[Critique] LAZARUS EFFECT
Titre original : The Lazarus Effect
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : David Gelb
Distribution : Olivia Wilde, Mark Duplass, Donald Glover, Evan Peters, Sarah Bolger…
Genre : Horreur/Épouvante/Fantastique
Date de sortie : 11 mars 2015
Le Pitch :
Une équipe de chercheurs universitaires parvient à mettre au point un sérum capable de ramener les morts à la vie. Alors qu’ils expérimentent dans un premier temps leur trouvaille sur un chien, un accident va les pousser à tenter de ramener un être humain à la vie. Une terrifiante réaction en chaîne se alors en route…
La Critique :
Parfois, faire un film tient à peu de choses. Prenez David Gelb. Le mec a réalisé à documentaire sur un maître japonais du sushi et boum, le voici aux commandes d’un film d’horreur ! À Hollywood, tout est possible et comme en physique, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme (copyright : Antoine Lavoisier). Ainsi, Lazarus Effect ne cherche même pas à cacher son statut de cocktail d’influences à peine digérées et pas du tout maquillées. Les mecs ne sont pas allés chercher bien loin et ont mixé L’Expérience Interdite, Simetierre, Frankenstein et Lucy !
Car oui, Lazarus Effect tourne autour d’une équipe de chercheurs. Comme dans L’Expérience Interdite, ces chercheurs (ici ils ont leur diplôme et dans le film de Joel Schumacher, ils sont étudiants, mais c’est pareil) étudient la mort. Du coup, la majorité de l’action se déroule dans un laboratoire. Bien pratique pour ne pas exploser le budget. Ces chercheurs se prennent aussi pour Dieu, comme dans chez Schumacher, sauf qu’ici, ils ramènent les morts à la vie et ne cherchent pas eux-mêmes à mourir pour ensuite revenir et raconter ce qu’ils ont vu. Mais encore une fois, ça ne fait pas grande différence. Prenons ensuite Simetierre, de Mary Lambert. Dans cette adaptation de Stephen King, excellente soit dit en passant, un cimetière indien a le pouvoir de ressusciter les défunts. Comme dans Simetierre, les personnages de Lazarus Effect commencent pas ramener à la vie un animal. Un chien ici et un chat dans Simetierre. Ensuite, c’est l’homme qui y passe. Pas question d’équations savantes dans Simetierre, mais dans le fond, c’est la même chose.
Pour Frankenstein, la comparaison est encore plus flagrante. Un des personnages du film y va même de son « Il est vivant, il est vivant », histoire de bien nous faire comprendre que le réalisateur a conscience de ses références. Peut-être aussi un peu pour se dédouaner, mais le stratagème ne fonctionne pas vraiment car au fond, on sait très bien que Lazarus Effect tient surtout du gentil plagiat.
Enfin, et là c’est plus surprenant, le long-métrage lorgne méchamment du côté du Lucy de Luc Besson. Peut-être est-ce un hasard, mais lorsqu’un des types du film aborde la fameuse théorie des 10% du cerveau humain, ça fait tilt et tout s’emballe. Le personnage ressuscité pète un câble, décuple ses facultés mentales, fait bouger les objets à distance, et peut, plus globalement, faire des truc délirants et malfaisants. Et cela même si personne ne se transforme en clé USB… Qui a vu Lucy comprendra…
Le film de David Gelb bouffe un peu à tous les râteliers. En soi, ce n’est pas trop grave car le tout est très court (moins d’1h30) et s’avère plutôt divertissant. Faisant semblant de se la jouer philosophique en faisant mine d’aborder de grandes questions théologiques, Lazarus Effect n’est pas le truc le plus fin que l’on ait vu dans le genre, mais parfois, ça fonctionne, si on fait un tant soi peu l’effort d’accepter le manque de subtilité de la démarche, et surtout si on est intéressé par le sujet, il est vrai, plutôt fascinant à la base.
Les acteurs, tous bons, contribuent aussi à élever un peu le niveau. Mark Duplass, en ersatz du Docteur Frankenstein est comme toujours impeccable, et Olivia Wilde reste toujours très fréquentable, même si le film ne lui épargne pas grand chose quand l’action s’emballe, à un quart-d’heure de la fin. Evan Peters, Donald Glover et Sarah Bolger assurent quant à eux les arrières avec professionnalisme, et la machine tourne sans trop d’accros, tout en restant cantonnée au niveau de ces séries B inoffensives, dispensables et anecdotiques comme on en voit trop.
Et la peur dans tout ça ? Et bien disons qu’elle intervient à intervalles réguliers, via des jump scares en carton ou des effets de manche ultra-convenus. À la limite, une ou deux fois, ça peut marcher, mais pas plus. Lazarus Effect ne surprend jamais, mais au fond, il fait le job. Sans flamboyance et sans originalité. On appréciera par contre le fait qu’il laisse de côté les fantômes ou les possessions, même si il s’en rapproche dangereusement lors de son dernier tiers. Mis en scène proprement, Lazarus Effect ne va pas révolutionner quoi que ce soit, mais peut faire l’affaire un soir de semaine, si il n’y a rien de mieux à la télé, ou un samedi soir, pour une sortie entre potes après un McDo bien arrosé de ketchup et de cette sauce dégueulasse qu’ils mettent avec les potatoes…
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Metropolitan FilmExport