[Critique] KRAMPUS

CRITIQUES | 5 mai 2016 | Aucun commentaire
Krampus-poster

Titre original : Krampus

Rating: ★★★½☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : Michael Dougherty
Distribution : Toni Colette, Adam Scott, David Koechner, Allison Tolman, Emjay Anthony, Conchata Ferrell…
Genre : Horreur/Épouvante/Fantastique
Date de sortie : 4 mai 2016

Le Pitch :
Krampus adore Noël. Démon ancestral veillant à ce que les traditions soient respectées ici bas, ce dernier décide de redescendre sur Terre quand un petit garçon tourne le dos à la magie des fêtes de fin d’année, découragé par une famille qui ne respecte pas la trêve des confiseurs quand il s’agit de se disputer autour du sapin décoré. Krampus qui va alors plonger la ville dans une tempête de neige sans précédent, avant de faire déferler sur les infidèles une nuée de créatures aussi facétieuses que malveillantes…

La Critique :
Connu pour avoir réalisé le film d’horreur à sketches d’Halloween Trick ‘r Treat, mais aussi pour avoir écrit Superman Returns, X-Men 2 et même X-Men : Apocalypse, Michael Dougherty a articulé son deuxième long-métrage autour de la légende autrichienne du Krampus. Une créature démoniaque qui accompagne St-Nicolas dans ses tournées, le soir de Noël, et dont la tâche principale consiste à terroriser les enfants qui n’ont pas été sages. À partir de ce postulat, Dougherty a donc écrit un pur film d’horreur, qui s’amuse des codes du genre, tout en s’apparentant dans sa globalité à un joli mélange des genres et des influences.
On retrouve ainsi dans Krampus un charme propre aux récits à la Dickens. Le film fait d’ailleurs plusieurs clins d’œil à l’auteur, et notamment à son Conte de Noël, avec son fameux Scrooge. Ici, Scrooge n’est d’ailleurs pas une seule personne mais plusieurs, et les fantômes des Noël passés, des monstres sortis d’on ne sait où, chargés de châtier ceux qui ne respectent pas la magie des fêtes de fin d’année. Il y a également dans Krampus beaucoup d’Amblin. On pense à Poltergeist, pour l’intrusion du fantastique et de l’épouvante dans la cellule familiale, mais aussi à Gremlins, de Joe Dante, et donc par extension à d’autres œuvres du genre.
De prime abord, avec sa famille amenée à se réunir à l’occasion de Noël, ses décorations fastueuses et son quartier plutôt confortable, en banlieue, le long-métrage ressemble à n’importe quel autre film de Noël. Très vite néanmoins, un peu à la façon de Max et les Maximonstres, des éléments fantastiques changent la donne. Un rapprochement qui se fait d’ailleurs par l’entremise de certaines créatures, qui partagent plusieurs points communs avec celles imaginées par Maurice Sendak et mise en images par Spike Jonze. Le Krampus lui-même en particulier, qui, à l’instar de tous ses lieutenants, est issu du travail (remarquable) de Weta (Le Seigneur des Anneaux, Le Hobbit).
Et qui dit Weta, dit forcément effets-spéciaux de premier choix. Des effets un peu old school, qui n’hésitent pas à renforcer, de par l’utilisation de bonnes vieilles techniques, une ambiance vintage du plus bel effet à la Dark Crystal. On pense à Frank Oz et avec lui à tout un pan du cinéma fantastique et au fond, tout ceci rend très vite Krampus extrêmement attachant.

Krampus

À la croisée des chemins, Krampus impose une tonalité des plus intéressantes. Alors que le scénario prend le temps de poser l’ambiance, en nous présentant les personnages et en mettant en exergue l’animosité qui peut régner entre certains d’entre eux, il ne tarde pas à rentrer dans le vif du sujet. Dès lors, et c’est un peu regrettable, l’aspect « humain » passe un peu à la trappe face au pur spectacle. En d’autres mots, les protagonistes ont parfois l’air peu concernés par certains événements. Si on se met à leur place 2 secondes, il est ainsi facile de se dire que le fait de voir débouler des monstres un peu partout chez soi après avoir laissé sa gamine partir dans le froid et être sans nouvelles, pourrait déclencher une certaine hystérie. Ici, le recul pris par le script, empêche une dramaturgie trop marquée et confère ainsi à l’ensemble une patine plus légère, d’ailleurs un peu à l’image de celle de Trick ‘r Treat. En gros, Michael Dougherty ne se prend pas trop la tête niveau réalisme ou écriture des personnages. Ces derniers répondent à certains lieux communs et leurs réactions sont au diapason. Les adultes sont généralement pétris d’idées reçues, les enfants sont plus malins (un tout du moins) et une personne âgée détient la clé qui permettra de tout piger. La recette des années 80 fonctionne à plein régime et c’est bien. Krampus est cohérent.
Il brille avant tout par l’univers qu’il parvient à instaurer, par ses effets, franchement convaincants (les monstres ont de la gueule, tantôt effrayants, tantôt plus amusants et le chef de troupe se démarque vraiment) et par un côté roublard proche des Contes de la Crypte ou de La Quatrième Dimension. Il est d’ailleurs important de préciser que le film, qui aurait pu justement n’être qu’une version longue d’un épisode des Contes de la Crypte, arrive à justifier son format et à ne jamais se mordre la queue, y compris avec son dénouement, à la fois malin et cohérent au vu de tout ce qui a précédé.

Du côté du casting, là aussi, le film fait mouche, même si, encore une fois, les rôles n’ont pas bénéficié d’une écriture très poussée. Il est néanmoins plaisant de voir Toni Colette, Adam Scott, David Koechner, et l’excellente Allison Tolman (découverte dans la première saison de Fargo) se fritter avec des monstres, dans une ambiance de Noël.
De quoi donner à ce conte prenant à contre-pied les productions familiales calibrées, un petit prestige supplémentaire.
Reste maintenant à savoir pourquoi le distributeur français a choisi de le sortir en mai… En salle qui plus est. Pourquoi condamner à un échec quasi-certain un long-métrage qui possède de telles qualités ? Pourquoi ne pas l’avoir mis en avant pendant la période des fêtes ? Parce que soyons honnête : qui a vraiment envie de voir un film de Noël en mai ? Parfois tout est une question de timing et là, il est particulièrement mauvais. Dommage.

@ Gilles Rolland

Krampus  Crédits photos : Universal Pictures International France

Par Gilles Rolland le 5 mai 2016

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