[Critique] LES GAZELLES
Rating:
Origine : France
Réalisatrice : Mona Achache
Distribution : Camille Chamoux, Audrey Fleurot, Anne Brochet, Naidra Ayadi, Joséphine de Meaux, Olivia Côte, Franck Gastambide, Samuel Benchetrit, Camille Cottin, Josiane Balasko…
Genre : Comédie
Date de sortie : 26 mars 2014
Le Pitch :
Marie et Éric, qui sont en couple depuis le lycée, décident d’acheter leur premier appartement. Une décision qui provoque chez Marie une vague de doutes tous plus vertigineux les uns que les autres. Du jour au lendemain, elle décide de quitter son copain pour enfin goûter à la liberté qui lui manquait tant. Rapidement, Marie sort avec une des ses collègues, plus délurée, et son groupe d’amies. Une nouvelle vie s’ouvre alors pour la jeune femme fraîchement célibataire…
La Critique :
Elles sont encore jeunes, mais pas trop non plus, célibataires et « célibatantes » (merci Bridget), et comptent bien mordre la vie à pleines dents. Les gazelles du titre du nouveau film de Mona Achache se proposent ainsi d’aborder la quête de l’amour pour ces femmes sans hommes, heureuses d’en profiter. La quête de l’amour étant ici un peu maladroitement comparée à celle du travail, comme en témoigne notamment la profession de Marie, l’héroïne, qui bosse donc… au Pôle Emploi.
Cela dit, malgré un début un peu laborieux, Les Gazelles trouve rapidement son rythme de croisière et son identité, qui est quoi qu’il en soit très loin de ce que l’on a l’habitude de voir dans nos contrées, où la comédie est souvent assimilée à un exercice beauf.
C’est une semaine après l’excellent Situation Amoureuse : C’est Compliqué, que déboule Les Gazelles. Deux films pour deux comédies teintées de romantisme, qui vont clairement à l’encontre des codes plombants des autres pantalonnades hexagonales, genre Camping et consort.
À l’instar de Situation Amoureuse, Les Gazelles ne brille pas par son originalité, mais par le traitement qu’il inflige à un sujet universel, à savoir la quête de l’amour. Son héroïne n’étant néanmoins pas une jeune fille en fleur, mais plutôt une jeune femme qui déboule sur le marché du célibat après une histoire de 14 ans avec un camarade de lycée. Une nana qui entrevoit une nouvelle sorte d’existence, plus empreinte de liberté. Un peu comme le personnage incarné par Kristen Wiig dans le fantastique Mes Meilleures Amies. Ce qui reste une comparaison très flatteuse pour Les Gazelles, dont la tonalité douce-amère, avec un net penchant pour la comédie qui fait rire (c’est rare mine de rien), parvient néanmoins à lui conférer un statut propre.
Pour résumé, si la balance penche ainsi du côté de la comédie pure, le film sait aussi distiller sa morale lors de passages plus graves, sans pour autant tomber dans le drame lourdingue, comme c’est parfois le cas dans nombre de comédies françaises (et autres). Le dosage est bon et pour cela, on peut vivement remercier les actrices, dont le boulot tout à fait dans le ton, porte un récit voulu comme réaliste et donc non manichéen ou furieusement féministe. Un côté féministe que Les Gazelles envoi bouler à la première occasion, au détour d’une réplique sans équivoque : « Nous, on s’en fout d’être féministe, ce qu’on veut c’est avoir le cul ferme ! »
Les actrices qui composent ce groupe de gazelles sont donc aux petits oignons. Tout particulièrement Camille Chamoux, parfaite dans les pompes de celle qui ne sait plus trop où elle campe, qui ne sait pas ce qu’elle veut, tout en sachant ce qu’elle ne veut pas. Mélange d’excentricité mesurée, de fragilité et de glamour, la comédienne est pile poil comme il faut et donne au film sa cadence, tout en lui permettant de tenir bon sur la longueur. Les autres actrices ne déméritent pas non plus, y-compris Audrey Fleurot, pour le coup vraiment en bonne forme.
En évitant la majorité des pièges du film de filles typique, Les Gazelles offre un alternative bienvenue. Malheureusement, derrière la caméra, Mona Achache se sent comme obligée d’en faire des caisses. Avec ce montage, généreux en courts flash-backs par exemple, qui donne à son film de faux-airs de long épisode de Bref. La musique éléctro omniprésente et envahissante ne faisant que renforcer cette fâcheuse impression. Le long-métrage aurait certainement gagné à opter pour une mise en scène plus classique. Il aurait aussi gagné également à ne pas se faire le réceptacle de toutes ces têtes vaguement connues issues de l’école Canal Plus. Un type du Palmashow par-ci, une Conasse par-là, en passant par un éditorialiste hautain, Les Gazelles ressemble un peu trop à un film Canal Plus, et possède aussi ce petit côté élitiste propre à ces films de potes un poil hermétiques.
Heureusement que la majorité de l’action ne se focalise que sur les gazelles en question. Elles, elles sont parfaites et illustrent avec modernité et bon goût, les questionnements qui assaillent les adultes qui refusent un peu de l’être, sans non plus trop assumer tout ce que cela sous-entend.
Pas besoin d’être une femme pour apprécier Les Gazelles. On le répète, mais il s’agit bel et bien d’une œuvre fédératrice. Un film qui, l’air de rien, chamboule quelques codes et fait son petit bout de chemin.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Paramount Pictures France