[Critique] LES FLINGUEUSES
Titre original : The Heat
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Paul Feig
Distribution : Melissa McCarthy, Sandra Bullock, Demian Bichir, Marlon Wayans, Thomas F. Wilson, Michael Rapaport, Jane Curtin, Spoken Reasons, Tony Hale, Ben Falcone…
Genre : Comédie/Policier/Action
Date de sortie : 21 août 2013
Le Pitch :
Alors qu’elle traque un gros baron de la drogue, une enquêtrice du FBI, rigoureuse et coincée, se voit contrainte de faire équipe avec une policière décomplexée et rentre-dedans. Complètement opposées, quant à leurs méthodes et à leur style de vie, les deux femmes vont rapidement se mettre à dos un véritable syndicat du crime, mais aussi apprendre à s’accepter mutuellement…
La Critique :
Le nouveau film de Paul Feig, le réalisateur légitimement couronné après le succès de l’excellent Mes Meilleures Amies, est un gros et vieux canapé ! Le genre de canapé qui sent un peu des pieds, qui n’est pas spécialement accordé avec la couleur du tapis ou des rideaux, mais dans lequel on se sent bien. On aurait bien envie de le remplacer, pour s’offrir un truc plus moderne et design, mais qui sait ? Si ça se trouve le nouveau sera dur comme une trique et nous laissera le dos en charpie ! Le vieux, lui au moins, il est fiable ! Comme ces Flingueuses, qui s’apparentent à des versions girl power des bons vieux héros des buddy movies hollywoodiens qui fleurissaient dans les années 80/90, comme L’Arme Fatale, Tango & Cash ou encore 48 Heures.
La chanson, on la connait et c’est un tube ! D’un côté, on a Sandra Bullock, coincée et scolaire et de l’autre Melissa McCarthy, la bordélique du tandem, super vulgaire et franchement violente. Elles ne peuvent pas s’encadrer, mais on sait, et ce dès la bande-annonce, qu’au final, elles vont devenir inséparables et que les méchants vont soit finir par bouffer les pissenlits par la racine, soit se faire de nouveaux amis en prison.
En cela, Les Flingueuses est un film profondément honnête. Jamais il ne promet autre chose que ce qu’il a à offrir et jamais il ne pète plus haut que son cul.
Comme avec Mes Meilleures Amies, qui se posait comme une brillante version féminine des films du genre de Very Bad Trip, Paul Feig transpose des clichés policiers burnés chez les nanas. Ici, c’est dommage, car la manœuvre fonctionne avec moins d’efficacité. Là où les gags de Mes Meilleures Amies tournaient à fond les ballons en partie parce qu’ils étaient justement transposés dans un univers « girly », ceux des Flingueuses ne s’en trouvent pas trop bouleversés. Idem pour l’action. Le bon point, c’est qu’ici, les femmes font armes égales avec les héros des légendaires buddy movies, et même si on apprécie le changement de sexe, le film peine à justement exploiter son tandem. Si on fait exception des vannes sur l’épilation, la coiffure ou la mode vestimentaire, bien entendu. Vannes drôles mais un peu faciles, alors que Mes Meilleures Amies arrivait à bouleverser avec jubilation un genre lui aussi beaucoup exploité. Bref, si on veut résumer : on finit assez rapidement par deviner où va l’intrigue, à savoir là où finissent 90% du temps les intrigues de ce genre de film, et pour être honnête, on s’en fout aussi un peu. Ce qui n’était pas du tout le cas de Hot Fuzz, une autre madeleine de Proust reprenant les mêmes codes du buddy movie, mais livrant au final, un pur spectacle à la fois superbement écrit et faisant vraiment souffler sur le genre un véritable vent de fraîcheur.
On s’en fout donc, car l’important dans Les Flingueuses n’est pas l’histoire. Ce qui est primordial se trouve dans le duo vedette que forment Sandra Bullock et Melissa McCarthy. Il faut reconnaître que les deux se sont trouvées. Ok, elles aussi sont dans leurs petits souliers et n’offrent pas à leur filmographie quelque chose de révolutionnaire. Melissa McCarthy tout spécialement, qui depuis l’avènement de Mes Meilleures Amies, n’a pas changé son fusil d’épaule et joue toujours le même personnage. Le truc, c’est qu’ici, elle est de nouveau dirigée par celui qui lui a offert la gloire sur un plateau d’argent et au fond ça fait toute la différence. On retrouve la Melissa McCarthy de Mes Meilleures Amies et on oublie vite l’actrice cabotine d’Arnaque à la Carte et de Very Bad Trip 3. Servie par des dialogues bien vulgaires, mais aussi redoutablement rythmés, la comédienne explose à nouveau et fait voler les à prioris. Elle redevient vraiment drôle et son numéro s’avère dévastateur du début à la fin.
Pour ce qui est de Sandra Bullock, c’est Miss Détective qui vient en premier à l’esprit. Mais rassurez-vous, Les Flingueuses vaut largement plus. Celle qui apprenait à Stallone à se servir des trois coquillages retrouve la gouaille de ses débuts. Elle est pétillante, glamour et drôle et tant pis si parfois certaines séquences manquent de naturel. En même temps, avec une partenaire comme Melissa McCarthy, on peut comprendre qu’il soit difficile de se démarquer. Remarquable car pleine de bonne volonté, Sandra Bullock est elle aussi servie par des dialogues souvent très bien vus et dans l’action, comme elle nous l’avait jadis prouvé avec Speed ou Demolition Man, elle assure.
Autour, on retrouve avec joie des têtes un peu oubliées, comme cette vieille carne de Thomas F. « Biff Tanen » Wilson, ou Marlon Wayans et Michael Rapaport, pour une fois assez sobres, ce qui est une bonne chose.
Précis, vif et reposant sur un humour à fragmentations certes parfois crade et bas de plafond mais indéniablement efficace, Les Flingueuses reste recommandable. Il est comme ce bon vieux canapé. On retrouve ses marques rapidement et on se laisse avoir. Simplement. Le temps de 2 heures qui passent comme une lettre à la poste.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : 20th Century Fox France