[Critique] LA PIEL QUE HABITO

CRITIQUES | 21 janvier 2012 | Aucun commentaire

Titre original : La Piel que habito

Rating: ★★★☆☆
Origine : Espagne
Réalisateur : Pedro Almodovar
Distribution : Antonio Banderas, Elena Anaya, Marisa Paredes…Genre : Drame
Date de sortie : 17 aout 2011
Le Pitch :
Un chirurgien esthétique obsédé par ses recherches sur une peau synthétique résistante aux agressions, détient en captivité une jeune femme sur laquelle il expérimente ses trouvailles.

La Critique :
On comprend vite pourquoi Almodovar a souhaité adapter le roman de Thierry Jonquet, Mygale. Beaucoup des thèmes chéris du cinéaste se bousculant dans cette sombre histoire de vengeance orchestrée par un chirurgien plastique sur le présumé violeur de sa fille. Une base en or donc, pour un artiste en apparence soucieux d’offrir à sa carrière la plus grande cohérence possible. Une cohérence matinée d’un désir vivace de ne pas se répéter et de continuer ainsi à tisser une œuvre que la postérité se chargera peut-être d’entrevoir comme un tout unique et fluide.

Les relations mère-fils, l’androgénie et la sexualité ambiguë sont donc au centre de La Piel que Habito, brûlot à la fois dérangeant et fascinant. Un film qui orchestre les retrouvailles d’Almodovar avec un Antonio Banderas revenu des eaux hollywoodiennes, 22 ans après Attache-moi !. Concernant les deux hommes, il est d’ailleurs rassurant de constater que l’alchimie tourne toujours à plein régime. Almodovar tisse un récit de vengeance implacable et offre à Banderas un rôle froid et forcement à des kilomètres des personnages souvent fades auxquels le comédien s’était cantonné depuis une vingtaine d’années.

Ici, pas de concession à l’horizon, la main est sûre et l’histoire glaciale et crue. Almodovar prend son temps, quitte à gâcher quelques mètres de pellicules lors de scènes au mieux inutiles, au pire ridicules (la scène de la fête et sa partie fine dans les bois totalement hors propos).
Après, pas de doute, il faut accrocher ! Le film est tout sauf chaleureux. On parle de vengeance et de séquestration et le long-métrage de s’apparenter à une lente et inexorable descente aux enfers. Car dans La Piel que Habito, pas de place pour les héros et personne n’est irréprochable. Où est le bien ? Où est le mal ? Almodovar n’est pas manichéen et sa vision du monde est empreinte d’une ambiguïté brutale. Pour preuve, le personnage de Vera (Elena Anaya), garant d’une beauté en apparence immaculée, mais prisonnier d’un monde qui n’offre pas de sortie de secours. Une prison permanente car inhérente à la condition d’un personnage fabriqué de toute pièce par un Dr Frankenstein avide de vengeance.
Ambitieux, La Piel que habito l’est assurément. Une ambition qui peine parfois à masquer des maladresses et des longueurs mais qui confère à l’ensemble une aura relativement unique.

Autant vous dire qu’on est ici très loin de Spy Kids !

@ Gilles Rolland

 

 

 

Par Gilles Rolland le 21 janvier 2012

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