[Critique] LES GAMINS

CRITIQUES | 18 avril 2013 | Aucun commentaire

Rating: ★★½☆☆

Origine : France
Réalisateur : Anthony Marciano
Distribution : Alain Chabat, Max Boublil, Mélanie Bernier, Sandrine Kiberlain, Arié Elmaleh, Elisa Sednaoui, Kheiron, Alban Lenoir, François Dunoyer, Nicolas Briançon…
Genre : Comédie/Romance
Date de sortie : 17 avril 2013

Le Pitch :
Alors qu’il vient de se fiancer avec la belle Lola, Thomas, un jeune musicien, rencontre ses beaux-parents. Gilbert, le père de Lola, désabusé par la vie de couple après de nombreuses années de mariage, sympathise avec Thomas, qui commence alors à douter de ses engagements et de ses choix de vie. Ensemble, ils commencent à sortir et à multiplier les frasques…

La Critique :
Après avoir excité la toile, le comique chanteur Max Boublil déboule sur grand écran, avec un film qu’il a co-écrit avec son compère Anthony Marciano, également réalisateur. Précédé d’un trailer annonçant un trip régressif jubilatoire qui voyait un quinquagénaire et un trentenaire unir leur sens de la déconnade pour vivre à fond leurs crises existentielles respectives, Les Gamins s’impose au final comme une déception.

Les choses commencent pourtant sous les meilleures auspices. La plume de Boublil et de Marciano est acérée et multiplie les vannes, souvent drôles, d’autant qu’en l’occurrence, elles sont déclamées par un Alain Chabat en pleine forme. Parfait dans son rôle de père de famille démissionnaire en quête de liberté, Chabat revient à un niveau de comédie digne de son statut d’icône française comique et ça c’est une bonne nouvelle.
Le duo qu’il forme avec Max Boublil fonctionne à plein régime lors d’une première heure de bonne tenue, qui pose le décors et qui se concentre principalement sur le virage opéré par deux hommes résolument opposés à l’idée de se poser.

Avec ses références affichées, qui vont de Woody Allen à Judd Apatow, en passant par les Frères Farrelly, Les Gamins tente de tracer sa route, bien loin des chemins balisés par les pantalonnades beaufs que le cinéma français nous livre régulièrement (Turf, Les Seigneurs et cie). La volonté est bien là, et relativement visible au départ. Thomas et Gilbert, les deux protagonistes principaux dégagent une véritable authenticité et la complicité qui unit Chabat et Boublil de transparaître dans une relation sincère et vraie. C’est par la suite que les choses dérapent. Quand le film, après avoir brandi bien haut l’étendard de la révolte, se range sagement en reniant au passage les thématiques propres son concept.
Ce qu’il faut comprendre, c’est que Les Gamins se base sur deux types totalement opposés à la vie de famille telle qu’elle est représentée la plupart du temps, à savoir une existence tranquille, faite de soirées télé. La routine est décrite comme étant un mal envahissant et vicieux et tout porte à croire que plus jamais, les deux gamins ne feront marche arrière.
Et bien c’était mal connaître la tendance actuelle qui tend, tôt au tard, à modérer son discours pour au final avoir le cul entre deux chaises. Dans le cas présent, les rebelles sont bien sages, mais s’aperçoivent rapidement que non, la vie ne se résume pas à niquer tout ce qui bouge, boire du champagne hors de prix ou jouer de la batterie plein fer dans son salon, qui au passage brille par son bordel. Les gamins reviendront dans le droit chemin, on s’en aperçoit très vite. Et comme il ne faut pas non plus communiquer une morale trop policée, le long-métrage de Marciano tente de modérer en nous affirmant que oui, les choses sont mieux comme ça et que grâce à leur expérience, les héros vont enfin connaître le bonheur. D’une façon ou d’une autre. Avec ou sans la femme qu’ils aiment et sans forcement concrétiser leurs rêves, même si au fond, ce n’est pas plus mal si on pouvait avoir le beurre et l’argent du beurre.

Ce revirement est alors fatal pour Les Gamins qui passe brutalement du statut de comédie débridée et inspirée, à celui de conte comique anecdotique et pisse-froid. Le script de Boublil et de Marciano part bien, mais au final il apparaît bien trop timoré pour convaincre. Jusqu’à sévèrement gonfler…

Basé sur une mise en scène correcte, mais trop sage, au point de parfois faire ressembler certaines scènes à une pub pour le Crédit Mutuel ou un truc du genre, Les Gamins est d’ores et déjà annoncé comme la comédie française de l’année. Alors ouais, on vous mentirait si on vous disait qu’on ne rit jamais. Au début, on se fend même carrément la gueule. Après, un peu moins, mais quand même. Un jeu de mot et deux trois vannes sauvent les meubles. Comme les comédiens, globalement bons, à l’image de Mélanie Bernier, aussi jolie que pour le coup tout à fait dans la tonalité de l’ensemble.
Et puis il y a cette surprise, en fin de métrage, qui ravira les mélomanes. Mélomanes qui risquent par contre de grincer un poil les dents à l’écoute des morceaux composés par Boublil pour le film. Des titres à l’image des précédentes chansons du gus, à savoir très simplistes. Et autant, des trucs comme Tu vas prendre pouvaient fonctionner en format sketch ou à la radio, autant là, quand les dits morceaux sont utilisés par un personnage qui tente de percer sérieusement dans la musique, ça fait tache. Mais au fond, la chose est cohérente. Les Gamins est un film léger. Au moins, il ne pète pas plus haut que son cul. Sauf peut-être quand il se fend d’une critique voulue acerbe à l’encontre de l’industrie du disque. « Voulue acerbe » car on ne fait qu’enfoncer des portes ouvertes à grand renfort de clichés.

En trop se concentrant sur ses vannes, Les Gamins en oublie sa toile de fond, complètement torchée à la va vite. La cohérence, le film s’en balance, contrairement aux films d’Apatow, dont le duo responsable des Gamins prétend s’inspirer. Apatow qui prouve à chaque film que si les blagues comptent, le cadre a aussi une importance cruciale. Les détails sont soignés et un certain réalisme conservé, même quand on part dans un gros délire (40 ans : Mode d’emploi, son dernier film traite d’ailleurs un peu du même sujet que Les Gamins, mais le fait d’une manière beaucoup plus fine, sans pour autant renoncer aux gags qui tachent). Les Gamins ne tient jamais franchement debout, au point de ressembler à un truc hybride et mal fagoté de comédie romantique et de pure comédie.
L’année dernière sortait Radiostars, lui aussi propulsé par les mêmes intentions louables. Un Radiostars beaucoup plus maîtrisé et cohérent et -fin du fin- tout aussi drôle (voire davantage). Gageons que pour son prochain film, Boublil se lâche un peu plus et canalise son énergie…

@ Gilles Rolland

les-gamins-photoCrédits photos : Gaumont Distribution

Par Gilles Rolland le 18 avril 2013

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