[Critique] LIFE – ORIGINE INCONNUE
Titre original : Life
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Daniel Espinosa
Distribution : Rebecca Ferguson, Jake Gyllenhaal, Ariyon Bakare, Ryan Reynolds, Hiroyuki Sanada, Olga Dihovichnaya…
Genre : Science-Fiction/Fantastique/Horreur
Date de sortie : 19 avril 2017
Le Pitch :
Les six membres de la Station Spatiale Internationale viennent tout juste de réceptionner une série d’échantillons en provenance de la planète Mars. En se livrant à plusieurs analyses, l’un des scientifiques parvient à réveiller une forme de vie primaire, répondant du même coup de manière irréfutable à l’une des plus grandes questions de l’humanité. Cependant, la situation échappe rapidement à tout contrôle quand l’organisme en question se met non seulement à grandir, mais aussi à montrer des signes d’hostilité envers son nouvel environnement…
La Critique de Life – Origine Inconnue :
Alien, premier du nom, n’en finit plus d’inspirer les cinéastes. 38 ans après sa sortie, et à plus forte raison depuis la réactivation de la saga par Ridley Scott, son créateur, ce classique de l’horreur spatiale donne toujours naissance à de multiples émules plus ou moins vaillants. Des œuvres comme Life – Origine Inconnue, de Daniel Espinosa qui, si elle se rapproche en effet beaucoup d’Alien, parvient néanmoins à faire son bout de chemin et se situe clairement en haut du panier. Tout en haut…
Dans l’espace, personne ne vous entend suffoquer
Nouvelle preuve assez probante qu’un concept scénaristique, aussi connu soit-il, peut encore surprendre et déboucher sur quelque chose de grand, quand il se retrouve entre les bonnes mains, Life gagne sur à peu près tous les tableaux. Nous voici ici en face d’un authentique survival de science-fiction, non seulement remarquablement mis en image, mais surtout incarné et flippant. Au départ, effectivement, une idée à la Alien : une forme de vie extraterrestre sème la terreur dans un vaisseau spatial. À l’arrivée néanmoins, plusieurs « détails » font la différence. Le vaisseau tout d’abord, n’est pas un truc hyper futuriste. Nous ne sommes d’ailleurs pas vraiment dans le futur. Ça aussi ça change. Le vaisseau donc, on y revient, n’en est d’ailleurs pas un vu qu’il s’agit de notre bonne vieille Station Spatiale Internationale. En orbite autour de la Terre, comme dans la vraie vie, elle devient le réceptacle d’une épouvante sourde et inexorable. Il y a aussi l’origine de cette forme de vie extraterrestre, à savoir Mars. Le socle du récit n’a rien de fantasque et s’appuie sur un fond de vérité. L’homme a déjà exploré -indirectement- Mars et il ne suffit pas de beaucoup extrapoler pour imaginer que des échantillons de terre pouvant contenir des organismes endormis auraient pu parvenir jusqu’aux femmes et aux hommes de la Station Spatiale. Des cellules qui, dans le long-métrage, se réactivent au contact d’un environnement propice…
Le contexte de Life est réaliste et si les mécanismes du survival font écho à ce qu’ont pu créer Alien et une poignée d’autres films fondateurs, les émotions, l’immersion et l’empathie qu’on éprouve envers les personnages s’en trouvent décuplées. Il y a une identification qui se fait immédiatement. Dès lors que le scénario donne du corps aux protagonistes, tous suffisamment travaillés et écrits pour incarner les enjeux d’une mission extrêmement tendue.
Le septième passager
Life va vite. On entre directement dans le vif du sujet. La période d’exposition est plutôt courte mais prend garde à bien nous poser le décors et les motivations des personnages. Le récit passionne tout aussi vite. Il n’y a pas de fioritures et on s’attache à cette sorte de micro-société composée de personnes ayant fait le choix, pour une raison ou pour une autre, de s’exiler dans l’espace. Une assemblée cosmopolite qui renvoie à un idéal qui n’a pas court, de manière globale en tout cas, sur la Terre qui ne cesse d’apparaître dans les hublots de leur « maison dans l’espace ». En une poignée de minutes, au fil de quelques lignes de dialogues, Life déroule une philosophie basique mais très intelligemment illustrée et traitée. Beaucoup plus en tout cas que dans la majorité des films de S.F. contemporains, et ce sans avoir la prétention d’aller tutoyer Kubrick ou un autre cador reconnu de la discipline. Pour autant, c’est bien un petit classique instantané dont nous gratifie Daniel Espinosa, qui signe au passage son meilleur film, sans forcer le trait ni appuyer inutilement ses effets.
Construit comme une inexorable montée en puissance, nourrie d’une belle mélancolie, Life s’apparente de plus en plus, alors que se profile son dénouement, à un authentique film d’horreur. Pas au sens paranoïaque comme par exemple The Thing, mais de manière beaucoup plus terre-à-terre. Pour ce qui est du « monstre » en tout cas, dont l’apparence renvoie d’ailleurs à quelque chose de tellement primaire et viscéral qu’il s’avère très effrayant. Ce qui fait au final que le film parvient à se montrer terriblement immersif. Voir cette bestiole visiblement capable de se glisser dans le moindre interstice semer la mort et le chaos sur son passage donnerait presque envie de regarder sous son siège. Et c’est quand un long-métrage parvient à procurer ce genre de sensations aussi délicieuses qu’incensées, qu’on sait qu’il a atteint son objectif.
Mars attacks
La peur naît ici de plein de détails mais aussi et surtout de la propension de Daniel Espinosa à faire preuve d’une totale maîtrise de l’espace. Car Life est bien entendu un huis-clos parfaitement claustrophobique. Un film qui jouit d’un montage impeccable et d’une photographie au diapason et qui s’apparente au final à une tentative aussi modeste que généreuse, de renouveler un genre un poil sclérosé par des films bons marchés torchés à la va-vite ou de gros blockbusters désincarnés. L’amour du genre transpire en permanence de ce récit auquel les acteurs apportent toutes leurs compétences. Que ce soit la superbe et intense Rebecca Ferguson, le toujours excellent Jake Gyllenhaal, le touchant Hiroyuki Sanada, l’impeccable Ariyon Bakare ou encore Ryan Reynolds, décidément en plein phase ascendante. Couplées à un soucis du détail, relevant par exemple des conditions de vie dans l’espace et à un soin tout particulier apporté à l’écriture, leurs performances font mouche, contribuant à imposer Life comme une évidence dans son genre.
En Bref…
Survival horrique de science-fiction, Life n’a bien sûr par la portée évocatrice d’un Alien ou encore la sauvagerie de Sunshine (bien que le film soit, sur bien des points, cruel), mais sa façon d’aborder son sujet, son casting de grande classe et sa volonté de rester le plus réaliste possible, en font néanmoins un divertissement intense qui ne déçoit jamais, bien au contraire. Et puis il y a ce dénouement qui finit de convaincre avec une radicalité somme toute rare ces derniers temps sur grand écran…
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Sony Pictures Releasing France
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