[Critique] LEATHERFACE

CRITIQUES | 5 janvier 2018 | Aucun commentaire
Leatherface-poster

Titre original : Leatherface

Rating: ★☆☆☆☆
Origine : États-Unis
Réalisateurs : Julien Maury, Alexandre Bustillo
Distribution : Stephen Dorff, Lili Taylor, Sam Strike, Vanessa Grasse, Finn Jones…
Genre : Horreur/Épouvante/Suite/Saga
Date de sortie : 2 janvier 2018 (DTV)

Le Pitch :
Soupçonné d’avoir massacré la fille du shérif, le plus jeune enfant de la famille Sawyer est envoyé en hôpital psychiatrique. Des années plus tard, il parvient à se faire la malle en prenant en otage une infirmière, en compagnie de trois autres pensionnaires. Commence alors une cavale sanglante…

La Critique de Leatherface :

Leatherface est le huitième film de la saga Massacre à la Tronçonneuse, initiée en 1974 par Tobe Hooper. Un épisode qui se propose, après un septième volet aussi inutile que tragiquement nul, de raconter les origines du tueur au masque de cuir, en prétendant raccrocher les wagons avec l’original et non avec le remake de Marcus Nispel et son préquel de 2006 (deux films plutôt réussis au demeurant). Un supposé retour aux sources un peu suspect, qui sentait déjà bien le moisi sur le papier. Malheureusement, à l’écran, pas de bonne surprise. Pas de surprise tout court d’ailleurs. C’est simplement mauvais. Tellement mauvais qu’on en viendrait presque à reconsidérer le troisième volet de la franchise, déjà pourtant bien naze, ou encore l’inénarrable Massacre à la Tronçonneuse : La Nouvelle Génération, avec Matthew McConaughey et Renée Zellweger… C’est dire le niveau de ce film d’horreur extrêmement vain, gênant en permanence, putassier et profondément con, qui se paye en plus le luxe de piétiner pendant 1h30 la mythologie à laquelle il prétend offrir des origines…

Leatherface-cast

Quand la tronçonneuse s’enraye…

Nombreux sont les réalisateurs français qui ont cédé à l’appel des studios américains. Beaucoup se sont vautrés et sont revenus au pays et peu ont vraiment réussi à s’imposer. Il faut dire qu’il n’est pas évidemment de justement débouler la fleur au fusil et de parvenir à concrétiser des idées face à la grosse machine hollywoodienne. À plus forte raison quand on cause d’une franchise comme Massacre à la Tronçonneuse, qui se démarque, à l’instar d’autres classiques du genre, par des codes dont il est difficile de se passer et dont il est tout aussi délicat de s’affranchir pour sonner avec un minimum d’audace ou d’originalité. Il fut donc presque prévisible de voir que Julien Maury et Alexandre Bustillo, cinéastes responsables d’À l’Intérieur et de Livide, se faire malmener par la machine pour livrer au final un film salopé par une production qui parfois, n’a même pas pris la peine de consulter les metteurs en scène, préférant orchestrer un savant sabotage qui ne pouvait pas déboucher sur quelque chose de bien. Mais au fond, le projet était voué à l’échec dès le début et il est peu probable que les deux réalisateurs, même si ils avaient bénéficié d’une liberté totale de mouvement, aient pu emballer un film qui aurait égalé la puissance évocatrice de son modèle.

Bon appétit bien sûr

Leatherface sent mauvais dès le départ. Dès ce pastiche aussi vulgaire qu’emballé n’importe comment de la scène du souper. Un passage obligé que les réalisateurs font semblant de s’approprier, sans originalité, en finissant dans un bain de sang, histoire de prouver que le film n’a rien compris à la moelle substantielle d’une saga qui n’a pas du tout commencé dans le gore, contrairement à ce que son titre peut suggérer. Dans le premier Massacre à la Tronçonneuse, il n’y a pas de sang. Hyper poisseux, dérangeant et effrayant, le long-métrage n’est pas un vulgaire trip sanguinolent mais une charge hyper virulente, un pamphlet aux accents politiques. Ce que tous ceux qui sont passés après Hooper n’ont pas compris, ramenant la figure de Leatherface à celle d’un psycho killer aussi crétin que bourrin, tout juste capable de découper ses victimes en poussant des grognements de bête. Et si Leatherface, le film, fait mine de vouloir conférer au personnage une humanité en nous narrant ses origines, il échoue sur toute la ligne, tombant dans des clichés qu’il n’est même pas capable d’exploiter correctement pour se montrer ne serait-ce que divertissant.
Parce que Leatherface, c’est quand même hyper ennuyeux. Quand il copie Massacre à la Tronçonneuse, en pompant des plans entiers, il souligne son caractère anecdotique et quand il veut s’éloigner de la saga, il ne ressemble à rien sinon à une sorte de mix ultra laid et inutile du Massacre à la Tronçonneuse de Marcus Nispel, de celui de Tobe Hooper et des autres, les plus mauvais, que tout le monde a oublié à part les cinéphiles les plus déviants. Il n’y à qu’à voir sa faculté à constamment hésiter entre l’horreur pure qu’il ne maîtrise pas du tout et le drame psychologique à la ramasse, qui ferait passer des dialogues des Marseillais à Miami pour du Platon, pour s’en convaincre.
Les films d’horreur les plus mauvais sont parfois divertissants. Parce qu’ils sont gore, rythmés ou suffisamment débiles pour s’avérer drôles. Leatherface n’a même pas ça. Lui il est juste affligeant.

En Bref…
Leatherface ne ressemble à rien si ce n’est à un vulgaire film d’horreur inutile et insignifiant, bourré de prétentions à la ramasse. Bête et méchant, mais pas dans le bon sens, il symbolise tout ce qui ne va pas dans le cinéma d’horreur aujourd’hui. Avec un cynisme puant, sans audace ni originalité, sans goût ni talent. Sa seule qualité est de donner envie de revoir pour une énième fois l’original. Le seul et unique.

@ Gilles Rolland

Leatherface-Stephen-Dorff  Crédits photos : Metropolitan FilmExport

Par Gilles Rolland le 5 janvier 2018

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