[Critique] LIFE AFTER BETH
Titre original : Life After Beth
Rating:
Origines : États-Unis/Angleterre
Réalisateur : Jeff Baena
Distribution : Dane DeHaan, Aubrey Plaza, John C. Reilly, Molly Shannon, Anna Kendrick, Matthew Gray Gubler, Paul Weitz, Paul Reiser…
Genre : Comédie/Romance/Horreur
Date de sortie : 1er juillet (DTV)
Le Pitch :
Zach aime Beth à la folie. Lorsque cette dernière meurt, le jeune homme est dévasté. Un jour pourtant, il découvre que les parents de sa petite-amie lui cachent la vérité. Beth n’est pas morte. Ou plutôt : Beth n’est plus morte. Revenue à la vie, la belle brune peut reprendre sa romance avec son boyfriend là où elle s’était arrêtée. Le hic, c’est qu’il n’est pas si simple de sortir avec une morte-vivante. Aussi sexy soit-elle…
La Critique :
Des zombies, des zombies et encore des zombies ! Alors que la tendance du mort-vivant bat son plein, on remarque que deux écoles s’opposent. On trouve d’un côté ceux qui jouent la carte du premier degré et qui ne font qu’exploiter les codes mis en place à la fin des années 60 par George A. Romero et de l’autre côté, ceux qui prennent l’alternative, comme par exemple Shaun of the Dead. Un film dont l’accroche était d’ailleurs « une comédie romantique avec des zombies », soit ce qu’est parfaitement Life After Beth.
En bonne comédie romantique, le film tourne donc autour d’un couple. Celui formé par Aubrey Plaza et Dane DeHaan, dont la complicité explose dès les premières minutes, tout comme sa patine « alternative » lui permettant de ne pas prendre pied dans un seau de guimauve, comme tant d’autres films. Où alors est-ce dû à la promesse d’un dérapage gore qui ne tarde pas à pointer le bout de son nez, quand la demoiselle passe l’arme à gauche avant de revenir à l’état de zombie purulent. En cela, le casting du long-métrage est primordial. Grâce à lui, Life After Beth arrive à se trouver une légitimité propre. Que l’on parle de Dane DeHaan ou d’Aubrey Plaza, aucun des deux ne dégage à priori ce charme si typiquement américain, au centre des romances dites classiques du cinéma yankee. Le premier, plutôt habitué aux rôles torturés et sombres, saute à pieds joints dans la comédie tandis que la seconde fait ce qu’elle sait faire de mieux, à savoir ne s’imposer aucune limite et mettre en avant un côté loufoque en somme toute unique. Un couple attachant et atypique autour duquel gravite une galerie de personnages en adéquation, dont le tandem aux petits oignons formé par John C. Reilly et Molly Shannon, et la toujours très fréquentable Anna Kendrick, dont la faculté à faire le grand écart n’est désormais plus à prouver.
Pas de doute, Life After Beth a de la gueule ! Première livraison de Jeff Baena, jusqu’alors connu pour avoir participé au scénario de J’adore Huckabees, de David O. Russell, ce film à mi-chemin entre la love-story et le pur film d’horreur est aussi modeste qu’efficace. Il s’en tient à son concept de départ et veille à ne jamais tomber dans la surenchère. Dans les sentiments et dans l’horreur, qui intervient par petites touches avant de tirer définitivement la couverture pour s’imposer lors d’une dernière partie apocalyptique plutôt maîtrisée.
Afin de solidement assembler les divers éléments de son scénario, le réalisateur a opté pour une approche loufoque. En cela, on y revient, le choix des acteurs est particulièrement judicieux tant Dane DeHaan et Aubrey Plaza arrivent sans forcer à incarner le décalage au cœur du film. Aubrey Plaza en particulier, elle qui n’a jamais peur de franchir la ligne jaune, en envoyant par exemple valser le glamour qui pourrait caractériser son personnage alors qu’il est encore humain.
Peut-être un poil bancal dans sa progression, Life After Beth tient bon jusqu’au bout. Bien mieux en tout cas que d’autres œuvres du genre, où le cocktail des styles débouche parfois sur quelque chose d’assez fade. Ce qu’il faut comprendre par là, c’est que ce film n’a pas le cul entre deux chaises. Modeste et sincère, il prend soin de brosser ses personnages et de les rendre attachant, avant de faire exploser une dynamique bien connue du public pour déboucher sur un spectacle définitivement azimuté et complètement assumé. Jubilatoire en permanence, Life After Beth ne l’est pas. Par contre, il l’est suffisamment pour emporter la mise. Surtout si on prend en compte la réalisation discrète mais pertinente d’un cinéaste appliqué dont le principal désir est de tenir les promesses de son pitch. Mission accomplie !
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Universal Pictures