[CRITIQUE] LONGLEGS

CRITIQUES | 16 juillet 2024 | Aucun commentaire
Longlegs

Titre original : Longlegs

Rating: ★★★★½

Origine : États-Unis

Réalisateur : Oz Perkins

Distribution : Maika Monroe, Nicolas Cage, Alicia Witt, Blair Underwood, Michelle Choi-Lee…

Genre : Horreur/Épouvante/Thriller

Durée : 1h41

Date de sortie : 10 juillet 2024

Le Pitch :

Un tueur commet des crimes atroces aux alentours d’une petite ville. Sortant régulièrement de sa tanière depuis le milieu des années 1960, il s’avère aussi mystérieux qu’insaisissable. En 1995, Lee Harker, une nouvelle recrue du FBI, est assignée à l’affaire en raison de sa grande clairvoyance. Totalement absorbée par son travail, elle ne tarde pas à attirer l’attention du meurtrier qui peu à peu se rapproche…

La Critique de Longlegs :

Fils d’Anthony Perkins, le célèbre Norman Bates du film Psychose d’Alfred Hitchock, Oz Perkins a su se faire remarquer grâce à ses talents de réalisateur, via des longs métrages très prometteurs comme I Am the Pretty Thing That Lives in the House et Gretel et Hansel. Perkins qui revient aujourd’hui avec Longlegs ou la chronique criminelle façon Le Silence des Agneaux d’une affaire particulièrement sordide mettant en scène un tueur aussi retors que malsain. Mais sinon, Longlegs, qu’est-ce que ça vaut ?

Elevated horror

Longlegs s’inscrit dans le mouvement relativement récent de l’elevated horror. Popularisé par Jordan Peel et des films comme Get Out et Us mais vraiment incarné par des cinéastes comme Ari Aster qui, avec Hérédité et Midsommar, a posé toutes les bases, le genre est aujourd’hui particulièrement prisé. Une catégorie horrifique qui se place à l’exact opposé des séries B opportunistes et plus commerciales pour proposer un spectacle généralement plus dérangeant, jusqu’au-boutiste et graphiquement très marqué.

Longlegs
Longlegs. Crédits photos : Metropolitan Filmexport

Autant le dire tout de suite, le seul véritable défaut de Longlegs est justement d’embrasser tous les codes de l’elevated horror. De cette introduction très inquiétante filmée en 4/3 à ces plans un tantinet maniérés, en passant par le montage et même la photographie et les choix musicaux, le film d’Oz Perkins évoque grandement Hérédité (pour citer l’un des films les plus connus du genre) et ne cherche jamais vraiment à esquiver ce qu’il convient aujourd’hui de considérer comme des clichés.

Heureusement, si on fait abstraction de ce côté finalement assez scolaire, Longlegs sait aussi se démarquer de bien des manières, sans jamais chercher à ménager son public.

Chasse à l’homme

Sur le même modèle narratif que Le Silence des Agneaux, avec Maika Monroe en lieu et place de Jodie Foster en nouvelle recrue du FBI et Nicolas Cage en cinglé sanguinaire, qui ici, remplace donc un peu le Buffalo Bill de Ted Levine, Longlegs adopte de prime abord une structure convenue. Rapidement néanmoins, il fait aussi montre d’une volonté de ruer dans les brancards en enchaînant les scènes inconfortables et parfois véritablement terrifiantes, histoire de tracer sa propre route.

Plongé dans un décor froid, riche en contrastes très marqués, le récit illustre le génie d’Oz Perkins (aussi scénariste) pour peu à peu nous entraîner dans des abysses de plus en plus oppressantes. Quelques semaines après le hardcore When Evil Lurks, Longlegs repousse lui aussi les limites pour proposer un spectacle brutal et malsain, décidément bien loin de ce que les multiplexes nous imposent habituellement au rayon horreur. À lui seul, le personnage de Longlegs prend d’ailleurs la forme d’une troublante note d’intention. Et c’est là qu’il faut louer encore une fois le talent de Nicolas Cage.

Cage show

Méconnaissable, en roue libre pour le bien d’un scénario qu’il sublime à chacune de ses apparitions, Nicolas Cage constitue, avec Maika Monroe, la meilleure raison de se laisser embarquer dans ce trip d’une noirceur étonnante. Voir un acteur de son calibre, qui a tout fait durant sa carrière, de la belle comédie romantique, au pur film d’action en passant par le blockbuster familial ou la science-fiction racée, embrasser avec autant de conviction un rôle aussi sombre et tordu, force le respect. En face, loin de se laisser écraser, Maika Monroe, qui depuis It Follows, l’un des premier films d’elevated horror d’ailleurs, prouve une nouvelle fois qu’elle est bel et bien l’une des meilleures et des plus magnétiques actrices du moment. Un duo au cœur d’un film dingue, imprévisible et très perturbant, qui ne fait jamais les choses à moitié.

Horror clivante

Forcément, de par la nature de son histoire, qui, si elle ressemble de prime abord à celle de n’importe quel thriller de serial killer, et son traitement atypique, Longlegs s’avère également très clivant. Il y a fort à parier que les allergiques à l’elevated horror le condamnent tandis que les autres, nombreux si en on juge le score au box-office du film, apprécieront la proposition de Perkins. Un film dans tous les cas très personnel, qui aborde des thématiques de manière très dérangeante, sans jamais retenir ses coups.

En Bref…

Porté par un Nicolas Cage totalement dingue et perturbant et par une Maika Monroe plus magnétique que jamais, sombre, brutal et original dans sa façon de raconter son histoire, Longlegs pêche juste quand il embrasse sans trop forcer tous les codes de l’elevated horror. Un défaut qui n’en sera pas un pour les adorateurs du genre mais qui bloquera probablement ceux qui en revanche, ne goûtent guère à cette nouvelle tendance. Dans tous les cas, la proposition de cinéma a pour elle son côté extrême ainsi que son refus de se montrer timorée.

@ Gilles Rolland

Longlegs
Nicolas Cage dans Longlegs. Crédits photos : Metropolitan Filmexport
Par Gilles Rolland le 16 juillet 2024

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