[Critique] LA CABANE DANS LES BOIS
Titre original : The Cabin in the Woods
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Drew Goddard
Distribution : Kristen Connolly, Chris Hemsworth, Anna Hutchinson, Fran Kranz, Jesse Williams, Richard Jenkins, Bradley Whitford, Brian J. White, Amy Acker…
Genre : Épouvante/Horreur/Thriller
Date de sortie : 2 mai 2012
Le Pitch :
Cinq amis partent passer le week-end dans la cabane du cousin de l’un d’eux. Perdue au fin fond des bois, la bicoque est aussi sinistre qu’isolée. Pour autant, l’alcool aidant, la fête commence pour les cinq larrons qui sont loin de se douter de ce qui s’apprête à leur tomber sur le coin de la tronche…
La Critique :
Il faut toujours se méfier des films qui annoncent de but en blanc vouloir réinventer un genre, modifier les codes et surprendre les spectateurs. Tout comme il est bon de se méfier des accroches des affiches et des propos des acteurs, réalisateurs et autres producteurs pendant la promo. Bien souvent la déception est au bout du tunnel et on se rend compte que finalement les règles sont au mieux détournées ou au pire grossièrement maquillées. C’est un peu le cas de Scream qui se contentait d’empiler (de manière fort habile pour le premier) les clins d’œil et qui bluffait astucieusement le public sans pour autant proposer quelque chose de neuf.
Faut dire qu’aujourd’hui, c’est plutôt duraille de faire du neuf, voire impossible. La meilleure option est peut-être de foncer tête baissée dans les clichés et de faire preuve d’honnêteté envers le genre que l’on aborde. Ou peut-être de forcer un maximum le trait. Car plus c’est gros et plus ça marche ! Une maxime qui correspond tout à fait à La Cabane dans les bois. Car ici, on nous affirme bien que les codes vont voler en éclats et qu’on va en prendre plein la poire sans rien voir venir. Et ben pour une fois, c’est relativement vrai. La Cabane dans les bois est un grand tour de montagnes russes, jubilatoire, drôle et spectaculaire. Alors non, les codes ne sont pas forcément changés, mais il est délectable de ne pas savoir ce qui se cache au détour d’un film qui, tout en restant respectueux vis à vis du genre qu’il aborde, prend soin de son audience, tout en second degré.
La Cabane dans les bois est un film plein de surprises. Une véritable boite de Pandore qui ne lésine pas sur les effets de style et qui en cela s’avère extrêmement généreuse envers son public.
Il est conseillé de ne pas trop se renseigner sur le film avant de pousser la porte de votre cinéma. Juste histoire de préserver ces surprises qui contribuent grandement au plaisir que procure le long-métrage. Joss Whedon et Drew Goddard (scénariste sur Lost, Buffy, Alias et Cloverfield qui réalise ici son premier film) ont écrit un scénario à tiroirs plutôt malin mais surtout très culotté. Sans trop s’encombrer de la crédibilité et du réalisme, ils ont pioché dans la mythologie du genre horrifique, quelque part entre Evil Dead, Vendredi 13 (ah le coup du vieux cinglé qui avertit les potentielles victimes !), Cube et La Nuit des Morts Vivants, dans le cinéma d’anticipation des années 70 (un peu à la manière de Lost), dans les contes, dans la comédie et dans les comics. Les deux larrons se sont lâchés. Dans le fond, dans la forme, sans jamais se prendre au sérieux et sans cynisme.
Après, il est prévisible que beaucoup montent au créneau et dénoncent le côté foutraque du film de Goddard. Parce qu’autant être prévenu, ça part dans tous les sens. Comme rarement ! Whedon et Goddard sont deux gosses qui, avec l’argent du studio, s’amusent à dynamiter un postulat de départ conventionnel.
Le coup des jeunes qui vont passer du temps dans une baraque paumée au fond des bois, merci on connait. Le film commence de la même façon qu’Evil Dead. Ensuite c’est le slasher qui s’invite à la fête. Il y a la bimbo bonasse qui est plus chaude que le foyer d’une cheminée nordique et qui roule une pelle à un loup empaillé (?!), le beau gosse sportif qui sort jamais sans son ballon de foot, le mec défoncé en permanence mais plutôt avisé, la jeune pucelle qui veut y aller molo avec les garçons et l’intello qui a quand même des abdos. Ici aussi, la lubricité est condamnée, tout comme la consommation de substances illicites. C’est cousu de fil blanc mais correctement troussé. Alors que ces bons vieux lieux communs défilent sous nos yeux, on peut voir à intervalles réguliers des personnes qui s’affairent dans un labo. On ne comprend pas trop pourquoi (n’en dévoilons pas trop) et c’est très bien comme ça. Viens ensuite le moment où le véritable dessein du long-métrage se dévoile. Petit à petit, à pas de loups. À mi-parcours, Whedon et Goddard ouvrent les vannes et plongent le spectateur dans un grand maelström jouissif. Une star se pointe même au moment du dénouement. Sorte de cerise sur un gâteau bien garni de toutes sortes d’ingrédients.
Une telle manœuvre n’est bien sûr pas sans conséquences. Certains effets sont un peu éventés, des séquences sont vraiment bancales et tout n’est pas entièrement maitrisé. On ne peut pas être au four et au moulin. Certains y arrivent mais là n’est pas le but du film. Goddard torche son huis-clos avec une honnêteté et une bravoure qui forcent le respect. Il nous régale pendant une bonne heure et demi et conclut sur un superbe morceau de Nine Inch Nails. C’est beau, c’est grand, ça envoie du bois et franchement, ça fait plaisir à voir.
Mine de rien, Joss Whedon, qui était resté dans l’ombre ces dernières années est impliqué dans deux des films les plus jubilatoires du moment. Deux films (Avengers et la Cabane donc) qui sortent à une semaine d’intervalle et qui font souffler sur leur styles respectifs un vent de fraicheur bienvenue.
@ Gilles Rolland
Je l’ai vu hier soir, le final est carrément grandiose. Je me suis bien fendu la gueule tiens !!!!