[Critique] LE FONDATEUR

CRITIQUES | 27 décembre 2016 | 1 commentaire
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Titre original : The Founder

Rating: ★★★★☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : John Lee Hancock
Distribution : Michael Keaton, Nick Offerman, John Carroll Lynch, Laura Dern, Linda Cardellini, Patrick Wilson, B.J. Novak, Griff Furst…
Genre : Drame/Biopic
Date de sortie : 28 décembre 2016

Le Pitch :
Toute sa vie Ray Kroc, un vendeur itinérant, a cherché la bonne affaire, sans jamais la trouver. Jusqu’au jour où il est tombé sur les frères McDonald. Deux hommes qui ont plus ou moins inventé la restauration rapide, avec leur établissement californien, et qui intéressent au plus haut point Ray. Ray qui leur propose alors de franchiser leur marque afin d’implanter des McDonald’s dans tous les États-Unis. Nous sommes en 1954 et la marque aux arches dorées s’apprête à conquérir le monde sous l’impulsion d’un entrepreneur prêt à tout pour ne plus essuyer d’autres échecs. Histoire vraie…

La Critique de Le Fondateur :

Aujourd’hui, et ce depuis un bon moment, McDonald’s est partout. Aux États-Unis comme en France, on peut en croiser régulièrement sur les routes, dans les grosses métropoles et dans les villes de taille plus modeste. En 2013, McDo servait 69 millions de personnes par jour pour environ 35 000 restaurants éparpillés un peu partout autour du globe. Connu pour avoir raconté la genèse de Mary Poppins et du même coup une partie de l’histoire de Walt Disney avec Dans L’Ombre de Mary, John Lee Hancock s’est donc intéressé pour son nouveau film aux fondations de cet empire. Pas dans une logique de glorification, bien au contraire, mais par le biais du parcours de Ray Kroc, soit celui qui est à l’origine de la conquête massive de la marque aux arches dorées….

Le-Fondateur

Venez comme vous êtes… ou presque

Il était une fois un type comme tant d’autres, qui galérait à vendre ses mélangeurs à milk-shake, un par un, à des restaurants, sur les routes de l’Amérique des années 50. Un homme qui tomba un jour sur la gargote des frangins McDonald, dont l’exploit fut d’écrire les grandes lignes du cahier des charges de la restauration rapide telle qu’on la connaît aujourd’hui. Le récit du Fondateur s’attache à retranscrire la vie de Ray Kroc et ainsi d’expliquer comment McDo est parvenu à imposer un rythme et une certaine forme d’idéal marketing.
Ray Kroc qui n’est pas dépeint comme quelqu’un de génial. Pas uniquement du moins. Le film est clair à ce sujet : il n’a rien inventé. La paternité de McDonald’s revient à deux frères, auquel Kroc s’est associé pour les aider à franchiser leur concept. En cela, le long-métrage s’avère passionnant. On pige rapidement que ce ne sera pas encore cette fois-ci que John Lee Hancock sortira d’un certain académisme formel, mais on est tout aussi vite captivé par ce qu’il a à nous apprendre sur McDo. Le début en particulier est vraiment intéressant. Que l’on soit fan ou pas de la marque au M d’ailleurs, car on le répète, ceci n’est pas une gigantesque publicité, mais bel et bien une success story qui, au fil des minutes, dévoile son caractère pervers. Et le film de narrer au final comment la marque dut se transformer pour devenir ce qu’elle est devenue. Du coup, si le passage durant lequel les frangins McDonald racontent comment leur est venue l’idée de leur restaurant révolutionnaire s’impose sans mal comme l’un des plus stimulants du métrage, la suite permet au Fondateur de dévoiler toute une palette de nuances, qui viennent joyeusement contrebalancer l’aspect très lisse de la mise en image.

Michael Keaton est dans la place

Keaton aussi d’ailleurs, apporte une certaine rugosité. En pleine forme, il livre une performance assez exceptionnelle, parvenant à faire évoluer son personnage sans en faire des tonnes, dans une ambiguïté amenée à prendre de plus en plus de place dans la dynamique de l’ensemble. Quasiment de tous les plans, le comédien trouve là une parfaite occasion de briller et s’avère tour à tour attendrissant, stratège, malin et impitoyable. À lui tout seul, Ray Kroc, son rôle, s’avère être au final une métaphore viciée d’une facette plus « sombre » du fameux rêve américain.
Autour de lui, on notera les impeccables frangins, incarnés par le génial Nick Offerman et par le non moins excellent John Carroll Lynch, des personnages cruciaux et solides, mais aussi Linda Cardellini, la transfuge d’Urgences et de Freaks & Geeks, Patrick Wilson, la deuxième moitié du duo de Conjuring et Laura Dern, la muse de David Lynch. Des comédiens de haut vol, au cœur d’une trajectoire de vie qui vient se greffer à celle d’un pays tout entier, pris sous la coupe d’une entreprise vorace, alors même qu’à l’origine, ses valeurs étaient bel et bien radicalement différentes.

Menu best-of avec supplément de frites

Classique, Le Fondateur l’est sans aucun doute. Il n’empêche qu’il fait aussi preuve d’une certaine bravoure dans son déroulement, quand il raconte sans ambages une histoire plutôt méconnue. Ainsi, il peut s’entrevoir comme une sorte de complément au documentaire de Morgan Spurlock, Super Size Me, mais aussi comme la radiographie de l’économie de tout un pays, dans lequel tout le monde a peut-être sa chance de se payer une place au soleil en montant pourquoi un empire à partir de rien, mais où les requins s’avèrent très nombreux et les coups bas trop fréquents. Plutôt immersif grâce à une reconstitution et à une photographie soignées, Le Fondateur ne révolutionne pas le genre auquel il s’attache mais ne souffre d’aucun temps mort et propose un spectacle soutenu, bien écrit et parfaitement incarné.

En Bref…
McDonald’s : les origines. Le Fondateur est certes plutôt académique dans la forme. Le fond en revanche cache une réflexion pertinente sur le rêve américain. En résulte un long-métrage passionnant, parfois drôle parfois plus dramatique, porté par un acteur en état de grâce. Un film qui devrait vous faire changer votre regard sur le géant de la restauration rapide, mais qui évite consciencieusement tout manichéisme trop encombrant. Joli coup !

@ Gilles Rolland

Le-Fondateur-Michael-Keaton  Crédits photos : EuropaCorp

Par Gilles Rolland le 27 décembre 2016

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manifleur
manifleur
7 années il y a

Super film, super critique !