[Critique] MISS PEREGRINE ET LES ENFANTS PARTICULIERS

CRITIQUES | 6 octobre 2016 | Aucun commentaire
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Titre original : Miss Peregrine’s Home For Peculiar Children

Rating: ★★★★½
Origine : États-Unis/Royaume-Uni/Belgique
Réalisateur : Tim Burton
Distribution : Asa Butterfield, Eva Green, Ella Purnell, Samuel L. Jackson, Rupert Everett, Allison Janney, Judi Dench, Terence Stamp, Chris O’Dowd, Kim Dickens…
Genre : Fantastique/Adaptation
Date de sortie : 05 octobre 2016

Le Pitch :
Après la mort étrange de son grand-père, Jacob part avec son père au Pays de Galles. Là-bas, il découvre un manoir magique : la maison de Miss Peregrine pour Enfants Particuliers. Dans ce lieu qui semble échapper au temps, Jacob fait la connaissance d’enfants aux étranges pouvoirs. Très vite, il comprend que le décès brutal de son aïeul a un lien avec ce monde qu’il découvre. Il comprend alors qu’il est celui qui peut protéger ses nouveaux amis contre leurs cruels ennemis…

La Critique :
Depuis la trahison que fut La Planète des Singes, peu de longs-métrages de Burton ont trouvé grâce aux yeux de la critique et d’une bonne partie des fans. À plusieurs reprises même, on a même assisté à des égarements qui ont donné des films plutôt moyens, et avec le reniement qu’est Big Eyes, on pensait avoir totalement perdu ce réalisateur un peu fou qui avait jadis imposé sa patte unique et son univers particulier. Cela dit, le fan hardcore du grand Tim (dont fait partie l’auteur de ces lignes), même dans certains films décriés, arrivait à trouver des fulgurances, comme dans le cas, par exemple d’Alice au Pays des Merveilles. Mais là, nul besoin de chercher des points positifs pour contrebalancer l’impression que c’est très moyen. Avec Miss Peregrine et les Enfants Particuliers, c’est un sentiment qu’on ne connaissait plus qu’on retrouve enfin. Un peu comme quand un ami qu’on avait perdu de vue revient toquer à notre porte. Les mots comme « retour » sont devenus hyper galvaudés, mais ici, c’est bel et bien cette impression qui prédomine.

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En adaptant (tout en prenant des libertés) le livre de Ransom Riggs, Tim Burton revient à un univers auquel il nous a habitué. Le film nous plonge dans un manoir dans lequel vivent des enfants dotés d’étranges particularités, notamment une fille plus légère que l’air, un gamin invisible (hommage à L’Homme Invisible), une fille qui déclenche le feu avec ses mains ou une autre dotée de force surhumaine. Tout ce monde étant chaperonné par une dame, Miss Peregrine, qui a le don de se changer en oiseau (entre autres pouvoirs). Un postulat qui fait écho aux X-Men, même si dans le cas présent, il ne s’agit pas des super pouvoirs. Miss Peregrine a trouvé le moyen de dompter le temps et de faire revivre la même journée éternellement à ses pensionnaires (comme dans Un Jour Sans Fin, sauf qu’ici, tout le monde s’en rend compte).
Un postulat qui permet à Burton de revenir à des thèmes chers, comme la transmission orale par les aînés d’aventures extraordinaires (au cœur de Big Fish), les êtres particuliers (Burton s’étant senti à part pendant toute sa jeunesse, il en a fait le ciment de son œuvre), l’enfance, le fil ténu entre féerie et cauchemar…. Et de glisser par touches des éléments qui ont fait sa patte comme les clins d’œil multiples (L’Homme Invisible, une scène avec des squelettes vivants hommage à Jason et les Argonautes..) ou encore l’utilisation de la stop motion (sur une scène particulière). Il renoue également avec un côté plus artisanal dans les effets visuels. Dans Alice, et encore plus dans Dark Shadows, on avait la sensation de SFX qui dégueulaient, ce qui donnait un rendu franchement pas terrible (les scènes de transformation dans ce dernier étaient assez mauvaises). Ce qui n’est absolument pas le cas dans Miss Peregrine. Oui, il y a pas mal d’effets numériques dans ce nouveau film, mais ils sont mieux gérés, mieux faits, et semblent plus discrets, et le mélange entre numérique et animation à l’ancienne est du plus bel effet. Mieux, la 3D prend tout son sens, ce qui est rare. On n’en prend pas plein la figure tout du long, c’est très mesuré, ce qui rend le résultat plus impressionnant. Certaines séquences sont magnifiées, comme par exemple une scène avec des bombardiers. Des séquences sublimées par la très belle photo de Bruno Delbonnel qui a travaillé avec Jeunet (non, ne vous inquiétez pas, ça ne vomit pas du sépia pour autant) et les frères Coen (il avait donné toute la sobriété inhérente au sujet de Inside Llewyn Davis). La musique est aussi au diapason avec le très bon score de Michael Higham et Matthew Margeson.

Comme dans pas mal d’œuvres du maître, le casting est tout bonnement impressionnant. Eva Green a beaucoup de présence lorsqu’elle entre en scène. Au fur et à mesure de sa carrière, elle a gagné en stature (notamment avec la série Penny Dreadful) et celle qui fut l’un des rares atouts de Dark Shadows s’impose comme une nouvelle héroïne burtonienne récurrente. Samuel L. Jackson, décidément très en forme ces derniers temps, cabotine ce qu’il faut, mais s’impose très bien en grand méchant. On retrouve avec joie Asa Butterfield, le héros touchant d’Hugo Cabret, toujours aussi bluffant. À ses côtés, la jolie Ella Purnell (Kick-Ass 2, Maléfique) explose à l’écran (retenez bien son nom, car elle sera sûrement une des actrices à suivre dans les années à venir). Terrence Stamp fait une courte apparition mais se montre encore une fois à la hauteur de sa légende. Enfin, les gamins sont tous aussi bons les uns que les autres, et participent très bien à la beauté du film.
En Bref…
L’heure est à la rédemption. On retrouve le grand Burton, ce magicien, ce génie qui nous a offert de grands moments de cinéma. Impeccable et généreux dans la forme, intelligent dans le fond, Miss Peregrine lui permet de renouer avec sa verve d’antan. Il n’atteint certes pas le niveau de ses plus grandes œuvres (la barre est placée très haut), mais impose tout de même un spectacle magique qui ne démérite jamais. On ressort de la salle avec le sourire et des étoiles dans les yeux, ce qui n’était plus arrivé depuis un moment. Welcome back, Mister !

@ Nicolas Cambon

miss-peregrine-cast  Crédits photos : 20th Century Fox France

Par Nicolas Cambon le 6 octobre 2016

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