie inhérente au talent de conteur d’histoire de Steven Spielberg, un réalisateur qui alors, réalisait l’un de ses plus grands rêves.
Puis Spielberg a récidivé, tentant de raconter une nouvelle histoire sans compter sur cet émerveillement, avec Le Monde perdu, là encore avec un brio indéniable, même si au fond, la magie qui caractérise si bien le premier volet s’était déjà évanouie en grande partie. Ce qui est parfaitement normal.
Quoi qu’il en soit, les dinosaures sont devenus une véritable manne. Manne à nouveau exploitée par Colin Trevorrow en 2015, qui a livré une sorte de remake plutôt amusant de Jurassic Park avant de laisser la place à Juan Antonio Bayona qui quant à lui, en excellent faiseur d’image, a essayé de donner vie à un scénario de plus en plus indigent, marquant tout de même les esprits grâce à des images elles aussi portées par un certain lyrisme, avant de céder sous le poids d’une histoire pour le moins débile, qui petit à petit, s’éloignait des dinosaures pour nous servir un truc improbable au sujet d’une gamine clonée. Histoire sur laquelle se concentre malheureusement beaucoup trop Jurassic World : le monde d’après, le troisième et dernier (on l’espère), volet de la nouvelle saga.
La guerre des clones
Il y avait clairement quelque chose de passionnant à raconter dans Jurassic Park : le monde d’après. Les scénaristes auraient pu par exemple se concentrer sur la cohabitation entre les dinosaures et les hommes. Il en est bien sûr question mais pas entièrement. À vrai dire, parfois, trop souvent même, les dinos passent un peu au second plan pour mieux laisser la place à la gamine clonée dont on se fout éperdument. Pourquoi avoir choisi d’inclure un tel arc narratif dans Jurassic World ? Comme si les dinosaures ne suffisaient pas. Après tout, les méchants, s’ils étaient bien présents dans le premier Jurassic Park, ne faisaient que servir le propos orignal qui était donc « on ne s’amuse pas avec la génétique sans en assumer les conséquences ». Ici, dans Le monde d’après, les méchants semblent se foutre complètement des dinosaures et c’est bien ça le problème car nous, c’est pour eux qu’on a payé notre place.
Hors sujet
Du coup, Owen et Claire, les personnages incarnés par Chris Pratt et Bryce Dallas Howard mènent leur quête de leur côté tandis que les vétérans de Jurassic Park, à savoir Alan Grant, Ellie Sattlier et Ian Malcolm chassent les sauterelles géantes (???), avant que tout le monde se retrouve pour nous rejouer l’une des meilleures séquences de l’original, sans surprise et sans conviction non plus. Fatalement, le retour des acteurs originaux tombe un peu à plat même s’il est bien sur agréable de les retrouver. Ce sur quoi le long métrage joue un peu trop, tout en se dispensant de véritablement justifier leur retour. Bref c’est compliqué tant Jurassic World : le monde d’après se disperse trop, oubliant en chemin l’essentiel.
Jurassic Endgame
Souvent stupide, tirée par les cheveux et méchamment étirée en longueur, l’intrigue de ce Monde d’après ne cesse de tirer le film vers le bas. Les péripéties parfois salement à la ramasse s’enchaînent, les dialogues s’avèrent la majorité du temps indigents et au fond, on se fout un peu de tout ce qui se passe à l’écran. Restent donc les dinosaures, certes relégués au second plan trop souvent mais heureusement présents. Et encore une fois, ce sont eux qui sauvent la mise. Même si, en l’occurrence, ils ne font pas de miracle non plus.
Dino show
On comprend donc très vite que Jurassic World : Le monde d’après fait fausse route. Tout en prétendant explorer ses propres voies, il ne peut s’empêcher de copier son modèle, sans génie ni audace et ne justifie jamais vraiment son existence. Tout ici, le discours certes bien vu mais rabâché sur des questions écologiques, les vannes et les scènes d’action, sentent le réchauffé. Pour autant, il faut aussi reconnaître que Colin Trevorrow parvient de temps à autre à faire preuve d’un peu de talent pour emballer quelques séquences. On pense notamment à la poursuite en moto dans les rues de Malte et à quelques autres scènes plus ou moins moins tendues. Du grand spectacle fabriqué sans génie mais parfois avec une certaine application au sein d’un film qui ressemble plus que jamais à une attraction . Un blockbuster auquel il manque à peu près tout ce qui faisait le sel du premier film et qui tente de compenser par une outrance qui bien sûr, ne fait jamais illusion.
En Bref…
N’exploitant jamais totalement le concept suggéré par son titre, Jurassic World : le monde d’après a le tort de tabler sur un scénario à la ramasse et souvent ridicule et relègue les dinosaures au second plan. Heureusement, ces derniers s’imposent lors de quelques séquences réussies. Pas de quoi crier au génie pour autant devant ce film qui devient alors le moins réussi de toute la saga.
@ Gilles Rolland