[Critique] MANDY

CRITIQUES | 6 février 2019 | Aucun commentaire
Mandy-poster
Rating: ★★★☆☆

Titre original : Mandy

Origine : États-Unis/Belgique

Réalisateur : Panos Cosmatos

Distribution : Nicolas Cage, Andrea Riseborough, Linus Roache, Olwen Fouéré, Ned Dennehy, Richard Brake, Bill Duke…

Genre : Thriller/Horreur

Date de sortie : 6 février 2019 (DTV)

Le Pitch :

Red et Mandy vivent une existence paisible dans une maison isolée dans les bois. Un jour, les membres d’une secte enlèvent Mandy avant de la tuer sous les yeux de son mari. Laissé pour mort, ce dernier finit néanmoins par se réveiller. Sa vengeance sera sans pitié…

La Critique de Mandy :

Mandy a commencé sa carrière en mai 2018 au Festival de Cannes, où il a tout autant enthousiasmé certains spectateurs que révulsé d’autres. Il faut dire que Mandy n’a rien d’un film tiède. Ce n’est pas vraiment un trip de vengeance comme les autres. Formellement en tout cas. C’est qui fait sa force et c’est aussi sa plus grande faiblesse. Voilà qui mérite quelques explications non ?

Vengeance sectaire

Nicolas Cage et Andrea Riseborough vivent dans la forêt d’amour et d’eau fraîche. Enfin à peu près. Quand une secte vient se mettre en eux deux, les choses dérapent salement. Voilà pour le postulat de départ de Mandy, de Panos Cosmatos. Un réalisateur pas vraiment connu, qui est en fait le fils de George Pan Cosmatos. Un cinéaste remarqué sous nos latitudes pour avoir orchestré le sauvage Rambo 2 : la Mission dans les années 80. Le paternel qui avait d’ailleurs noté que parfois, la simplicité a du bon. Leçon que n’a pas du tout retenu le fiston, lui qui va complètement à l’opposé à l’occasion de son trip vengeur et forestier, en orchestrant la lutte sanguinaire d’un homme seul contre une armée de gros débiles trop influencés par Mad Max. Le truc, c’est qu’on pige parfaitement que Panos Cosmatos a voulu aller au delà du simple film de vengeance en optant pour un habillage très psychédélique, mélangeant par exemple les techniques et multipliant les effets. On comprend, mais ce n’est pas pour autant que le résultat force l’admiration. Ainsi, regarder Mandy équivaut bien souvent, tout particulièrement durant la première heure, à se rendre à une fête où tout le monde a gobé du LSD. On pige rien, au début c’est rigolo mais ça devient vite chiant et on a envie de rentrer à la maison.

Cage show

L’obstination de Panos Cosmatos a vouloir mixer les couleurs, les influences et toutes sortes de trucs un peu dépareillés débouche sur un spectacle faussement racé et beaucoup plus superficiel que prévu. Encore une fois, c’est durant la première heure que cela est le plus marqué et le plus dérangeant. Parce que ça cause beaucoup pour ne pas dire grande chose et qu’on en vient vite à se demander quand Cage va enfin prendre les armes pour aller dire sa façon de penser à tous ces gros tarés fringués comme des maîtres de cérémonies dans une fête sado-maso. Heureusement, ce moment finit par arriver et là, Mandy devient un peu intéressant, brisant une certaine monotonie sans pour autant mettre de côté tous les artifices qui jusqu’alors lui ont surtout mis du plomb dans l’aile. Mais bon… Voir Cage se gaver de vodka assis sur le trône, en slip et chaussettes, avant d’aller se fabriquer une hache de l’enfer pour trancher menu dans la barbaque des méchants qui ont tué sa femme, a quelque chose d’évidemment réjouissant. Revoir Bill Duke (Predator, Commando), même si c’est furtif, fait également plaisir. Une manière pour le réalisateur d’ancrer un peu plus son récit dans une dynamique très années 80…

Mandy

Du sang et des larmes (mais surtout du sang)

Quand Cage prend les armes et rentre dans le lard de ses agresseurs, la rythmique de Mandy monte dans les tours. On peut le voir se fritter avec un type durant un duel de tronçonneuses tout à fait sauvage, se bastonner avec une sorte de brute épaisse en combinaison intégrale devant un feu de bagnole ou encore faire usage de sa grande hache de différentes manières. Taillé sur mesure pour Nicolas Cage, ce rôle de mari vengeur lui permet de lâcher les chiens et d’exprimer sa folie si savoureuse. Sans lui, bien sûr, tout ceci n’aurait eu qu’un intérêt très limité. Mandy ne se serait résumé qu’à une accumulation d’effets au mieux visuellement sympas au pire complètement ratés (les petits passages animés ne servent strictement à rien). Une simple histoire de vengeance un peu cheap, bavarde, prétentieuse et vaguement malsaine. Avec Cage, heureusement, Mandy gagne en caractère et en folie. Contrairement au réalisateur, Cage lui, ne calcule rien. Il exulte, il hurle et se bât avec l’énergie du désespoir. L’avantage est qu’ici, le metteur en scène est tout acquis à sa cause. C’est d’ailleurs l’une des choses que Panos Cosmatos fait le mieux : faire confiance à Cage. Ne pas le retenir. Ne pas le brider. Du moins dans la deuxième partie, quand, le visage barbouillé de sang, Cage évolue dans la forêt, avec ce regard fou et cette franche détermination à en finir une bonne fois pour toute. Nicolas Cage s’en donne à cœur joie, s’autorisant même quelques répliques parfaites pour casser un peu la lourdeur inhérente au métrage (comme quand il lance « c’était mon t-shirt préféré » au bad guy qui vient de lui lacérer la poitrine). Il sauve le film de sa torpeur et le remet carrément sur les rails quand le réalisateur oublie un peu son objectif et se perd dans les limbes d’un délire excluant et de toute façon trop mal fagoté pour convaincre.

En Bref…

Mandy vaut surtout pour sa seconde partie, quand Nicolas Cage entame sa quête vengeresse, hache à la main. L’acteur qui sauve d’ailleurs les meubles et contribue très largement à donner du sel à ce film trop long, trop bavard, visuellement intéressant mais bien trop brouillon et surtout parfois tellement opaque qu’il est difficile de ne pas s’ennuyer, espérant que le réalisateur arrête de tourner autour du pot pour enfin entrer dans le vif du sujet. Ce qu’il finit par faire… Un peu tard mais quand même…

@ Gilles Rolland

Mandy-Nicolas-Cage
Critique : Koch Films
Par Gilles Rolland le 6 février 2019

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