[CRITIQUE] KNOCK AT THE CABIN
Titre original : Knock at the Cabin
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : M. Night Shyamalan
Distribution : Dave Bautista, Jonathan Groff, Ben Aldridge, Nikki Amuka-Bird, Kristen Cui, Rupert Grint…
Genre : Thriller/Adaptation
Durée : 1h40
Date de sortie : 1er février 2023
Le Pitch :
Andrew, Eric et leur petite-fille Wen séjournent dans un chalet en forêt. Un jour, ils reçoivent la visite de quatre individus. Ces derniers leur expliquent que leur famille a été choisie pour éviter l’apocalypse…
La Critique de Knock at the Cabin :
Ex-prodige du twist, découvert avec Sixième Sens, M. Night Shyamalan a monté les marches de la gloire quatre à quatre avec des chefs-d’œuvre comme Incassable et Signes, avant de vite les redescendre, au point d’enchaîner les échecs, suscitant au passage des déceptions à la chaîne chez ses fans de moins en moins nombreux. Un réalisateur qui, c’est rare, adapte avec Knock at the Cabin, un roman (signé Paul Tremblay, aux éditions Gallmeister chez nous).
Retour en grâce
Si chez Shyamalan, le concept est donc souvent séduisant, des longs métrages comme Phénomènes, Le Village ou encore le récent Old, nous ont appris qu’il fallait se méfier. Pourquoi ? Parce que le réalisateur-scénariste a souvent tendance à trop en faire pour surprendre à tout prix. Et on ne parle même pas du Dernier maître de l’air ou d’After Earth, qui, avec Phénomènes et dans une moindre mesure Glass, sont ses plus grands ratages artistiques. Cela dit, avec Knock at the Cabin, M. Night Shyamalan revient en forme. Très en forme même. Autant le dire simplement : son nouveau film est aussi son meilleur depuis Signes, qui reste néanmoins son plus grand accomplissement (c’est bien évidemment une question de goût).
La cabane au fond des bois 2
Il est fascinant de constater une nouvelle fois que même si la base du récit n’est pas de lui mais de l’écrivain Paul Tremblay, Knock at the Cabin aborde au fond les mêmes thématiques au centre de tous les films de Shyamalan. La foi et ses mécanismes fascinent le metteur en scène qui ici, met ses personnages face à un choix impossible, en prétextant une menace qui de prime abord, n’a pas du tout l’air tangible. À l’heure des théories du complot rendues plus nombreuses et plus puissantes avec Internet, Knock at the Cabin, comme Signes, repose sur des protagonistes qui doivent croire pour agir et ainsi influer sur leur devenir. Pas seulement le leur d’ailleurs.
Take Shelter
Signes et Knock at the Cabin se répondent brillamment. Dans le premier, la menace, à laquelle il fallait aussi croire pour s’en protéger correctement, venait de l’extérieur. Dans Knock at the Cabin, elle vient de l’intérieur. Toute l’action ou presque, si on excepte les quelques flash-backs, se déroule entre les murs de cette fameuse cabane, où, selon les dires du personnage de Dave Bautista, se joue le festin de l’humanité toute entière. Ayant pris soin de ramener son cinéma à son expression la plus pure, Shyamalan a aussi eu le bon goût de ne pas chercher l’esbroufe à tout prix, sans non plus sacrifier les gimmicks et l’approche de son sujet qui ont contribué à son succès à ses débuts.
Toc toc qui est là ?
Ramassée, efficace et remarquablement rythmée, sa dernière livraison en date joue donc sur la suggestion. Ici, Shyamalan, à nouveau, comme avec Bruce Willis dans Sixième Sens et Incassable et Mel Gibson et Joaquin Phoenix dans Signes, utilise ses acteurs sans entraver leur jeu avec des effets de toute façon inutile. Ce sont donc eux qui font naître la peur et l’inquiétude et ceux sont encore eux qui initient la montée d’un suspense qui ne tarde pas à devenir presque insoutenable. Les acteurs mais Shyamalan aussi bien sûr, dont la mise en scène, plus hitchockienne que jamais, parvient à tirer le meilleur parti de cette maison, un espace clos donc, alors que dehors se jouent des tragédies à peine montrées pour paradoxalement amplifier les tensions à l’intérieur.
Il était une fois la fin du monde
Superbement mis en scène, dans la lignée des plus beaux faits de gloire du cinéaste, Knock at the Cabin s’appuie ainsi sur les performances éblouissantes de ses acteurs. Dave Bautista en particulier, que le réalisateur a embauché après l’avoir vu dans Blade Runner 2049, trouve l’un de ses meilleurs rôles. Sa stature impressionnante contrastant avec la douceur apparente de son personnage. En face, Ben Aldridge et Jonathan Groff donnent quant à eux brillamment le change, à l’instar des plus discrets mais importants tout de même Rupert Grint, Nikki Amuka-Bird et Abby Quinn. Difficile de ne pas saluer également le jeu de la jeune Kristen Cui, qui campe ici la petite fille au centre de l’histoire.
Renaissance
Au final, avec une spontanéité, une fraîcheur et une virtuosité renouvelées, M. Night Shyamalan retrouve sa verve d’antan, aux commandes d’un thriller apocalyptique superbement éclairé et agencé. Étant parvenu à s’approprier le récit, le réalisateur effectue un superbe numéro d’équilibriste sans jamais fauter, favorisant à la fois l’émergence d’une peur tangible mais aussi celle, c’est encore plus important, d’une émotion qui trouve son point d’orgue à la fin. Une fin d’ailleurs à l’image de tout ce qui a précédé, plus sobre que d’habitude et ô combien touchante.
En Bref…
Avec ce nouveau film reposant sur le questionnement de la foi, M. Night Shyamalan retrouve sa superbe. Parfaitement écrit et mis en scène, magnifiquement interprété, original, inquiétant et émouvant, Knock at the Cabin est une authentique réussite. Le meilleur film du cinéaste depuis Signes, avec lequel il partage d’ailleurs de nombreux points communs.
@ Gilles Rolland