[Critique] LE CROQUE-MITAINE
Titre original : The Boogeyman
Rating: 
Origine : États-Unis
Réalisateur : Rob Savage
Distribution : Chris Messina, Vivien Lyra Blair, Sophie Thatcher, David Dastmalchian, Marin Ireland, Madison Hu…
Genre : Épouvante/Horreur/Adaptation
Durée : 1h39
Date de sortie : 31 mai 2023
Le Pitch :
En deuil suite à la mort de leur mère, Sadie et sa petite sœur Sawyer deviennent la cible du Croque-Mitaine, une créature cauchemardesque qui vit dans les recoins les plus sombres de leur maison…
La Critique de Le Croque-Mitaine :
L’œuvre de Stephen King est une source presque inépuisable pour les réalisateurs et autres scénaristes qui depuis les années 1970, portent à l’écran ses romans et ses nouvelles, parfois sans trop chercher à coller de près aux mots. Pour une adaptation fidèle, comme par exemple Carrie ou Misery (certes les films sont toujours différents par rapport aux écrits mais restent relativement fidèles), combien de Running Man, qui, s’il met en scène un personnage dont le nom est le même que celui du roman, orchestre un récit très différent ? Ce qui ne veut pas dire que les adaptations trop éloignées du matériau de base sont forcément mauvaises. Après tout, Running Man, encore lui, décidément un cas d’école, est une excellente série B d’action. Un super Schwarzenegger movie, même si l’acteur n’a jamais semblé lui accordé beaucoup d’importance (il y fait à peine mention dans son autobiographie).
Stephen King plus que jamais bankable
Concernant Stephen King, il semblerait donc que le plus important, pour beaucoup de producteurs, est de bénéficier de l’étiquette « adaptation de Stephen King ». Quitte à s’éloigner tellement de l’œuvre originale qu’au bout du compte, le film n’a plus grand chose à voir avec celle-ci. Et si je parle de ça, c’est que Le Croque-Mitaine vient se classer dans cette catégorie. Rob Savage, le réalisateur, et les scénaristes Scott Beck, Bryan Woods et Mark Heyman ayant pris le postulat de la nouvelle (parue dans Danse Macabre en 1978) pour raconter une autre histoire.
Le problème, même si le film est méritant sur bien des aspects, c’est que l’histoire en question est très classique, pour ne pas dire banale. Le long métrage en profitant donc pour recentrer le récit sur les enfants du psy, reléguant au second plan la première victime du monstre, au centre de la dynamique de la nouvelle de King. Autant dire que Le Croque-Mitaine ne réussit pas vraiment ce qu’a accompli Shining de Stanley Kubrick en son temps. Kubrick qui, quitte à se mettre Stephen King à dos, avait opéré de profonds changements pour néanmoins livrer un film extrêmement puissant et audacieux. Un long métrage différent du roman mais plus que méritant et original. Le Croque-Mitaine n’étant jamais original.
« C’est pas Versailles ici ! »
Un monstre tue des enfants dans le noir. Un père de famille qui vient de voir les siens décimés par la créature vient se confier à un psy et ramène sans le savoir/vouloir le croque-mitaine dans la maison. Sans tarder, celui-ci se met à l’œuvre. C’est lors d’une longue et très efficace phase d’exposition que le croque-mitaine se présente, sans jamais vraiment se montrer. Dans la grande tradition des films de monstres des années 70/80, celui de Rob Savage ne dévoile pas ses cartes tout de suite. On ne voit le croque-mitaine qu’à la fin, quand on comprend une bonne fois pour toutes, que le long métrage va cruellement zapper le génial twist de la nouvelle de Stephen King.
Dans cette baraque, où se situe la majorité de l’action, où il fait tout le temps noir. Ça tombe bien car l’obscurité, le monstre adore ça. Il semblerait même que celui-ci ait deux pouvoirs : se téléporter d’un endroit à un autre et couper le courant. Combien de fois a-t-on envie de se lever et de gueuler à l’adresse des personnages : « mais allume la lumière bordel ! ». Un petit raccourci qui mine de rien, plombe un peu l’efficacité de l’ensemble.
Dans le noir
Pour autant, Rob Savage sait ce qu’il fait et sa mise en scène s’avère heureusement souvent redoutable. Se refusant à faire usage des fameux et opportunistes jump scares et se concentrant sur l’essentiel, le metteur en scène fait du bon boulot et livre un film souvent flippant ou en tout cas stressant, envers et contre un récit ultra balisé. Le scénario, trop convenu, qui empêche au Croque-Mitaine de véritablement marquer les esprits.
En Bref…
Joliment mis en scène, interprété par de solides acteurs et souvent flippant, Le Croque-Mitaine, en prenant trop ses distances avec la nouvelle de Stephen King dont il s’inspire, reste malgré ses qualités une série B très conventionnelle sur le fond.
@ Gilles Rolland
