[Critique] LE RÉSERVISTE

CRITIQUES | 6 mai 2013 | Aucun commentaire

Rating: ★★★½☆

Origine : France
Réalisateur : Mathieu Berthon
Distribution : David Doukhan, Hélène Darras, Edouard Audouin, Manu Lanzi, Rurik Sallé…
Genre : Action/Comédie
Date de sortie : 7 mai 2013 (DTV)

Le Pitch :
Enfin de retour au pays après 10 ans passés dans l’armée, le soldat Joseph Danton retrouve son oncle Gérard, aux côtés duquel il a grandi. Mais sa sérénité sera de courte durée… En effet, un promoteur véreux, bien décidé à racheter toute la région pour y construire un centre de loisirs, va réveiller le guerrier assoupi en Joseph…

La Critique :
Retour à la fin des années 80. En France et partout ailleurs, les vidéo-clubs sont légion. Ils poussent comme des champignons dans les centre-villes et nourrissent les appétits cinéphiles les plus exigeants. Le cinéma de genre, qu’il soit d’action ou d’horreur, a su se tailler la part du lion dans les étalages de ces établissements en forme de temples de la contre-culture filmique. Un genre regorgeant de longs-métrages extraordinaires, souvent mésestimés par l’élite qui tous les mois se rue sur Les Cahiers du Cinéma ou Télérama, qui sait pourtant se distinguer jusque dans les moindres détails… C’est le premier sentiment que suscite Le Réserviste. Un seul regard à cette jaquette old school pleine de promesses badass suffit à donner envie de glisser la galette dans son lecteur pour vérifier que les instigateurs d’un si étrange objet sont allés jusqu’au bout de leur délire.
Inutile de tourner autour du pot, la réponse est oui. Le Réserviste est une machine à remonter le temps. Bien sûr avant tout destiné aux personnes qui ont connu l’époque sacrée des vidéo-clubs et qui se sont gavés de films comme American Ninja (avec inénarrable Michael Dudikoff), Commando (avec Schwarzenegger) ou encore Bad Taste (premier film de Peter Jackson), le film n’exclue par pour autant les plus jeunes, qui ne pourront pas rester indifférents à ce méchant cocktail sévèrement burné.

Caractérisé par un refus pour le moins admirable de se ranger du côté du bon goût, Le Réserviste jouit en outre d’une qualité d’exécution spectaculaire. Car oui, ce n’est pas parce qu’on décide de réaliser un film totalement décomplexé, qu’on doit pour autant faire n’importe quoi. Sachant à qui il va probablement taper dans l’œil, le métrage multiplie les références. Son héros, ce soldat renfermé et baraqué, renvoie par exemple directement au Stallone de Rambo. Le Réserviste et Rambo premier du nom, débutent d’ailleurs de la même façon. De plus l’histoire est celle d’une vengeance, comme dans une grande partie des productions de la Cannon ou d’autres maisons tournées vers le divertissement hardcore et jubilatoire. Même la musique est au diapason, avec ses volutes super vintage, signées Thomas Barrandon, tout comme le thème initial composé par Guy-Roger Duvert. La chair de poule déclenchée par cette proposition atypique de cinéma ne tarde alors pas à apparaître. Tout y est : les punchlines qui claquent, la violence grand-guignol qui renvoie aux purs films gores de Peter Jackson donc, ou de Sam Raimi, l’ambiance délectables car riche en saveurs volontairement second degré… En gros, Le Réserviste propose un festival pour le moins irrésistible.

Sans se priver le moins du monde, le réalisateur Mathieu Berthon se fait un plaisir d’aller titiller les plus illustres nanards sur leur propre terrain. On pense au mémorable ersatz fauché de Rambo, le pétillant Ultime Combat, même si Le Réserviste parvient à ne jamais sombrer du côté totalement obscur du navet, pour la simple et bonne raison qu’il soigne toujours ses effets et qu’il ne perd jamais de vue son objectif et sa fonction initiale : proposer une grosse bouffée de nostalgie cinéphile via un spectacle méchamment efficace.

Il faut dire que Berthon a su s’entourer et se donner les moyens. Les effets-spéciaux, prétextes à des élans frontaux de violence rageuse, étant eux aussi référentiels, mais surtout pour le moins remarquables, vu le statut indépendant de l’entreprise. Le casting de son côté est au diapason des intentions du réalisateur. Dans le rôle titre, le massif David Doukhan, force vive de la nouvelle génération d’acteurs made in France, est impeccable, entre puissance physique et auto-dérision bienvenue. Les bad guys aussi sont parfaits, avec une mention particulière à Manu Lanzi, l’un des grands spécialistes des arts-martiaux de l’Hexagone (cascadeur et chorégraphe ayant bossé sur de nombreux films comme JCVD, La Horde, Vertiges…) et au salopard en chef, Edouard Andouin.

À la croisée des chemins d’influences très bien digérées et d’un amour sans borne pour le cinéma bis, Le Réserviste impose une somme de talents mise au service d’un pur moment décomplexé. L’action saigne, les répliques fusent et l’humour tache comme il se doit. Mathieu Berthon rue dans les brancards comme un sale gosse et se fait plaisir. Et forcement, nous, on suit ! Plutôt deux fois qu’une.

Proposé en DVD aux édition Oh My Gore !, Le Réserviste offre son lot de bonus, avec un making-of, des commentaires audio, une galerie photo, des bandes-annonces ou encore deux courts-métrages signés Mathieu Berthon : Feed to kill et Tourist-A. Deux courts-métrages sauvagement drôles, qui s’alignent sur Le Réserviste, histoire de boucler la boucle dans une cohérence rare.

@ Gilles Rolland

Le-RéservisteCrédits photos : Oh My Gore !

Par Gilles Rolland le 6 mai 2013

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